Elu joueur du mois d’octobre par un panel de journalistes locaux (France Bleu Picardie, Gazette Sports, le JDA) et par les lecteurs de GazetteSports, Régis Gurtner nous a accordé un long entretien, jeudi matin. N’éludant aucun sujet, le gardien de but de l’Amiens SC est notamment revenu sur sa conception du métier et sur le long chemin qui fut le sien avant de découvrir la Ligue 1, à l’âge de 30 ans. Entretien.
Régis Gurtner, que représente cette distinction individuelle à vos yeux ?
Cela fait toujours plaisir. C’est une récompense aussi du plaisir que l’on prend tous ensemble quand on gagne les matches. Je considère, malgré tout, que c’est une récompense collective. Quand les joueurs défensifs sont performants, c’est que tout le monde fait le boulot devant.
A titre personnel, votre découverte de la Ligue 1 se passe parfaitement bien…
Je n’ai jamais douté. J’aborde chaque match avec un plaisir énorme, celui de pouvoir jouer en Ligue 1. Je reste le plus serein possible afin que tout se passe le mieux possible et ainsi être régulier. Il est vrai que le début de saison a été compliqué, sur le plan collectif, avec trois défaites mais nous avons su repartir de l’avant.
Ma seule volonté était de retrouver du temps de jeu, quitte à redescendre d’un niveau.
Comment avez-vous digéré ces deux montées successives et une arrivée aussi rapide en Ligue 1 ?
A mon arrivée, je sortais d’une saison blanche. Ma seule volonté était de retrouver du temps de jeu, quitte à redescendre d’un niveau. Je savais que le coach (ndlr : Christophe Pelissier) et Olivier (Lagarde) voulaient faire de moi leur gardien titulaire. Je les avais déjà côtoyés pendant quelques mois à Luzenac, il est clair que cela a joué dans ma décision de rejoindre Amiens. J’avais entendu parler que le club formait une équipe pour développer un vrai projet. A l’exception du Havre, où tout ne s’est pas très bien passé, j’aime bien rester longtemps dans un club. J’avais besoin de trouver un projet cohérent, celui d’Amiens était de retrouver la Ligue 2 en deux ans. Néanmoins, je ne m’attendais pas à jouer en Ligue 1 aussi rapidement. Cela s’est fait très vite, on s’adapte donc au niveau et on essaie d’être toujours plus exigent avec nous-mêmes afin d’être performants en Ligue 1. Il nous a fallu du temps, l’effectif a mis du temps à se dessiner. Abou (Aboubakar Kamara) est parti début août, Tanguy (Ndombélé) nous a quittés le dernier jour et cinq-six joueurs sont arrivés en dernière minute. Finalement, il y a eu quinze arrivées, il a fallu digérer la montée, le renouvellement de l’effectif, que les nouveaux s’adaptent aussi bien à la ville qu’au club. On a donc commencé la saison avec un petit handicap. Aujourd’hui, tout le monde trouve sa place et cela se ressent dans nos performances depuis trois semaines. Tout le monde participe aux matches, que ce soit en Coupe de la Ligue ou en Championnat, on est parvenu à mettre en place une dynamique.
Vous confirmez donc qu’il y a eu un déclic sur ce dernier mois de compétition…
Clairement. Nous nous sommes dit les choses. Dans le vestiaire, il faut savoir dire les choses quand les résultats sont moins bons. De ce côté, je trouve que le groupe a bien répondu. Les cadres ont joué leur rôle et ont pleinement assuré leur rôle. A titre personnel, je ne parle pas beaucoup à l’extérieur du groupe mais je fais tout pour assumer mon rôle de cadre sur le terrain et, quand c’est nécessaire, dans le vestiaire. L’idée est que tout le monde tire dans le même sens. On défend tous ensemble et tout le monde tente d’apporter offensivement.
Comment se matérialise ce rôle de cadre dans le vestiaire de l’Amiens SC ?
Le coach aime fonctionner avec quatre cinq joueurs expérimentés dans le vestiaire qui sont, en quelque sorte, ses relais. Cela marche très bien depuis deux ans. Notre rôle vise à prendre en main un joueur quand il ne va pas bien. C’est aussi échanger avec le coach et remonter ce qu’il se dit entre les joueurs. L’idée est de faire le lien entre le staff et l’ensemble du groupe.
Finalement, vous découvrez la Ligue 1 sur le tard, à l’âge de 30 ans. Comment expliquez-vous cela ? Avez-vous quelques regrets ?
