Nouveau retour de Lionel Herbet sur l’histoire des Jeux Olympiques, cette fois pour traiter de l’attribution de l’édition de 1992.
Dans notre précédent article consacré aux Jeux Olympiques, nous avions évoqué ceux de 1980 à Moscou et la belle performance de l’haltérophile amiénois Daniel Senet, 4e après avoir battu ses records de Montréal quatre ans auparavant. Ce total de 300 kg lui avait permis de terminer 2e au classement. Ces Jeux de Moscou en 1980 étaient marqués par le forfait des États-Unis et de nombreux pays africains. Quatre ans plus tard, retour du bâton et cette fois, ce furent les athlètes des pays de l’ Est qui ne venaient pas à Los Angeles.
À Moscou, Daniel Senet avait été devancé par des Bulgares et des Allemands de l’Est. Malheureusement, après son titre mondial à l’arraché en 1981 à Lille, Daniel Senet décida de prendre sa retraite alors qu’il était encore en pleine possession de ses moyens. Plus tard, l’Amiénois a regretté son départ à la retraite, car il était persuadé qu’il aurait été champion olympique à Los Angeles, mais on ne refait pas l’histoire. Il s’en est passé des choses dans la ville américaine en cette fin du mois de juillet 1984, avant le début même des compétitions.
D’abord, ces Jeux étaient les premiers du nouveau président du CIO, l’Espagnol Samaranch, qui avait succédé à l’Irlandais Lord Killanin. Même s’il regrettait l’absence des Soviétiques, le CIO accueillait le grand retour de la Chine. Pensez que la plus grande nation au monde n’avait plus participé aux Jeux depuis Los Angeles en 1932. Alors qu’il n’y avait qu’un seul participant chinois en 1932, cette fois ils étaient 300 au rendez-vous avec de grosses ambitions.
Toujours en cette veille de l’ouverture officielle qui fut marquée par le choix du célèbre athlète du 400 m haies Edwin Moses pour prononcer le serment olympique ; en coulisses, on se démenait sans compter avec la présence d’une forte délégation de la Ville de Paris. En effet, nous étions en 1984 et Paris était officiellement candidat pour organiser les Jeux de 1992 qui iront, on le sait, à Barcelone. Le choix définitif ne devant avoir lieu qu’en 1986, les villes candidates étaient donc venues présenter à la presse du monde entier leur projet. Paris n’était pas seul puisque Barcelone, évidemment, mais aussi Amsterdam, étaient candidats. Chaque délégation essayait de faire au mieux pour se faire remarquer, et ainsi, pour ce qui concerne Paris emmené par son maire Jacques Chirac, on avait misé bien sûr sur des réceptions avec champagne.
Les journalistes avaient reçu le carton d’invitation, mais il y avait un changement de dernière minute puisque le gouvernement venait de changer avec un nouveau Premier Ministre Laurent Fabius. Mais surtout, au ministère des sports, l’ancien champion du monde de patinage artistique Alain Calmat était en place au détriment de Madame Edwige Avice. Alain Calmat avait eu le temps de prendre le premier avion et d’arriver sur place pour défendre les intérêts de Paris. Ces Jeux de 1984 étaient aussi marqués par le grand rendez-vous de la jeunesse du monde entier à Los Angeles. Il s’agissait de regrouper les espoirs de tous les pays et c’est ainsi que pour la France, le Comité national olympique et le Ministère de la Jeunesse et des Sports avaient défendu cette superbe idée. Chaque discipline avait un représentant et c’est ainsi que la Somme avait un heureux participant : le pongiste François Farout qui a porté les couleurs du club d’Amiens.
Enfin, terminons par une note positive. Dans le village olympique où se trouvaient déjà 120 athlètes français, on célébrait la première médaille du tireur Carrega. La Marseillaise devait alors retentir, ce qui devait beaucoup impressionner la chanteuse Line Renaud qui se produisait régulièrement à Los Angeles et était venue encourager les sélectionnés français.
Lionel Herbet
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