Les deux passions de Béatrice ERNWEIN : le violon et l’apnée statique
Lors de la clôture des Ateliers du Sport à la Licorne à Amiens, la municipalité a eu la bonne idée de présenter plusieurs sportifs qui ont contribué à la renommée de la ville.
Si certains pratiquent une discipline médiatique et jouissent d’une certaine renommée, d’autres tout aussi respectables, sont d’authentiques anonymes.
Tel est le cas de Béatrice Ernwein qui dans la vie, est professeur de violon au conservatoire d’Amiens et en tant que sportive, est licenciée au club d’Amiens Sub.
En juin de cette année, cette jeune femme (43 ans) a remporté la médaille d’or au championnat de France à Chartres en apnée statique avec 6mn27s sous l’eau. Elle a approché de onze secondes le record du monde homologué le plus officiellement, par la Confédération Mondiale des Activités Subaquatiques.
Elle a ensuite participé au championnat d’Europe à Tenerife à la mi octobre où elle a terminé à la 5e place.
Cette jeune femme a d’autant plus de mérite qu’en 2013, elle avait contracté une pneumonie et elle ne pouvait alors tenir plus de 10 secondes sous l’eau.
On imagine facilement les efforts, le courage que Béatrice a dû consentir pour retrouver son niveau et même améliorer ses performances.
Nous avons voulu connaître un peu plus cette femme, artiste dans la vie de tous les jours et sportive de haut niveau avec la pratique de l’apnée.
«La musique, c’est mon métier depuis un moment déjà. Je suis violoniste. J’ai un poste ici en tant que professeur au Conservatoire d’Amiens mais je suis aussi dans un orchestre à Paris. En tant que professeur, je suis amené à transmettre mon expérience.
« L’apnée est un sport que j’ai découvert voici huit ans après avoir pratiqué la plongée bouteille. Pour être en forme, il faut s’entrainer avec du footing et du vélo. Histoire de développer sa cage thoracique et les poumons.
« Dans l’eau, je porte une combinaison assez épaisse car il faut savoir que je suis sans bouger. Il faut tenir le plus longtemps possible, sans respirer. Il faut dans un premier temps prendre une bonne inspiration. C’est comme si je suis dans un autre monde. Il faut apprendre à se relâcher complètement, à faire le vide, à ne penser à rien. Si le cerveau commence à réfléchir, il va commencer à consommer de l’oxygène. Il faut quasiment se mettre en Mode Dormir. Je ferme les yeux car si je les garde ouverts, je commence à analyser les choses. C’est une épreuve individuelle. A chaque fois, il y a un juge et une personne chargée de la sécurité.
« Ma discipline peut se comparer à un marathon. Cela engendre un réel plaisir que d’être dans l’eau et puis vous avez aussi le sentiment de vouloir dépasser vos propres limites.
« C’est un sport qui se pratique dans la sécurité car on peut toujours repousser ses limites mais sous une certaine surveillance. Quand je participe à une compétition, je me compare d’abord à moi. Mais il est vrai que quand je suis sur un podium, je suis heureuse. Je suis contente d’être allée plus loin que la fois précédente. C’est une victoire sur moi-même. » Son record personnel est de 6mn27s.
Il n’y a pas d’âge pour figurer au plus haut niveau en apnée statique. La championne de France est âgée de 55 ans.
Béatrice Ernwein évoque le championnat d’Europe à Ténérife et qui lui a permis de prendre une honorable 5e place.
« C’était ma première expérience au niveau international. J’espérais mieux mais mon prochain objectif sera le championnat du monde en 2015 à Turin. Il me faudra réussir une bonne année afin de conserver ma place en équipe de France. »
Béatrice Ernwein n’a donc pas terminé de cumuler à la fois son activité musicale avec le violon et la pratique de l‘apnée statique. Elle va continuer d’apporter son expérience à ses élèves et tenter d’améliorer sa meilleure performance dans l’eau.
Lionel HERBET