J’ai fait la connaissance de Sandrine en 1999 ; j’étais alors dirigeant de l’équipe féminine de hockey sur glace d’Amiens, Laurent LECOMTE était notre entraineur, ce soir-là, nous avons vu arriver une jeune fille de tout juste treize ans. Dès les premiers entraînements, avec Lolo, nous nous sommes dit : « y a du potentiel »…
Aujourd’hui, j’ai retrouvé Sandrine et vraiment, il y avait du potentiel, jugez un peu :
- 9 ans en équipe de France de hockey sur glace, 5 championnats du monde, 1 médaille de bronze et 2 tournois de qualification aux JO ;
- 7 ans en équipe de France de roller-hockey, 7 championnats du monde, 3 médailles de bronze.
- 1 an en équipe de France de Roller Derby ; médaille de bronze avec Denver aux championnats internationaux de 2012, avec en plus le titre de MVP du tournoi.
Je ne pouvais pas faire autrement que vous la présenter et avec sa gentillesse habituelle, elle s’est pliée au jeu des questions/réponses, par mail puisque Sandrine est toujours de l’autre côté de l’Atlantique.
Patrick GRAUX : Un petit rappel sur ton parcours sportif en France ? Date de début et de fin des différentes activités sportives, club, équipe de France, (hockey et autre sports) ?
Sandrine Rangeon : » J’ai commencé le hockey sur glace aux Gothiques d’Amiens en 1998, puis avec Cergy-Pontoise à partir de 2004. J’ai été sélectionnée en Equipe de France espoir en 2000, puis en Equipe de France senior en 2002. Je suis restée en Equipe de France senior jusqu’en 2011. J’ai participé à 5 championnats du Monde division 1 (une médaille de bronze) et 2 tournois de qualification olympique.
J’ai fait du roller hockey en parallèle avec Ris-Orangis (91) et en Equipe de France de 2004 à 2011. J’ai participé à 7 championnats du Monde de roller hockey, dont 3 médailles de bronze.
J’ai commencé le roller derby en Californie en 2010. Le sport me plaisait bien mais je jouais toujours au hockey à cette période là, donc c’était juste en complément, pour me maintenir en forme. Puis j’ai arrêté le hockey en 2011 pour me consacrer entièrement au roller derby. J’ai été sélectionnée en Equipe de France de roller derby en 2011, et j’ai rejoint une des meilleures équipes mondiales l’année suivante : le Mile High Club de Denver. Avec Denver, nous avons gagné une médaille de bronze aux championnats internationaux en 2012 et j’ai été élue MVP (Most Valuable Player) jammeuse du tournoi.
J’ai ensuite déménagé à Milwaukee, dans le Wisconsin, pour me mettre au patinage de vitesse short track et continuer le roller derby avec Chicago. Mais les entraînements de patinage de vitesse ont lieu pendant la journée, ce qui n’est pas très pratique pour mon travail. Donc je réfléchis à ce que je vais faire la saison prochaine. «
P G : Peux-tu me faire une présentation rapide: ton âge, ta famille, tes études, ta profession ?
S R : » J’ai 29 ans, je suis célibataire et j’ai une petite entreprise d’immobilier. J’ai un master de psychologie du sport et j’ai aussi pris des cours en école de commerce à Denver. »
P G : Qu’est-ce qui t’a fait partir à l’étranger ?
S R : » Je suis d’abord partie pour les études et pour apprendre à parler anglais. Mais évidemment, ça m’intéressait aussi de pouvoir jouer au hockey dans une bonne équipe. «
P G : Quelles ont été les villes que tu as fréquentées ?
S R : » Dans l’ordre : Amiens, Cergy, Storrs (Connecticut), de nouveau Cergy, Fresno (Californie), Ottawa (Canada), Denver (Colorado), de nouveau Ottawa, Milwaukee (Wisconsin), Austin (Texas). «
P G : Comment as-tu fait pour t’adapter à vivre à l’étranger, tes parents et ta sœur te voient-ils souvent malgré tout ?
S R : » J’ai toujours voulu partir à l’étranger et j’aime le changement, donc l’adaptation a été facile. J’essaye de rentrer en France régulièrement pour voir ma famille. «
P G : Quels sports as-tu fait ou fais-tu actuellement ?
S R : » Actuellement je fais surtout du roller derby. »
P G : Dans quel club et à quel niveau de compétition ?
S R : » J’ai joué dans le top 10 de division 1 d’abord avec Denver, puis avec les « Windy City Rollers » de Chicago. Mais comme je n’habite plus dans ce coin-là, je suis en train de décider où je vais aller ensuite. «
P G : Peux-tu m’expliquer en quoi consiste ce sport dont tu mets régulièrement des photos sur facebook ? Les règles ?
S R : » Le roller-derby se joue sur une piste ovale, les joueuses tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Je suis jammeuse, donc je marque un point à chaque fois que je dépasse une bloqueuse de l’équipe adverse. Les bloqueuses, comme leur nom l’indique, essayent de me bloquer le passage en utilisant différentes formations défensives. Les bloqueuses ont le droit de me bloquer et de me pousser avec les épaules et les hanches, mais pas avec les bras ou les jambes. Elles n’ont pas non plus le droit de me pousser dans le dos ou de me donner des coups dans la tête, volontairement ou involontairement. Les bloqueuses de mon équipe ont aussi le droit de m’aider à me faire un passage dans le « pack » en se mettant dans le chemin des adversaires qui essayent de me bloquer. Donc leur job est principalement défensif, mais également offensif à certains moments. Pendant ce temps-là, la jammeuse de l’équipe adverse essaye également de faire des tours en dépassant les bloqueuses de mon équipe. «
P G : J’ai déjà vu un film sur ce sport, ça me semble bigrement brutal , qu’en penses-tu ?
S R : » Ça peut paraître violent à première vue, mais il y a en réalité des règles très strictes pour assurer la sécurité des joueuses. Il y a 8 arbitres qui observent le jeu à tout moment et qui donnent des pénalités de 30 secondes dès qu’une joueuse fait quelque chose d’illégal. Donc oui, c’est un sport qui implique beaucoup de contacts, mais ils sont réglementés.
Les films qui existent sur le roller derby exagèrent beaucoup l’aspect brutal et inventent beaucoup de choses. Donc il vaut mieux regarder des vrais matchs sur wftda.tv «
P G : Ton avenir, tu le vois comment au niveau sportif et professionnel ?
S R : » J’espère pouvoir continuer à pratiquer les sports qui m’intéressent le plus longtemps possible. Evidemment, je dois pouvoir travailler à plein temps en même temps, mais je pense que c’est possible de conjuguer les deux, avec un peu d’organisation et un travail suffisamment indépendant. J’ai la chance de travailler à mon compte, donc j’ai pas mal de souplesse dans mon emploi du temps. «
P G : J’ai entendu que tu aurais un projet de participer aux J O d’Hiver ; qu’en est-il ?
S R : » J’aurais aimé tenter ma chance en short track, mais les entraînements se déroulent dans la journée et l’inscription coûte 600 dollars par mois, donc ça fait un peu trop cher, même si je trouve le challenge super intéressant. «
P G : Penses-tu revenir t’installer en France ?
S R : » Oui, j’y réfléchis. Pour moi, l’idée de partir à l’étranger était aussi d’apprendre au maximum, puis de revenir en France et de partager ce que j’ai appris. Donc je suis justement en train de voir si je ne devrais pas revenir en France en septembre, mais rien de confirmé pour le moment. «
P G : Merci Sandrine, en conclusion, AMIENS : Métropole du sport, encore une belle démonstration de nos jeunes talents…
Patrick GRAUX