Préparation mentale : Présentation du rôle de préparateur (1)

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Sans plus attendre, voici son premier article. Bonne lecture !

Le préparateur mental, le sorcier et l’exorciste

« City, champion au mental » a-t-on pu lire sur Yahoo il y a quelques semaines pour annoncer le sacre du club de Manchester City en Premier League Anglaise. De même, Nice Matin expliquait la défaite de Jo Wilfried Tsonga face à Roger Federer au dernier Open de Monte Carlo par un « craquage mental ».

Ce ne sont là que deux exemples récents de commentaires ou d’analyses que l’on peut très régulièrement lire au sujet de rencontres sportives, de matches ou de compétitions. Mais de quoi parle-t-on ? Manchester City est une équipe talentueuse, qui faisait clairement partie des favoris du championnat anglais. Le club possède de très nombreux atouts (puissance financière, joueurs de très haut niveau, entraîneur reconnu, …) et au final on invoque le « mental » de l’équipe pour expliquer ce résultat. Roger Federer a les qualités physiques, techniques et tactiques suffisantes pour battre à peu près n’importe quel joueur sur la planète mais c’est à un autre niveau, sur le « mental », que Jo Wilfried Tsonga semble avoir perdu son quart de finale monégasque. Quelle est donc cette composante étrange, aux contours assez flous mais qui semble pour autant si importante quand il s’agit d’atteindre des résultats sportifs significatifs ?

Lorsque l’on demande à des athlètes de définir ce terme de mental ou d’y associer d’autres idées, on retrouve souvent parmi les réponses les plus citées des concepts aussi variés et différents que le stress, la concentration, la motivation, la cohésion d’équipe, la maîtrise de soi, l’engagement ou la confiance. Toutes ces réponses sont bonnes et il est ainsi difficile de trouver un dénominateur commun pour définir rapidement ce qu’est le mental dans le domaine du sport. On peut simplement remarquer qu’on invoque le mental essentiellement pour la compétition. ll est assez rare d’entendre dire qu’un athlète a fait preuve d’un gros mental ou inversement d’un craquage mental à l’entraînement…

L’être humain n’est pas une machine. L’athlète consacre des heures entières à répéter des gestes techniques, des combinaisons, à réviser des schémas tactiques ou à faire progresser ses capacités physiques. Pour autant,  le jour de la compétition venu, il ne peut que constater que toutes les habiletés techniques et physiques qu’il a patiemment entrainées ne s’expriment pas de la même façon qu’à l’entrainement. Pour certains, il existe des facteurs comme le stress qui vont limiter ces habilités. Pour d’autres, c’est la motivation qui va au contraire les booster. On touche là précisément au rôle du « préparateur mental » : c’est celui qui va aider l’athlète à optimiser sa performance, c’est à dire qui va lui permettre d’exprimer au mieux dans le contexte de la compétition les habiletés techniques, tactiques et physiques acquises à l’entrainement.

Au regard des très nombreuses facettes du terme mental, on pourrait alors croire que le préparateur mental est une espèce de sorcier, chargé à partir de plusieurs ingrédients de base de trouver une alchimie pour que tout aille dans le sens de la performance et du résultat. Une espèce de formule magique alliant concentration, motivation en engagement. D’autres vont au contraire voir le préparateur mental comme un exorciste, chargé de chasser les démons qui empêchent un athlète d’exprimer pleinement son potentiel (comme le stress ou le manque de confiance).

Pour autant le travail du préparateur mental se base sur des outils éprouvés, sur des techniques élaborées par des spécialistes du comportement humain ou par des psychologues habitués à travailler avec des athlètes. A chaque facette du mot mental correspondent des concepts et des outils de travail qui permettent à l’athlète d’évoluer et d’optimiser sa performance en compétition. De ce point de vue-là, le préparateur mental est bien loin du magicien.  C’est simplement un acteur de l’entrainement et de l’accompagnement de l’athlète. Il a été formé et sensibilisé à la maitrise de tous les facteurs « extra-sportifs » qui peuvent influer sur la performance.

Dans les faits,  l’entraîneur est très souvent le premier préparateur mental. Il inclut généralement  dans le travail qu’il construit avec l’athlète des phases spécifiques pour développer certaines habilités mentales comme la motivation au travers de la fixation d’objectifs par exemple. Il est en revanche souvent démuni lorsqu’il s’agit de réduire le stress, de développer la concentration ou d’améliorer la cohésion d’une équipe. Par ailleurs, en raison de la relation très particulière qu’il entretien avec l’athlète, il ne lui est pas toujours possible d’intervenir efficacement. Le manque de recul sur certaines situations, la proximité et les liens affectifs ou le simple de fait d’être partie prenante d’un conflit limitent très nettement ses moyens d’action. L’intervention d’un préparateur mental peut alors servir à identifier certains blocages ou certaines opportunités d’amélioration. Parce que c’est un expert formé et parce qu’il peut se permettre une position de recul et de distance avec les athlètes, il peut proposer des solutions et des pistes d’amélioration.

Le mental n’est pas un super pouvoir que certains auraient et d’autres pas. Il passe par des apprentissages souvent longs pour arriver à devenir performant. Le préparateur mental est un entraineur, il adapte sa stratégie et son plan d’action à l’athlète avec lequel il travaille. Même s’il traite de psychologie sportive, c’est avant tout un spécialiste de la performance, sa tâche est donc orientée. Il ne s’agit donc ni d’un sorcier, ni d’un exorciste. Il s’agit simplement d’un spécialiste qui va compléter l’apprentissage des habilités techniques, tactiques et physiques par celui d’habiletés mentales propres au sport de compétition.

Frédéric FENOUL

Publié par La Rédaction

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