Je n’ai vraiment aucun regret. J’ai déjà commencé sur le tard, à 23-24 ans. Aujourd’hui, je vois de nombreux gardiens qui débutent très jeune, avant même d’avoir 20 ans. Ce n’est pas évident non plus car il faut rapidement être performant et mature. Je découvre la Ligue 1 à 30 ans avec beaucoup d’enthousiasme. Je me sers chaque jour de mon expérience et de la maturité acquise ces dernières années pour être le plus serein possible. Je considère que ce n’est pas un handicap de découvrir la Ligue 1 sur le tard. Cela amène à avoir une autre approche, certainement plus tranquille que lorsqu’on démarre jeune à ce niveau.
Beaucoup vous découvrent ou vous redécouvrent, six ans après votre départ de Strasbourg. France Football vient même de vous désigner comme le gardien sous-coté du championnat. Quel regard portez-vous sur le traitement médiatique dont vous faites l’objet ?
Il est vrai que beaucoup de gens ne me connaissent pas plus que cela. Je suis assez discret, que ce soit dans la vie ou sur le terrain. Je ne suis pas du genre à chercher la lumière, à être dans la presse tous les matins. Je m’attache simplement à être performant, c’est la seule chose qui m’importe. En plus, je n’aime pas trop les réseaux sociaux. Je suis assez méconnu du grand public mais cela m’importe peu. Je me focalise sur ma performance et celle de mon équipe, la seule chose qui compte est de prendre des points et de gagner des matches.
A Amiens, vous avez donc trouvé le cadre idéal pour vous exprimer en toute quiétude…
Le club me va bien. On sait très bien que cela passe par le travail. On ne peut pas être performant le week-end si on n’a pas bien préparé cela pendant la semaine. Il faut savoir se mettre minable toute la semaine. A titre personnel, je sais que je dois bosser comme un fou la semaine pour me sentir bien à l’approche du match. En ce sens, le climat serein qui règne autour du club aide pour se mettre dans de bonnes dispositions. Néanmoins, la Ligue 1 rajoute une dose de pression. Ce championnat est davantage exposé et épié que la Ligue 2 ou le National. Je parviens, jusqu’ici, à la gérer plutôt bien.
Vous donnez énormément d’importance au travail. Peut-on vous définir comme un perfectionniste ?
Je ne dirais pas ça. Demain, ce n’est pas parce que je vais faire une erreur que cela doit changer ma façon de voir les choses. Je sais très bien que j’en ai fait et que je vais encore en faire, le seul moyen pour les gommer est le travail mais il ne faut que cela devienne obsessionnel. L’idée est d’en faire le moins possible. J’ai toujours envie de bien faire les choses et on insiste sur le travail bien sûr, c’est une certitude, mais je ne suis pas non plus à regarder des vidéos de tous les attaquants que je vais rencontrer. Il faut savoir se montrer détaché par rapport à cela, on sait très bien que l’attaquant en question peut faire tout autre chose une fois devant toi. Il est donc important de ne pas se laisser envahir par tout ça.
Je joue en Ligue 1 mais j’ai conservé la mentalité d’un joueur amateur. Je pense que c’est ma force et celle de nombreux joueurs.
Vous avez évoqué votre besoin de tranquillité. Cela demeure-t-il compatible avec l’environnement qui règne autour d’un club de Ligue 1 ? Avez-vous le sentiment d’être un peu à part dans ce milieu ?
C’est clair. Je joue en Ligue 1 mais j’ai conservé la mentalité d’un joueur amateur. Je pense que c’est ma force et celle de nombreux joueurs dans le vestiaire qui ont également fait le grand saut du National à la Ligue 1. Je conserve des attaches avec le monde amateur. Dans ma vie, je m’attèle à rester détacher des projecteurs qui accompagnent la Ligue 1. Cependant, il est vrai qu’en passant un peu plus à la télévision, cela devient difficile de passer inaperçu dans la rue et au restaurant (rires). J’aime beaucoup les plaisirs simples de la vie, je ne suis donc pas du genre à m’afficher sur les réseaux sociaux ou à faire des phrases pour le buzz. Je retweete parfois des petits trucs mais ça s’arrête là.
Pensez-vous que cette approche est compatible, sur le long terme, avec les sollicitations inhérentes à la Ligue 1 ?
Ce n’est pas parce que je joue en Ligue 1 que je dois changer mon approche. Même si, un jour, j’ai le bonheur de jouer une Coupe d’Europe, je resterai le même, je garderai la même mentalité. C’est ma façon de voir les choses et c’est comme cela que je parviens à m’épanouir dans le football. Que l’on gagne 1 500 euros ou 1 000 000 par mois, on fait tous le même métier. C’est ce qui fait le charme du football et c’est pourquoi il faut parvenir à garder cette notion de plaisir, même au plus haut niveau. Que je reste à Amiens ou bien que j’aille dans un plus grand club dans le futur, je ne changerai jamais cette approche.
