ATHLÉTISME : Jean-Paul Bourdon, un parcours exceptionnel

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Lors de la dernière assemblée générale du CDOS, les représentants des comités départementaux ont été littéralement captivés par Jean-Paul Bourdon, entraîneur spécialisé dans les épreuves combinées et dont le parcours a été exceptionnel.

Fidèle à l’Amiens UC

Celui qui a été fidèle toute sa vie à l’Amiens Université Club, a eu l’occasion de diriger les carrières des meilleurs, notamment Marie Collonvillé. Il se réjouit aussi que le stade Urbain Wallet va enfin être digne des grands stades avec huit couloirs et la possibilité d’accueillir de grandes compétitions mondiales. Mais laissons la parole à Jean-Paul Bourdon, un des rares entraîneurs à avoir participé à des Jeux Olympiques à Sydney en 2000, au sein d’une équipe de France perturbée par ce qu’on a alors appelé l’affaire Marie Jo Perec.

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Il a grandi près des corons

« Je suis né en 1949 dans le Pas-de-Calais et j’ai grandi auprès des corons. Je suis très vite devenu entraîneur et ma carrière a été liée avec le développement de l’AUC devenu peu à peu, club de haut niveau. Créé en 1960, l’AUC était au départ un club d’étudiants. En 1971, j’ai débuté ma carrière de prof d’EPS à Chaulnes. Ce fut pour moi un choc terrible. J’ai attaqué l’athlétisme et un jour, sur le bord de la piste, un vieil homme m’attendait. C’était Monsieur Hervé, Inspecteur de la Jeunesse et les Sports. Il me demandait de rejoindre la Jeunesse et les Sports car un poste se créait. J’ai sauté sur l’occasion. Il faut savoir qu’à l’époque, les profs d’EPS étaient gérés par la Jeunesse et les Sports et non l’Éducation Nationale.

J’ai alors rencontré Alain Demolliens, licencié à l’AUC.  Il m’a dit que c’était bien que je travaille pour l’athlétisme dans la Somme mais aussi pour l’AUC. Ce club n’avait que des universitaires.

Le club avait une quantité de dirigeants mais nous n’étions que deux entraîneurs. Nous étions des nomades et nous n’avions pas de stade. Au début, nous nous entraînions, sur le nouveau stade du Campus et alors, le club a commencé à grandir.

Je voulais que nous ayons une équipe et les féminines étaient à part. Rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui puisque nous déplaçons pour les Interclubs environ 60-70 athlètes. Et puis, mon poste s’est transformé et je suis devenu cadre technique. J’étais le responsable d’un groupe d’une dizaine d’athlètes qui étaient les meilleurs de France. »

Il fait la connaissance de Pierre Sprecher

Et puis et c’est un moment qu’il n’a jamais oublié, Jean-Paul Bourdon va faire la connaissance d’un grand athlète qui était Amiénois, qui avait participé aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 et qui était entraîneur national du javelot. Il s’appelait Pierre Sprecher.

« J’ai eu l’occasion d’aller partout en Europe visiter des installations olympiques. J’ai eu une chance inouïe de bouger très jeune. »

Autre rencontre exceptionnelle : celle avec Jacques Dudal qui était alors DTN (Directeur Technique National). Il a été le seul DTN à avoir écrit un livre sur l’enfant. Il était perturbé par le fait que des jeunes très doués, n’allaient pas au bout de leur aventure.

« On s’apercevait qu’environ 70% des jeunes étaient barrés quand ils arrivaient en juniors.

En 1982, se pose un choix : les postes de cadres techniques vont à l’Éducation Nationale. Je décide de repartir dans un établissement scolaire et je me retrouve au Collège Jean-Marc Laurent en face du stade Urbain Wallet. C’était génial. Je travaille  sur plusieurs domaines notamment l’intelligence des pieds et la qualité physique.

Nous faisons au club un projet avec Bruno Dilly et Joël Cabochette et on décide de professionnaliser le club. Enfin, la FFA décide qu’aux Interclubs, les féminines sont avec les garçons. Je me consacre exclusivement aux épreuves combinées et surtout, je veux que la porte entre l’école et l’AUC soit ouverte. À Jean Marc Laurent, je crée des classes « athlé » 6e, 5e, 4e. Au milieu de 150 élèves, il y a une certaine Marie Collonvillé. »

Marie Collonvillé, immense championne

Ce sera une aventure qui va durer 17 ans. Avec son gabarit, elle va réaliser des performances hors norme.

Le Collège Jean Marc Laurent va fournir l’Amiens AUC qui à son tour, va fournir à l’équipe de France des spécialistes en décathlon et heptathlon. À l’AUC, nous prenons le temps avec les gamins, le temps de les développer. On est dans la culture de l’individu. L’AUC est devenu une sorte de laboratoire.

C’est devenu un club de formation mais aussi de haut niveau. Nous avons en ce moment deux jeunes, deux extra-terrestres Bruxelle et Dalmat et qui sont au Collège de la Hotoie.

Ce sont les fruits de notre formation. Nous sommes devenus un modèle sur le plan de la formation. Mais nous avons aussi des dirigeants, des officiels de qualité. Nous avons aussi développé le sport Santé et créé des compétitions nouvelles avec beaucoup de musique car nous sommes dans un monde artistique.

En 1999, j’arrive à la Direction Technique Nationale en tant qu’entraîneur des épreuves combinées.   

Il a mal vécu Sydney

Le point d’orgue de la carrière, la plus médiatique aura été sa présence aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000. Jean Paul Bourdon était avec Fabe Dia. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, Jean Paul Bourdon ne garde pas un souvenir impérissable de ces Jeux car il avait été déçu, estimant que l’argent avait pris une place trop importante. Il n’y avait vraiment plus rien à voir avec les Jeux de Londres en 1948 auxquels avait participé Pierre Sprecher.

Lionel Herbet

Publié par La Rédaction

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