Durant ses dix saisons sous les couleurs de l’Amiens SC, Régis Gurtner n’a cessé d’époustoufler la Licorne par des arrêts aussi spectaculaires qu’efficaces. Retour sur la carrière de celui qui a fait les beaux jours de l’ASC et qui pourrait bien lui manquer.
La nouvelle de son départ est apparue comme un choc auprès de tous les supporters. S’ils ne voulaient pas voir un joueur s’en aller cet été, c’était bien Régis Gurtner, gardien emblématique, voire légendaire, de l’Amiens SC pour certains. Le portier alsacien risque de laisser un grand vide dans les cages de son équipe, elle qui s’était peut-être même trop habituée à compter sur ses exploits pour conserver un résultat. Car s’il est difficile de quantifier le nombre de points sauvés grâce à ses envolées, il est certain que Régis Gurtner a largement contribué à l’âge d’or du club dirigé par Bernard Joannin alors que rien ou presque ne le prédestinait. Car, après presque 100 matchs sous les couleurs de l’US Boulogne, il s’envole pour Le Havre pour la saison 2014-2015, un exercice durant lequel il ne dispute que quatre matchs de Ligue 2. Son arrivée à l’ASC dès la saison suivante est donc un petit point d’interrogation, étant donné qu’il a déjà 28 ans et que le club mise tout sur lui, s’étant séparé de tous ses gardiens de l’exercice précédent.
Mais ce recrutement de Régis Gurtner fut probablement le meilleur transfert jamais effectué par Amiens. Il montre d’entrée de belles dispositions en réalisant trois clean sheets lors des quatre premières rencontres de championnat. À la fin de la saison 2015-2016, Amiens termine 3ème et 2ème meilleure défense du championnat pour monter en Ligue 2. La suite, tout le monde la connaît : une deuxième place en Ligue 2 grâce à la meilleure défense et une première montée historique en Ligue 1. Durant ces trois saisons dans l’élite du football français, celui qui s’est définitivement imposé comme une valeur sûre à son poste va complètement se mettre au niveau et devenir l’un des meilleurs gardiens du championnat, permettant à l’équipe de se maintenir deux saisons en étant notamment la quatrième meilleure défense en 2017-2018. Élément particulièrement essentiel du fait du style de jeu plutôt défensif proposé par Christophe Pélissier, il ne put à lui seul éviter la relégation de son équipe à la fin de l’exercice 2019. Mais symbole d’une fidélité sans faille, Régis Gurtner ne quittera pas l’ASC les saisons suivantes malgré les propositions de Lorient ou encore d’Auxerre, là où Pélissier a officié.
C’est finalement à l’issue de sa dixième saison au club, après 355 rencontres disputées sous la tunique amiénoise, que le dernier braqueur (nom donné aux joueurs composant l’équipe qui est montée en Ligue 1) a décidé de faire ses valises pour un ultime défi, en Ligue 1, à Lens. Extraordinaire sur sa ligne, solide dans les airs, agressif dans les pieds, le désormais ex-capitaine de l’ASC avait tout pour lui, si ce n’est peut-être l’exercice des tirs au but et les renvois aux six mètres, nombre d’entre eux terminant en touche. Mais qu’importe, ses performances ont fait de lui une icône du club et auront touché le cœur de tous les supporters. Il est le seul à avoir fait l’unanimité lors de l’entièreté de son passage au club, le seul à avoir eu une écharpe à son effigie, le seul à avoir un chant à son nom (Régis « On fire ») et peut-être, un jour, le seul à avoir sa statue devant le stade de la Licorne. Régis était unique et lui succéder sera très difficile. Soyons tristes de le voir partir, mais soyons fiers de l’avoir eu parmi nous. Toutes les bonnes choses ont une fin et son aventure à Amiens ne pouvait, de toute façon, pas faire exception.
Dix saisons, dix statistiques de Régis Gurtner à Amiens
31 849 minutes : le portier alsacien a porté le maillot d’Amiens en match officiel l’équivalent de près de 531 heures, soit plus de 22 jours consécutifs. Un autre exemple d’une longévité et d’un engagement exceptionnels durant plusieurs années.
2 : il est officiellement le deuxième joueur le plus capé de l’histoire de l’Amiens SC avec 355 rencontres, Paul Imiéla comptant aux alentours des 400 matchs. Mais ce dernier a, en grande partie, évolué au club lorsqu’il évoluait en amateur. À l’échelle du football professionnel, Régis Gurtner est le numéro un.
116 : c’est le nombre de clean sheets (matchs terminés sans encaisser de but) que Régis Gurtner a réalisés sous les couleurs de l’ASC, soit un tous les trois matchs environ. Une réelle prouesse lorsque l’on sait que son équipe a majoritairement évolué au milieu de classement, voire en bas de tableau.
103 : il reste à ce jour le seul joueur à avoir disputé plus de 100 matchs de Ligue 1 avec Amiens, loin devant Monconduit (86 matchs).
153 : c’est le nombre de matchs disputés aux côtés de ce même Thomas Monconduit, du National à la Ligue 2 et jusqu’à l’issue des trois saisons en Ligue 1. De retour en janvier, ce total a légèrement augmenté. C’est évidemment le coéquipier avec qui Gurtner a le plus joué lors de son passage à Amiens.
17 : c’est le nombre de rencontres jouées contre Guingamp, l’équipe qu’il a le plus affrontée avec Amiens devant le Paris FC et Rodez (14 matchs). Parmi les 15 formations qu’il a affrontées au moins dix fois, Guingamp est d’ailleurs celle qui lui réussit le mieux (9V, 6N, 2D). Le Paris FC (aucune victoire) et Toulouse (une victoire) ont été ses bêtes noires.
1 : le gardien amiénois n’aura concédé qu’un seul carton rouge en une décennie, lequel a été reçu en quart de finale de Coupe de Ligue 2018 contre le PSG. Gurtner tacla maladroitement en dehors de sa surface sur Kylian Mbappé et fut logiquement exclu.
5 : Régis Gurtner n’aura stoppé, selon le site Transfermarkt, que cinq pénaltys lors de son aventure samarienne, pour 48 concédés, témoignant de sa relative faiblesse dans cet exercice avec 10 % d’arrêt. Cette statistique ne prend cependant pas en compte les pénaltys non cadrés par l’adversaire.
11 : c’est le nombre de coéquipiers à son poste que Régis Gurtner a côtoyés durant ces dix saisons. Aucun n’est jamais parvenu à le déloger de son rang de premier gardien.
6 : Régis Gurtner jouit d’une incroyable régularité quant à sa présence dans les buts : presque jamais blessé ou malade, il n’aura manqué que très peu de rencontres de championnat, réalisant même six saisons à 100 % de titularisation. Il a toujours dépassé les 30 rencontres de championnat, son plus faible total étant lors de la saison 2020-2021 (31).
Simon Vasseur
Crédit photo : Léandre Leber, Théo Bégler & Kevin Devigne – Gazettesports.fr