Tout cela explique pourquoi vous avez fait le choix de vous installer à la campagne, à quelques kilomètres d’Amiens…
J’ai une femme et deux enfants, on aime bien la tranquillité de la campagne. A la base, je viens de la campagne, mes parents habitent un petit village d’Alsace. A l’exception de mes années au centre de formation de Strasbourg, où j’ai vécu à la ville, j’ai toujours eu ce mode de vie à la campagne. Depuis que j’ai une famille et des enfants, cette envie est encore plus forte. J’ai un petit jardin, une vraie tranquillité, c’est le cadre idéal.
L’an dernier, vous interveniez auprès des jeunes gardiens du centre de formation. Avez-vous encore le temps de le faire ?
Plus trop, il est vrai. Mon fils s’entraîne le mercredi et joue le samedi après-midi. J’essaie donc, dès que possible, d’aller le voir quand il fait des plateaux avec les petits clubs aux alentours. Je rencontre donc d’autres parents, c’est une ambiance très sympathique. Il est vrai que l’an dernier j’entraînais les jeunes gardiens du club, désormais je tente d’aller leur fait un petit coucou le plus régulièrement possible. Je tente aussi d’aller voir la réserve, même si le calendrier rend les choses plus compliquées, cette saison. Néanmoins, l’équipe réserve est importante et cela démontre l’état d’esprit qui règne autour du club.
Etes-vous tenté par une reconversion en tant qu’entraîneur des gardiens ?
C’est une passion à part. Je pense que je resterai là-dedans une fois ma carrière terminée et, pourquoi pas, devenir entraîneur des gardiens. Je pense qu’il est difficile de se détacher de ce poste une fois que l’on a raccroché. Pour le moment, j’attends un petit peu pour me plonger davantage là-dedans. Il est vrai que quand on a joué longtemps à ce poste, on a déjà des connaissances acquises tout au long de notre carrière. Quand on est joueur, on n’a pas forcément le temps de passer les diplômes, il faut pouvoir s’absenter parfois pendant une semaine entière. Cela se fait donc au terme de la carrière.
Vous parlez de passion à part, quel a été le déclic ou votre modèle ?
Il n’y a pas eu de déclic particulier. Néanmoins, il est vrai qu’en 1998 j’appréciais beaucoup Fabien Barthez. J’aimais son côté un peu foufou, il donnait le sentiment d’être détaché et sans pression. Ensuite, ce sont mes formateurs qui m’ont trouvé des qualités de gardien du but. C’est venu petit à petit et j’ai fini par accrocher à ce poste. J’ai développé des qualités, des entraîneurs m’ont fait progresser. J’apprécie le côté décisif du poste et le fait qu’il nécessite d’être responsabilisé.
Si vous aviez été joueur de champ, quel poste auriez-vous aimé occuper ?
Attaquant ! Je fais souvent le malin à l’entraînement en tentant des reprises de volée, des ciseaux ou des têtes. Cela m’aurait bien branché aussi mais j’avais moins de qualité. Cependant, j’avais le sens du but (rires).
Les gens sont restés focalisés sur mon jeu au pied assez défaillant au début de ma carrière. Le poste de gardien a beaucoup évolué et le jeu au pied est devenu un attribut important.
Pourtant, au début de votre carrière, on a souvent ciblé votre jeu au pied. Considérez-vous que cela reste une de vos lacunes ?
J’ai beaucoup progressé depuis le début de ma carrière. Je vais continuer à travailler cet aspect spécifique de mon jeu même si je ne le travaille pas plus qu’un autre. Il ne faut pas se prendre la tête avec ça. Il ne faut pas se fixer sur un seul point précis. Je pense que je ne suis pas ridicule à ce niveau. Les gens sont restés focalisés sur mon jeu au pied assez défaillant au début de ma carrière. Le poste de gardien a beaucoup évolué et le jeu au pied est devenu un attribut important. Néanmoins, il n’y a qu’une seule équipe au monde qui peut ressortir tous les ballons au pied avec son gardien, c’est Barcelone. Ils ont les joueurs pour pratiquer ce style de jeu mais celui-ci n’est pas transposable dans tous les clubs. Je pense qu’il vaut mieux être performant en arrêtant les ballons plutôt qu’en jouant tous les ballons au pied dans ses seize mètres. Un gardien doit amener de la sérénité à ce niveau mais il faut aussi parfois savoir dégager un ballon en touche, afin d’écarter le danger.
