Alors que les Ecureuils d’Amiens disputent le match 1 des demi-finales de playoff à Reims ce samedi, nous sommes allés à la rencontre de Ludovic Dumeige, gardien depuis de nombreuses années de l’équipe amiénoise.
Bonjour Ludovic, pour commencer peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Ludovic Dumeige, je suis le gardien des Écureuils. Je suis un « addict » du roller-hockey depuis très longtemps, j’ai commencé il y une quinzaine d’années à Amiens avec les Ecureuils, d’ailleurs des joueurs avec qui je jouais il y a une dizaine d’années forment encore le tronc commun de cette équipe. Entre-temps j’ai joué aussi avec Moreuil.
Selon toi, comment se porte le roller-hockey aujourd’hui ?
Le roller-hockey a beaucoup évolué, je pense que c’était un peu mal vu au départ par rapport au hockey sur glace, qui est un peu « cousin » mais pas au regard de tout le monde. Aujourd’hui notre sport est plus respecté.
Le roller-hockey avait « une mauvaise image » ?
Il y a quelques temps oui…et encore aujourd’hui je trouve que certains discours d’encadrants du hockey sur glace sont un peu durs sur la pratique du roller hockey. Ça a l’air d’être typiquement amiénois car dans d’autres clubs je ne vois aucun soucis.
Les anciens gothiques dans votre équipe permettent aussi d’améliorer cette image ?
C’est cette transition de génération qui a fait du bien et qui va faire du bien je pense. Justement ce sport s’est démocratisé, et de plus en plus de joueurs se rendent compte qu’ils ont du plaisir à venir au roller. Dans ce sport tu retrouves l’esprit d’équipe, de challenge, c’est un sport de crosse et tu te rends compte que tu n’es pas si loin du hockey. Ce ne sont peut être pas les mêmes sensations mais tu as quand même pas mal de points communs.
De plus en plus de joueurs se rendent compte qu’ils ont du plaisir à venir au roller
Et justement, que peuvent apporter ces trois anciens gothiques ?
Il faut savoir que les 3 joueurs que l’on a maintenant à Amiens ce sont des joueurs avec de l’expérience, avec un bon bagage et déjà avant de les voir sur un terrain, ils font du bien dans le vestiaire. Quand Simon, Mathieu, Elie sont arrivés, il se sont naturellement greffés au groupe. Ils savent parler au bon moment dans un vestiaire et ça va servir dans les matchs qui arrivent. C’est certains que ces joueurs là vont faire du bien, ils ne vont peut être pas chercher à marquer des buts à des moments inutiles, mais par contre, au bon moment ils vont avoir les bons propos et physiquement ils seront là quand il faudra.
En parlant de matchs importants, comment tu abordes ce match 1 face à Reims ?
Quand on joue à notre niveau et surtout en équipe, c’est difficile de nous battre
Je pense que ça va être un match très serré, après si on est tous à notre niveau ça devrait bien se passer. Ce n’est pas être prétentieux, mais cette saison on a une équipe qui, quand elle répond présent, est sereine. Que ce soit gardiens, défenseurs ou attaquants quand on joue à notre niveau et surtout en équipe, c’est difficile de nous battre.
Et essayer de faire un match « plein », pas comme lors de la dernière rencontre face à Toulouse ?
Le dernier match contre Toulouse était un peu spécial psychologiquement. Même les joueurs avec de l’expérience le disaient, c’est « dur » de commencer le match avec une avance de 6 buts. C’est bien, il n’y a pas à dire, mais en terme de motivation c’est plus compliqué à aborder.
Quoi qu’il en soit, l’objectif est clair, c’est la montée…
Oui on ne peut plus se cacher, on ne peut pas vouloir être premier toute la saison de notre poule et ne pas remonter, il faut remonter.
Tu as connu l’Elite, il y a de grosses différences avec la N1 ?
Oui, en N1 il y a beaucoup plus de lancers et moins de construction. Le jeu Elite est comparable à certaines phases de jeu de nos attaquants, un jeu très rapide avec des décalages. Le jeu se projette rapidement à l’avant mais sans tir direct, il y a beaucoup plus de décalages de gardien, de passes précises.
C’est toujours positif pour la ville d’avoir une équipe en Elite…
C’est bien pour la visibilité locale, pour moi c’est important qu’Amiens revienne en Elite, mais également qu’il y ait d’autres équipes du département en N1.
Le jour du match on le sent qu’on est à part, c’est sûr
Tu es gardien, c’est un rôle particulier, qu’importe le sport…
On est à part, c’est presque un jeu entre nous, c’est un jeu que l’on va prendre sur la plaisanterie en off, mais par contre le jour du match on le sent qu’on est à part, c’est sûr. Lorsqu’il y a un match c’est vraiment scindé entre les joueurs et le gardien, plus on se rapproche de la rencontre plus c’est visible.
Il y a une concentration bien particulière à avoir ?
Il faut être dans une bulle, une bulle où mentalement tu dois être zen, tout ce qui peut te polluer doit disparaître, même les détails. Je sais qu’avec mon boulot je coupe le téléphone à une certaine heure. Tu peux avoir le physique, t’entraîner beaucoup, si tu n’es pas concentré et reposé au moment de ton match et bien tu ne seras pas performant les 50 minutes.
Justement, au contraire des joueurs qui tournent, le gardien est présent 50 minutes consécutives…
Oui exactement, moi j’essaie de couper ma concentration pendant les pauses, je ne coupe pas complètement, mais j’arrive à écouter et à entendre ce qui va se passer, et dès que le chrono repart, il faut vraiment avoir cette faculté de se reconcentrer immédiatement.
Vous avez aussi (ndlr : les gardiens), une grande importance dans la communication sur le terrain…
Oui, beaucoup de langage avec les joueurs, justement c’est ce qui fait un peu la différence quand tu commences à évoluer en niveau, tu parles de plus en plus à tes joueurs et tu dois être capable de leur donner le petit mot clé qui va aider. Nous on a quelques mots entre nous et ils savent tout de suite s’il doivent lâcher le palet ou se mettre à l’abri, il y a quelques situations à l’avant ou on sait comment ils vont réagir.
Pour terminer, qu’est ce qui fait un bon gardien selon toi ?
C’est la concentration, je dirais avant tout la concentration, vraiment. Déjà il ne faut pas se faire sortir du match, ce sont des détails mais tu peux vite te faire perturber par un joueur qui veut te sortir de ta rencontre. Il faut vraiment que ça te glisse dessus, il ne faut pas rentrer dans ce jeu, ne pas se laisser dissiper. Plus on va monter, je ne veux pas dire qu’à chaque match ça arrive en Elite, mais dès que le match est serré tu as toujours des éléments qui jouent le côté psychologique. Ça peut prendre sur certains joueurs qui vont exploser, le but c’est surtout que le gardien ne montre pas cette faille là. C’est comme l’épuisement, tu peux être fatigué il faut qu’il n’y est aucune marque de ta fatigue. Si tu arrives au bout de 49 minutes et que le score est nul il faut montrer que tu es prêt à jouer une prolongation et surtout que ta fatigue ne se voit pas.
Quentin Ducrocq
Crédits photos Kevin Devigne