Six semaines après la disparition de Victor Godbert, un autre très grand foncier du ballon au poing nous a quittés à son tour, le 11 janvier. Pierrot Lépinoy s’est éteint à la suite d’une brève mais très cruelle maladie, il allait avoir 84 ans le 21 février.
Pierrot a été un foncier exceptionnel lui aussi. Joueur robuste, athlétique, il possédait une élégance de jeu et une puissance peu communes. Il avait l’art de « se coucher » véritablement sur le ballon pour l’expédier néanmoins à des distances exceptionnelles, autant au bond qu’à la volée, sa frappe était d’une véritable pureté.
Compétiteur doué, précoce, il a remporté entre 1949 et 1952, outre une coupe de régularité, quatre drapeaux de suite avec son équipe de Treux. Le drapeau junior en 1949 et 1950, celui de première en 1951 et celui d’Excellence, le 17 août 1952, faisant de lui, à tout juste 18 ans et ½, le plus jeune foncier vainqueur du trophée dans la catégorie suprême. Ce record tient toujours !
Il a rencontré lui aussi les plus valeureux et il les a tous battus, sa carrière a malheureusement été freinée par sa mobilisation pour aller servir en Algérie. Tenu deux ans éloigné des terrains de ballon, il a repris la compétition, gagné néanmoins de nombreux premiers prix et s’est offert des coupes renommées, telle la coupe Eugène Lenot.
Il aimait rappeler ses duels épiques pour le gain de cette coupe, opposé à a son camarade Arthur Petit de Beauquesne. Pierrot a bien sûr affronté les Maisse, Godbert, Uchart, Carton, Jourdain, Tourbier, Falize, Cauet, Devillers, Deberly, Lenot. A chaque fois qu’il évoquait ces noms, c’est avec beaucoup d’estime et de respect qu’il le faisait.
Pierrot a ensuite joué sous les couleurs d’Amiens, de Morlancourt et de Buire sur Ancre. Il avait encore assisté à quelques concours l’été dernier. Selon Gilles Caron, véritable spécialiste en ballon au poing, sa formation favorite était celle de Senlis le Sec. « Parce que c’était celle au sein de laquelle évoluait son petit-neveu : Benjamin Vitte. Il appréciait beaucoup lorsque Benjamin traversait la place pour venir le saluer dès qu’il l’apercevait.«
Il a eu également un très beau parcours de footballeur au sein du GSP Albert devenu l’Albert Sports Football. Ses mêmes qualités athlétiques faisaient de lui un joueur-clé de sa formation qui évoluait alors au plus haut niveau interrégional, ses coups-francs en pleine lucarne, frappés des trente-cinq mètres étaient très fréquents.
Gilles Caron ajoute à l’attention de son ami : « Ton parcours sportif est à ranger parmi les meilleurs. Salut Pierrot, salut l’ami, merci pour ce que tu as apporté au ballon au poing, nous n’oublierons pas le beau joueur que tu étais ».
Les obsèques de Pierrot Lépinoy auront lieu lundi 16 janvier à 10 heures, en l’église de Morlancourt.
Sur la photo : Pierrot aux côtés de son père tient le drapeau de 1ère, en 1951.
Pierrot Lépinoy, Alexis Dégardin, René Lenglet, Maurice Lépinoy, Michel Alexandre et Julien Tarin.