Beaucoup d’observateurs considéraient qu’être gardien de but sous Guardiola, c’était le cas de Valdes entre 2008 et 2012, c’est avoir un rôle à part et unique dans le football. Partagez-vous cette analyse ?
Il y a un vrai travail qui est fait sur les ressorties de ballon. Le gardien touche un nombre incalculable de ballons au pied. Parfois, il en oublie limite de faire des arrêts derrière. Ensuite, on essaie de transposer cela car on a le sentiment que c’est simple mais en réalité il y a un très gros travail derrière tout ça. C’est aussi la raison pour laquelle on lui pardonne s’il fait une relance dans l’axe qui amène un but pour l’adversaire. A titre personnel, je pense que c’est compliqué de mettre en place ce type de projet en place en France.
On vient d’évoquer des gardiens avec un profil de onzième joueur de champ, très adroit au pied, doté de bons réflexes mais qui relâche également beaucoup de ballons. Pour votre part, vous donnez le sentiment d’être un gardien de « l’ancienne école », qui s’attèle notamment à capter un maximum de ballons…
Effectivement, j’ai énormément travaillé la technique des mains et de plongeon afin de capter un maximum de ballons. C’est un peu ancienne école. Actuellement, on parle beaucoup des ballons qui flottent davantage et on justifie ainsi les ballons relâchés par les gardiens. Personnellement, je travaille au quotidien pour capter un maximum même avec ce genre de ballons. Quitte à ne pas être spectaculaire, je préfère être efficace. Je sais que beaucoup font la parade pour le spectacle ou la photo. En ce qui me concerne, je préfère être sobre mais efficace. Je préfère que le ballon soit dans mes bras plutôt que d’avoir réalisé un arrêt spectaculaire mais que le ballon soit remis en jeu pour un adversaire.
Avez-vous des gardiens qui vous inspire actuellement ?
J’aime beaucoup Hugo Lloris. Il a une belle technique de mains et dégage beaucoup de sérénité. Que ce soit Mandanda ou lui, ce sont des gardiens très propres et des exemples à suivre. Qui plus est, ce sont des gardiens internationaux, ce sont des produits de la formation française. On dit souvent que l’on a une bonne formation des gardiens et cela se ressent chez eux. En Allemagne ou en Espagne, la formation est bien différente. Ils travaillent moins l’aspect de la prise de balle. Néanmoins, Neuer reste un très bon gardien même si, techniquement, ce n’est pas ma façon de voir le poste. Sa lecture de la profondeur, son jeu au pied et son envergure en font l’archétype du gardien moderne. Que ce soit lui Oblak et Courtois, ce sont des gardiens très costauds qui jouent sur cette caractéristique. Néanmoins, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’être très grand pour être un bon gardien.
En parlant de Lloris, il est titulaire indiscutable en équipe de France depuis près de dix ans maintenant. Est-ce logique ?
La hiérarchie est installée depuis longtemps et c’est une bonne chose. Un gardien a besoin d’avoir de la confiance et Lloris dégage cette sérénité-là. Il amène énormément à l’équipe de France, d’autant qu’il en est le capitaine. Il maintient un haut niveau de performance, même s’il a fait une erreur dont on a beaucoup parlé contre la Suède, il a toujours su rebondir. Après, Mandanda est également un très bon gardien, il n’a pas su saisir sa chance à un moment donné.
Cela fait plusieurs minutes que l’on parle de l’équipe de France. Gardez-vous dans un coin de la tête l’ambition d’être, un jour, de recevoir une convocation chez les Bleus ?
(Silence) On peut toujours rêver ! C’est un rêve de gamin mais je suis réaliste. J’ai 30 ans, je n’ai jamais été appelé dans aucune sélection de jeunes, même pas les Espoirs. Allez, j’ai peut-être été sélectionné en équipe d’Alsace à un moment donné (rires). Je pense que cela reste un rêve très lointain.
D’autant que c’est un poste spécifique pour lequel il est difficile de bousculer la hiérarchie…
Effectivement. C’est déjà compliqué de bousculer la hiérarchie en club mais ça l’est encore plus en équipe nationale.
Mais vous demeurez ambitieux ?
Je ne me fixe aucune limite. Un gardien est dans l’obligation de travailler en permanence. C’est une bonne chose car on peut progresser à tout âge, même à 35 ans. Mon objectif est d’être le plus performant possible, le plus longtemps possible. Je vais continuer de m’entraîner dur pour maintenir un certain niveau de performance.
En parlant de gestion de la hiérarchie, un nouveau gardien a rejoint l’Amiens SC, cet été. Comment avez-vous abordé l’intégration de Jean-Christophe Bouet au sein d’un groupe de travail qui avait déjà deux ans de vie commune ?
