PADDLE : Le city tour non-stop 2024 vu par Franck Ballesta

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Les 7 et 8 septembre, Franck Ballesta, adhérent de l’Amiens Paddle Club, participait au city tour non stop. Une course de 205 km en paddle. Le Samarien nous livre son récit, dans lequel les fans d’ultra longue distance pourront certainement se retrouver.

Le city tour non stop est une course longue distance sur laquelle il s’agit de faire une boucle en stand-up paddle qui part et revient à Leuwaarden, ville située au nord des Pays-Bas, après avoir traversé 10 villes. La distance à parcourir est de 205 km, et plusieurs formats sont proposés. Le premier amène à réaliser la course en 5 jours, soit 40 à 45 km par jour. Le second, en non-stop, c’est-à-dire départ le samedi avec une arrivée… quand on peut ! 

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Franck Ballesta se lançait pour la première fois sur la version solo non-stop : « J’avais pris des conseils d’organisation auprès d’un collègue suisse qui l’avait terminé plusieurs fois en solo sans équipe d’assistance. Dans les semaines qui on précédé le départ, j’ai échangé avec Eric Beuvry, président de l’Amiens Paddle Club et son implication dans mon projet m’a fait chaud au cœur. Je souhaitais soutenir une cause en relevant ce défi et nous avons contacté tous deux Christophe Mathevet, président de l’association « Paddle contre Parkinson« . »

Le Samarien retrouve des collègues le jeudi précédent le départ pour « parler organisation ». L’occasion également de faire quelques courses et de préparer ses équipements, notamment sa montre, sa batterie, indispensable pour recharger celle-ci pendant l’épreuve, ainsi que la lampe qui a servi à l’éclairer, car comme il le mentionne, « cette année la nuit serait sans lune. »

Côté organisation des ravitaillements, quatre points sont mis en place : Sloten (1), Workum (2), Franeker (3) et Dokkum (4). Franck Ballesta prend donc ses dispositions pour avoir de quoi grignoter et boire à chacun d’eux, une étape importante sur des épreuves aussi longues.

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Samedi 7 septembre, place au grand départ pour l’Amiénois, qui nous livre le récit de cette folle épopée :

« 1e étape : Leuwaarden – Sloten : Le départ est donné à 8h. Les paysages sont magnifiques et alternent entre villes, forêt et campagne. Le point d’orgue à la fin de cette étape est le Soltenmeer, un lac qui, selon la météo, est un allié ou un ennemi. Cette année, un peu de vent de face et de clapot mais rien d’insurmontable. En arrivant à l’entrée du canal vers Sloten, certains en ressortent déjà : ils ont déjà fait l’aller-retour et leur pause ravitaillement. En arrivant à Sloten, vers 14h, c’est mon premier ravitaillement de ce type. J’ai bien organisé les choses mais il faut rester concentré : mettre la poudre et l’eau dans les deux sacs d’hydratation, évacuer les emballages vides, recharger en nourriture solide…

2e étape : Sloten – Workum : On reprend le canal en sens inverse et on tourne à gauche pour traverser le SlotenMeer dans un autre axe. On a le vent et les petites vagues dans le dos. Le vent rafraichit donc moins et la chaleur de l’après-midi se fait sentir. Bien m’a pris de prévoir une bouteille d’eau en plus de mes deux sacs d’hydratation. Les passants et les équipes d’assistance encouragent et applaudissent. Ça fait du bien au moral. On traverse des jolies villes. Suivent deux autres lacs : Alte Carre et Morra. En fin de journée, à Workum, vers 20h, un peu de lassitude mais tout va bien, même protocole qu’à Sloten pour le ravitaillement.

3e étape : Workum – Franeker : Le soleil décline, les températures aussi et je retrouve de la vigueur. On arrive sur de la navigation de nuit. Je n’avais pas fixé ma lampe sur la planche avant de partir et je me demande comment m’y prendre. L’équipe de soutien de Tineke Merkus me prête main-forte et après avoir constaté que le scotch ne colle pas sur une planche humide et froide, nous décidons de l’accrocher dans le filet de pont. Problème : je la fais bouger dès que je me sers dans le filet. De plus, la lampe est trop basse : elle éclaire l’avant de la planche mais la zone située devant la planche est dans l’ombre. Résultat, je vois mal les plantes flottantes et, faute de les éviter, je récolte. Il me faut donc m’arrêter régulièrement pour enlever les plantes coincées dans l’aileron. En plus, je tombe deux fois. En pleine nuit, avec la fatigue, ce n’est vraiment pas idéal.

4e étape : Franeker – Bartlehiem : J’arrive ainsi à Franeker passablement fatigué, sans rythme et avec l’impression de ne plus avoir le temps de rallier l’arrivée dans les délais. Marije, une organisatrice que je connais depuis 9 ans, me parle et là, distrait, je retombe… Je remonte sur ma planche puis m’assied sur le quai. Décidé à jeter l’éponge. Et là, toute la « science » de Marije se met en jeu. Elle trouve une couverture pour me couvrir, me garde dans le bon état d’esprit, m’accompagne dans mon ravitaillement. Réchauffé et rasséréné, je décide de repartir. Mes cuisses et mes genoux me font mal néanmoins. Le manque de préparation se fait sentir. J’ai du mal à ramer en puissance. Heureusement, le vent fort dans mon dos m’aide à tenir une vitesse à peu près décente.

Les deux plats de résistance sont deux écluses : descendre de la planche, la sortir de l’eau, la porter, la remettre dans l’eau, remonter dessus. Après 160 km de rame, c’est un défi. Vers 14h, on me demande si je veux descendre vers Dokkum, en suivant la route normale ou si je veux directement aller à Leuwaarden. Cela m’économise 20 km mais je n’aurais pas la médaille à l’arrivée. Les forces me manquent et je me décide pour la 2e option. 

Je prends la direction de Leuwaarden et je suis accueilli par un vent de face qui m’oblige à me mettre à genoux pour ne pas reculer. Je tente cette épreuve pendant deux kilomètres et ne prends évidemment aucun plaisir. Je me pose sur un ponton au bord du canal et appelle l’organisation pour leur indiquer que je m’arrête là. Cette décision peut paraitre étrange. Il me restait entre 10 et 15 kilomètres à parcourir. Mais j’avais la sensation d’en avoir suffisamment appris pour cette année. Je ne souhaitais pas me dégoûter de l’épreuve. Au contraire, je sentais que cela me motivait pour revenir en optimisant mon entrainement et ma logistique de course. Je me suis alors fait ramener à l’arrivée et j’ai profité de l’ambiance tout en applaudissant chaleureusement les valeureux qui arrivaient à la rame. Certains ont ramé plus de 36h pour boucler la boucle.

Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu dont l’Amiens Paddle Club et son président, l’association Paddle contre Parkinson. Je donne rendez-vous au 11-city tour non-stop solo en 2025 et espère être effectivement à Leuwaarden le jour J en septembre 2025. »

Récit de Franck Ballesta
La Rédaction
Crédit photo : DR – Amiens Paddle Club

Publié par La Rédaction

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