Si l’Amiens SC est parvenu à arracher un point sur la pelouse de Dijon, cette rencontre sous tension a été marquée par un comportement raciste. A même été interrompue durant quelques minutes.
On en oublierait presque que l’Amiens SC a réalisé une probante opération comptable vendredi soir sur la pelouse de Dijon (0-0) Car « sans être flamboyants » selon leurs propres propos, les Amiénois sont parvenus à prolonger leur invincibilité. Sept matchs que les partenaires de Régis Gürtner ne mordent plus la poussière, une constance qui leur permettent d’ailleurs de disposer d’autant de longueurs d’avance sur son hôte, actuellement en fâcheuse posture.
Mais l’histoire retiendra essentiellement de cette rencontre entre mal-classés, les incidents qui l’ont émaillées. En l’occurrence des propos racistes proférés à l’encontre de Prince Gouano, à l’entame du dernier quart d’heure. « Alors que j’encourageais mes coéquipiers à se replacer afin d’appréhender au mieux une situation délicate sur corner, j’ai perçu des cris de singes. J’ai scruté la tribune afin de localiser l’individu. Je l’ai aperçu et d’un regard je lui ai demandé si cela m’était destiné. Sans état d’âme, il veillait alors à recommencer. Ce qui m’a profondément choqué. Je n’avais plus le cœur à jouer. Je souhaitais aussi marquer le coup face à ce comportement inqualifiable, inacceptable » exprimait le capitaine de l’ASC. Toujours aussi affecté malgré une longue période passée dans les vestiaires.
« Pour le pardon et l’amour »
« Comme on me le répète souvent, j’ai évolué sous différents maillots, dans de multiples pays, mais c’est la première fois que je suis confronté à ce genre de situation. Je n’imaginais pas que cela puisse se produire en France ! » lançait alors celui qui « un court instant » avait envisagé quitter la pelouse. « Ils m’ont spontanément affiché leur solidarité » mentionnait-il, la gorge nouée certes mais soucieux d’en parler.
« Ce faiseur de troubles a été interpellé et au moment où je m’exprime, il est en garde à vue. La morale de cette histoire, c’est un peu lui qui se retrouve en cage ! » confiait Prince Gouano. Rattrapé par sa foi en la nature de l’homme : « Je crois en Dieu. Il m’a donné la force de reprendre ma place au sein de l’équipe. Concernant cet individu, je n’ai plus eu l’opportunité de croiser son regard. J’ose espérer qu’il comprendra l’importance de son acte, qu’il s’en repentira. Il est cependant de mon « devoir » de passer un message. La discrimination est intolérable. » avouait-il. Avant qu’il ne réaffirme sa détermination à prêcher « l’amour de l’autre » et à pardonner.
Face à cette situation, les acteurs de ce duel commentaient chacun à leur manière les faits. Mais affichaient aussi leur unité, Christophe Pelissier puis son homologue dijonnais Antoine Kombouaré adressaient d’ailleurs d’emblée leur soutien au capitaine amiénois avant même d’oser analyser cette confrontation.
Tous unis face à ce fléau
Et si le DFCO entend « porter plainte » comme l’annonçait son président Olivier Delcourt, le staff amiénois apparaissait abasourdi. A l’image de Bernard Joannin. « Nos deux clubs sont réputés pour être sans histoire. Nul n’est à l’abri de imbécillité humaine. Il convient cependant d’être ferme ! » murmurait-il, sans trop vouloir épiloguer.
Et le football, « source de plaisir » d’un avis général, dans tout cela ? « Le résultat me satisfait mais pas le contenu, vous vous en doutez. Une débauche d’énergie avait été consentie lors de la précédente échéance, le groupe s’est rapidement révélé en difficulté, pas vraiment dans le tempo. La fin de saison devient éprouvante mais ce point est très précieux » soulignait Christophe Pelissier.
Sorti prématurément « en raison d’une envie de vomir » Alexis Blin corroborait les propos de son entraîneur : « Tel le roseau, nous avons plié sans rompre. C’est peut-être ce qu’il faut retenir. L’équipe a fait preuve d’une solidarité défensive. A été récompensé de ses efforts ». Une détermination accentuée en fin de match après l’exclusion de Gnahoré, sanctionné d’un deuxième avertissement pour simulation dans la surface de réparation.
Abnégation qui permettait à l’ASC de repartir de la Côte d’Or avec ce partage des points. De la tristesse également au regard d’une situation extra-sportive et d’un comportement que le monde du football se doit d’éradiquer. Sans attendre, sous peine de redouter la gangrène.
Fabrice Biniek
Crédit photos : Jeff Pachoud – AFP
A lire aussi <>
FOOTBALL : Longueau pour continuer sa marche vers la régionale 1