TRIATHLON : Lisa Lecomte, quatrième des Championnats du monde junior

photo 4
Ⓒ FFTRI/EMMA DELORME
Publicité des articles du site GazetteSports

La Samarienne, Lisa Lecomte, s’est très largement démarquée en terminant quatrième des Championnats du monde junior, à Wollongong, en Australie, vendredi 17 octobre.

Formée au club d’Amiens Métropole Natation dès l’âge de six ans, puis entraînée par Daniel Saint-Paul au sein de l’Amiens Université Club pendant ses années de collège en demi-fond, Lisa Lecomte évolue désormais dans un groupe d’entraînement de triathlon à Rennes, sous la tutelle de Robin Lemercier, où elle conjugue ses études de kinésithérapie avec son statut de triathlète de haut niveau. Malgré des semaines chargées comptant jusqu’à 25 heures d’entraînement hebdomadaires, la jeune native de la métropole amiénoise semble avoir trouvé un équilibre qui lui correspond parfaitement. Fraîchement rentrée d’Australie mardi, elle est venue se ressourcer auprès de sa famille à Amiens et en a profité pour se confier sur sa quatrième place inattendue aux Championnats du Monde Juniors, après une 8e place l’an passé : « L’année dernière, j’étais un peu déçue, parce que je n’étais pas bien. Cette année, c’était différent : j’ai eu beaucoup de blessures, j’ai eu du mal à me remettre de mon tendon d’Achille. Du coup, je venais sans trop savoir à quoi m’attendre. Aux Europe, j’avais fini huitième, mais ce n’était pas la même configuration de course. On va dire que je venais pour faire un top 10, mais on veut toujours gagner, c’est sûr. La quatrième place, je ne m’y attendais pas, surtout que j’étais troisième pendant tout le temps, sauf sur les 200 derniers mètres où on m’a doublée. »

publicite cit dessaint 2 gazette sports

Avantagée par le changement de parcours en natation, pour éviter de trop s’approcher des baleines et rester proche du bord, Lisa s’est rapidement placée parmi les cinq premières. « Ça a priorisé les cassures, et comme il y avait beaucoup plus de relances, ça a été bénéfique pour les meilleures nageuses, car les autres ne pouvaient pas se mettre dans la vague. » Sur le vélo, elles se sont échappées à cinq, creusant un écart de 40 secondes, suffisant pour rester aux avant-postes. Pendant les 4,8 km de course à pied, la Samarienne a maintenu sa position sur le podium, mais à 200 m de l’arrivée, elle s’est fait dépasser par la Slovaque Diana Dunajska. Pas de désillusion pour elle, puisque sa performance dépassait ses attentes après une saison compliquée, marquée par une blessure qui l’a empêchée de bien s’entraîner en course à pied : « En y repensant, j’ai fait ah purée, j’aurais bien voulu faire troisième, mais si on m’avait dit ‘tu vas faire quatrième’, j’aurais signé direct. » Le parcours vallonné a été exigeant, avec ses nombreuses montées et descentes : « Il y avait aussi beaucoup de vent, ça a beaucoup joué sur le temps. Ça casse, et avec ma préparation moins bonne en course à pied, je sentais que j’avais les jambes lourdes avant le départ. » Heureusement, la natation a été en sa faveur. Nageuse à l’origine, elle était dans son élément : « Je préfère la natation, je suis plus à l’aise. Mon point faible, c’est le vélo, et la course à pied, c’est entre les deux. Heureusement qu’on a trois sports, parce que faire tout le temps la même routine, je n’aurais pas tenu. »

photo 3

La Somme comme tremplin vers le haut niveau

Toute jeune, Lisa découvre le sport à travers à ses parents. « J’ai toujours fait un peu de sport depuis que je suis toute petite, donc c’était un peu normal de continuer là-dedans », raconte-t-elle. La natation la fait très vite vibrer. Après son passage par les « bonnets blancs et jaunes », elle intègre la section natation du collège La Providence, avec des horaires aménagés. En parallèle, l’athlétisme l’attire. Démarquée lors des cross, elle alterne entre natation et athlétisme, un rythme soutenu pour une jeune fille de 13-14 ans : « Le matin, je nageais de 10h à 12h entre les cours, et le soir, je finissais les cours à 17h, je descendais la rue Saint-Fuscien et je faisais de l’athlé de 17h30 à 19h. » Aujourd’hui, cela fait sept ans qu’elle se lève entre 6 et 7h pour aller nager. « Ça ne me dérange pas, j’ai l’habitude de ce rythme-là. Ça me réveille. Maintenant, si je ne nage pas le matin, je suis un légume toute la journée. » Posée, Lisa n’a pas le sentiment de passer à côté de sa jeunesse, même si sa vie sort de l’ordinaire : « C’est 4h de sport par jour, plus 4h de cours, plus 1h à 2h de révisions. Souvent, je pars de mon appartement à 7h et je reviens à 20h. Le soir, je me demande ‘qu’est-ce que je dois prendre en termes d’équipement et comment je m’organise ? Et après il y a la récupération qu’on ne voit pas. » Le triathlon est une affaire de famille : influencée par sa grande sœur, Marceau s’y est mis également. « Il m’a suivi, c’est un gros copieur ! », en rit-elle. Leur père a lui aussi rejoint l’aventure depuis qu’elle pratique : « Heureusement, parce que quand je rentre le week-end, sinon je ne les verrais pas et ça me fait des gens avec qui rouler. » Dorénavant, elle est licenciée en triathlon à Issy-les-Moulineaux, en natation à Moreuil et en course à pied, à l’Amicale du Val de Somme, avec la team Chérif.

Une nouvelle saison en U23

Cette année, Lisa franchit un cap. Elle quitte la catégorie junior pour concourir dans les compétitions senior. « On passe de courir avec des gens de notre âge à des personnes qui peuvent avoir dix ans de plus ». Le changement se situe aussi dans le format des courses : ce n’est plus le S (750 m de natation, 20 km de vélo, 5 km de course à pied), mais le M, le format olympique aux distances doublées. Seuls les championnats d’Europe ou du Monde la verront concourir uniquement avec les U23, autrement, elle sera mélangée avec les seniors, même si un classement spécifique U23 restera possible. La passion prime : «Si je peux vivre du triathlon, faire comme Léonie (Périault), Cassandre (Beaugrand) et les autres, moi je prends. Mais si je ne peux pas, j’ai la kiné derrière. Les deux, ce sont des sorties qui me plaisent. » En attendant de voir comment se dessinera son avenir, elle profite de cette vie atypique, où elle visite les quatre coins du monde, à travers une dizaine de compétitions par an.

Sabine Loeb
Crédit photo : FFTRI/Emma Delorme – DR