La première conférence sur le thème « Héritage des Jeux Olympiques » s’est déroulée ce jeudi dans la Maison des Sports à Amiens, en présence de sportifs de toutes disciplines et celle d’Erika Sauzeau, médaillée aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021.
David Pruvot et Sébastien Becuwe sont des spécialistes de ce qu’on appelle désormais dans le monde sportif (et pas seulement), la préparation mentale. Tous deux avaient insisté sur cette notion de préparation mentale et notre conclusion avait été la suivante : dans le sport de haut niveau, la différence se fait au mental. En juin dernier, ils étaient venus à la Maison des Sports à Amiens, avant le déroulement des Jeux Olympiques, afin de traiter ce problème qu’est la préparation mentale du sportif et dont il faut reconnaître qu’elle en est à ses débuts. Les générations qui vont venir seront mieux préparées et si encore aujourd’hui des clubs professionnels n’ont pas de préparateur, nul doute qu’à l’avenir ce délicat problème sera réglé. Les JO nous ont apporté certains exemples de ces athlètes qui, pour s’imposer, ont su bénéficier du travail mental qui avait été réalisé avant les épreuves.
Cette conférence de juin avait été un succès au point d’inciter le Département de la Somme a poursuivre ce genre de soirées. Le sujet traité ce jeudi était le suivant : « Développer une stratégie mentale pour atteindre un objectif sportif ». Les deux orateurs ont dans un premier temps, expliqué leur démarche du mois de juin. « Cela avait permis d’initier une certaine dynamique sur l’importance de la préparation mentale et son implication dans le sport de haut niveau. Nous voulions sensibiliser les sportifs locaux et un cercle un peu plus large de l’importance d’être prêts non seulement physiquement, techniquement, tactiquement mais de faire les mêmes efforts au niveau du mental et ce, au quotidien. »
David Pruvot et Sébastien Becuwe ont ensuite expliqué leur façon de voir les choses, l’importance du mental et sa distinction avec le moral, qui sont des notions différentes. « On peut très bien avoir le moral tous les jours et, dans le même temps, avoir une force mentale faible et à l’inverse connaitre des aléas sur le plan du moral et finalement, dans certains moments, faire preuve de résilience et de force mentale » expliquent-ils. Le moral peut être fluctuent et peut être impacté par les aléas de la vie au quotidien, la météo, des chocs émotionnels qui peuvent mettre le moral en berne.
« Etre prêt mentalement, tout le monde en est conscient mais comment le faire ? » Le fil conducteur de la conférence de ce jeudi était la capacité d’entraîner son mental en faisant un travail régulier voire quotidien. « C’est ce qu’on appelle la stratégie mentale qui permet d’avoir une projection sur le long terme et d’appréhender une compétition comme une étape » précisent les deux orateurs. « L’objectif est d’être capable d’exploiter pleinement ses capacités le Jour J, le moment où il faut réussir la performance. » Les deux hommes ont aussi évoqué le cas des jeunes, parfois désarmés car ils ne sont pas prêt mentalement et qui sont impactés par des problèmes financiers.
Léon Marchand et les sportifs individuels comme modèles
Un exemple à suivre dans cette approche mentale, Léon Marchand. « Il est ouvert à ce problème et il en parle. Cela fait plusieurs années qu’il travaille ce sujet. C’est pour lui une clé pour performer durablement. Léon a une grosse avance sur ses adversaires » estiment les deux conférenciers. Très jeune, il a été sensibilisé à la préparation mentale et il a su parfaitement gérer la pression car il s’y était préparé. « Nous n’avons pas été surpris par ses exploits ». Alors, quel est son secret ? « Cela peut passer par une visualisation et imaginer tout ce qui peut arriver pendant l’épreuve. Imaginer c’est déjà se préparer et l’athlète est dès lors moins déstabilisé. Penser non seulement à la victoire mais aussi à tout ce qui peut arriver » expliquent David Pruvot et Sébastien Becuwe.
A première vue, les sportifs individuels en avance dans le domaine de la préparation mentale. Le champion de tennis Novak Djokovic a autour de lui huit préparateurs mentaux. Teddy Riner a aussi été un précurseur dans ce domaine. Mais alors, pourquoi les sports collectifs ne sont pas encore à la page sur le sujet ? « L’athlète ne peut pas se cacher derrière un collectif. Il est confronté essentiellement à lui même et il prend conscience qu’il doit travailler sur lui » expliquent les deux orateurs. Pourtant, leur conclusion a été claire: un préparateur mental n’est pas un magicien et en aucun cas un réparateur mental. Il n’est pas un pompier de service. Si l’entrainement physique est important au quotidien, celui de la préparation mentale l’est également et il doit être effectué avec discipline. Enfin, pour ces deux spécialistes, le mot « échec » ne doit jamais être positif et il n’y a pas de « défaite encourageante ». David Pruvot et Sébastien Becuwe reviendront en novembre dans cette même salle de la Maison des Sports à Amiens, pour une nouvelle intervention.
Notre photo: David Pruvot et Sébastien Becuwe
Lionel HERBET.