Dave Henderson : tout est parti d’Amiens…
Aujourd’hui, Dave Henderson est le plus ancien sélectionneur d’une Équipe de France de sports collectifs. Il est en effet à la tête de l’Équipe de France de hockey-sur-glace depuis 2004 ! Un record qui n’est pas près d’être battu.
Dave, vous rappelez-vous de votre arrivée à Amiens ?
C’était exactement le 7 septembre 1975. J’avais décidé de poursuivre mes études universitaires et je voulais jouer au moins une année en Europe. J’ai eu quelques propositions d’abord la France puis Amiens. À l’époque, j’habitais Montréal et ne parlais pas un mot de français. J’ai donc décidé de venir jouer en France et d’apprendre ainsi votre langue. Et puis, mon grand père avait été tué durant la première guerre 14-18 lors de la Bataille de la Somme au nord d’Amiens.
Quelles sont les personnes que vous rencontrez dans un premier temps?
En arrivant à Amiens, j’ai refusé de parler anglais et j’ai décidé d’apprendre le français
Qui j’ai rencontré en premier à Amiens ? Peut-être François Désérable, et ensuite Julien Burnay, qui était alors le directeur des sports à Amiens et le patron du centre sportif Pierre de Coubertin. J’ai eu de suite de bons contacts avec Julien Burnay. Je n’étais pas le premier joueur étranger à venir à Amiens. Mais eux ils parlaient français. Je suis sûrement le premier anglophone à avoir signé à Amiens. En arrivant à Amiens, j’ai refusé de parler anglais et j’ai décidé d’apprendre le français. Cela s’est fait au contact de mes équipiers mais aussi dans la rue. Les gens se montraient patients avec moi. J’ai aussi des amis qui travaillaient à la patinoire et qui m’ont aidé.
Combien de matchs avez-vous disputés pour Amiens?
Je ne sais plus mais je pense que sur seize saisons en tant que joueur, je n’ai manqué qu’une dizaine de rencontres. Pour des blessures, au genou et aux arcades.
Est-ce vrai que c’est aux urgences que vous avez rencontré votre future épouse?
Cela fait partie en effet de la légende ou du moins du folklore. J’avais rencontré ma future femme un peu avant mais à chaque fois que j’étais blessé, elle m’emmenait aux urgences à l’hôpital après les matchs pour me faire des points de suture. Il faut savoir qu’à cette époque, il n’y avait pas de médecin sur le banc pendant les matchs.
Quels sont vos meilleurs souvenirs à Amiens ?
Je suis heureux d’avoir pu entraîner ces jeunes qui, par la suite, ont réussi dans la vie
Il y a d’abord le titre acquis en 1982 et qui nous permettait de monter en Élite. C’était à l’époque la N2 et nous avions cavalé en tête du début jusqu’à la fin. Il y a aussi le titre acquis en 1999 cette fois en Élite. Ce sont mes meilleurs souvenirs en tant que joueur et entraîneur. Mais j’ai aussi de bons souvenirs avec les jeunes. Je suis heureux d’avoir pu entraîner ces jeunes qui, par la suite, ont réussi dans la vie. Il m’arrive de les revoir dans d’autres sphères et cela me fait plaisir.
Vous avez donc vécu le passage du statut amateur à celui de professionnel ?
J’ai en effet vécu ce passage d’amateur à celui de professionnel. Il faut savoir que durant plusieurs années, j’étais le seul professionnel du club. Mais étant donné les résultats et l’engouement que provoquait le hockey, les joueurs ont commencé à toucher un peu d’argent et le club est devenu pro. On a vu que cela avait été payant en 1999 avec ce titre en Élite. Cela récompensait un long travail non seulement des joueurs, du staff, mais aussi des dirigeants bénévoles.
…et se poursuit en Équipe de France
Vous attendiez-vous à devenir un jour sélectionneur de l’Équipe de France ?
J’ai toujours fait mon travail sans chercher à brûler les étapes
Pas du tout. J’ai toujours fonctionné par étapes. Avec le recul, je pense que j’ai bien fait. J’ai toujours fait mon travail sans chercher à brûler les étapes. Après le titre en 1999, je suis parti à la Fédération et j’ai été l’entraîneur des 20 ans. Nous avons gagné des médailles et un jour, en 2004, quand l’entraîneur de l’époque le Finlandais Heike Leime a décidé d’arrêter, on est venu me chercher. Et après deux ou trois tournois, ils m’ont confirmé au poste. Mon premier match fut à Briançon pour la qualification pour les Jeux Olympiques. Nous y avons gagné nos trois matches sans encaisser de but. L’aventure s’est poursuivie mais nous n’avons pu nous qualifier ensuite pour les Jeux que je n’ai donc jamais disputés. C’est mon grand regret. La France ne participe pas aux Jeux en Corée du Sud mais pour autant, la saison n’est pas terminée.
Quel est votre programme ?
Nous allons au Danemark et allons rencontrer les Autrichiens, les Lettons et les Danois. Soit la dernière étape avant les championnats du monde annuels qui se dérouleront justement au Danemark. La France jouera aussi en avril à Amiens contre les Tchèques qui ont été champions olympiques et champions du monde. C’est une grosse affiche. Cela nous permettra de donner leur chance à des jeunes du cru.
Ne pas participer aux Jeux est sûrement un gros regret ?
Cela a été à la fois regrettable et rageant. Pour moi comme pour les joueurs et la Fédération. Chaque joueur de hockey a envie de participer aux J.O. Mais si nous ne nous sommes pas qualifiés, c’est qu’il y avait plus fort que nous. Mais j’espère bien qu’en 2022, nous y serons.
Que vous a apporté le hockey ?
J’adore aller dans les patinoires au contact des gens, autour de la balustrade, dans les gradins
Des rencontres humaines enrichissantes. J’ai beaucoup voyagé et ce fut pour moi, une vraie ouverture. J’adore aller dans les patinoires au contact des gens, autour de la balustrade, dans les gradins. J’adore la convivialité et j’essaie de la garder encore aujourd’hui dans le staff. Ce qui m’importe, c’est que le groupe vive bien ensemble et prenne du plaisir. La France n’a jamais été championne du monde mais je vous assure qu’à l’intérieur, les joueurs aimaient se rencontrer, s’entraîner et vivre ensemble. Je trouve important qu’il y ait une véritable cohésion entre les joueurs et le staff. C’est ma philosophie. C’est peut-être aussi la raison qui fait que je suis là depuis si longtemps.
Propos recueillis par Lionel HERBET
Crédit photo : Lionel Herbet
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