Les choses étaient clarifiées dès le départ. Le staff a tout de suite expliqué les choses à J-C. Il n’y a aucun souci entre nous, on travaille même dans une excellente ambiance de travail. De toute manière, j’ai besoin qu’il me pousse, la hiérarchie est établie mais on doit essayer de travailler pour être le plus performant possible et ainsi se pousser les uns les autres vers le haut. Je travaille pour jouer et pour conserver ma place chaque week-end. Il ne faut pas oublier que c’est grâce à eux que je peux être performant.
Si je m’arrête aux attaquants, je dirais Cavani. Au-delà des nombreux buts qu’il peut marquer, il est en permanence en train de courir.
On aborde le tiers du championnat et vous avez déjà rencontré plusieurs gros calibres du championnat, à l’instar du Paris Saint-Germain, de Marseille ou encore de l’OGC Nice. A ce stade de la compétition, quel est l’adversaire qui vous a le plus impressionné ?
On a quand même eu la chance de jouer un premier match contre le PSG. Si je m’arrête aux attaquants, je dirais Cavani. Au-delà des nombreux buts qu’il peut marquer, il est en permanence en train de courir. Il multiplie les efforts pour récupérer le ballon, c’est le premier défenseur de son équipe. C’est une chance d’avoir un joueur comme ça, derrière ça donne envie à tout le monde de se défoncer pour l’équipe. Ce n’est pas le genre d’attaquant que tout le monde aime mais j’aimerais bien l’avoir dans mon équipe. Si j’étais son coéquipier, je lui pardonnerais de rater certaines occasions au regard des efforts qu’il fait pour le collectif. C’est un joueur de très haut niveau.
Revenons-en à l’actualité de l’Amiens SC. Le club connaît un regain de forme depuis un mois. Pourtant, tout n’a pas été évident depuis l’épisode du garde-corps contre Lille. On a le sentiment que le groupe a réussi à faire abstraction du contexte voire s’en est nourri pour rebondir et se souder…
On s’est concentré sur le terrain, on ne gère pas tout le reste. On s’est très vite dit qu’il fallait se concentrer sur le travail que l’on avait à amener et faire abstraction sur ce qui pouvait se dire autour du club. C’est un élément que l’on ne maîtrise pas, il faut donc ne pas y prêter attention. Cela a surtout fait du mal à la ville, aux dirigeants et aux supporters. Au niveau des joueurs, la seule chose que l’on peut faire est de redonner une image positive avec nos performances sur le terrain.
Considérez-vous que le club a payé son statut de « petit club » dans cette affaire ?
Peut-être. Il est sûr que les grands clubs sont moins sanctionnés parce qu’ils ont davantage de relations dans les commissions. Une barrière qui tombe, ça fait toujours un peu de bruit dans les médias. Maintenant, j’espère que c’est de l’histoire ancienne.
Comment avez-vous abordé cette série de matches à l’extérieur ou presque ?
Quand on voyage beaucoup, ça renforce automatiquement les liens. On passe nos journées ensemble, dans les transports ou à l’hôtel. On voit davantage nos coéquipiers que nos femmes ! Quand on parvient à faire des résultats à l’extérieur, c’est que l’état d’esprit au sein du groupe est bon.
Alors que l’on s’approche du premier tiers de la saison, vous êtes dans les clous du maintien avec cette 17ème place (ndlr : en attendant que le match contre Lille soit rejoué). Avez-vous les armes pour tenir sur la longueur ?
Je pense que l’on a prouvé face aux équipes de « notre » championnat, comme Montpellier et Guingamp, que l’on n’avait pas à rougir de la comparaison. Il faut maintenant transformer les nuls en victoire pour grapiller le maximum de points et se rapprocher ainsi du maintien qui devrait être aux alentours des quarante points. On va jouer Lille, Metz, Dijon, Troyes ou encore Nantes avant la trêve, ce sont des équipes contre lesquelles il va falloir prendre des points. Je pense que nous avons encore une grosse marge de progression, aussi bien individuellement que collectivement. Des joueurs vont se réveiller, d’autres se lâcher encore plus. On ne peut que progresser, je suis confiant mais il faut rester vigilant et ne pas s’enflammer parce que nous avons fait une belle série. Il faut avoir l’envie de la continuer, d’aller le plus loin possible. Je ne vous garantis pas que l’on va se maintenir mais tout faire pour y parvenir.
Propos recueillis par Romain PECHON
Crédits photo : Leandre Leber & Romain Pechon (GazetteSports) et Panoramic
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