Ces derniers jours les médias ont évidemment consacré de nombreux reportages au nageur amiénois Mewen Tomac. Rien de plus normal pour ce jeune espoir français, candidat sérieux à une médaille à l’occasion des prochains Jeux Olympiques et vraie pépite pour le département de la Somme.
Mewen Tomac a été très sollicité ces derniers jours et c’est normal pour ce quadruple médaillé aux récents championnats d’Europe de natation. Mais ce que le lecteur connait moins bien, c’est que Mewen Tomac possède autour de lui une équipe certes réduite, mais qui veille au quotidien à la fois sur l’entrainement mais aussi à la nutrition, au problème de récupération et enfin à la préparation mentale. Il s’agit d’un secteur encore ignoré ou mésestimé mais qui est très important de nos jours. Qu’il s’agisse du champion individuel mais aussi d’un sport d’équipe.
Aujourd’hui, le préparateur mental est reconnu à juste titre et il faut souligner que Denis Troch, ancien entraineur de l’ASC, à qui il a permis de parvenir en finale de la Coupe de France, a bifurqué vers ce secteur où il a obtenu de brillants succès et pas qu’en football. Par exemple, il a exercé dans le milieu du cyclisme et notamment au sein de l’équipe Groupama avec Marc Madiot. Les résultats sont révélateurs.
Blondeau et Tomac travaillent ensemble depuis cinq ans
Il est clair que pour parvenir au plus haut niveau mais aussi y rester, le sportif a besoin d’un préparateur mental. Nous en arrivons naturellement à Mewen Tomac et à son préparateur mental, Franck Blondeau, ancien joueur de football à l’ASC et Escarbotin. Ce dernier est revenu pour Gazette Sports sur son parcours et son association avec le nageur amiénois :
« J’ai joué et entrainé les 16, 18 ans et seniors de l’ASC. Au total, je suis resté joueur et éducateur une quinzaine d’années dans ce club. J’ai choisi de devenir préparateur mental car j’étais enseignant. J’ai toujours eu envie de développer les qualités mentales des sportifs. C’est un domaine qui m’a fortement intéressé et très tôt, j’étais plus intéressé par le côté mental que le côté sportif. On en parlait peu à cette époque mais j’ai toujours pensé qu’un jour les mentalités évolueraient et qu’il était possible de développer les qualités mentales d’un athlète. Dans le football, jamais je n’ai eu la chance de travailler à l’ASC mais j’ai collaboré avec Fabien Mercadal au club de Dunkerque puis à celui de Quevilly. En ce moment, il m’arrive de travailler avec des joueurs pros mais ils viennent de façon individuelle et à titre privé. Cela fait cinq ans que je travaille avec Mewen Tomac, depuis la saison 2018-2019. Je veux aussi préciser qu’au sein du club d’Amiens Métropole Natation, il y a un véritable travail d’équipe qui est centralisé autour de l’entraineur Mathieu Neuillet avec un préparateur physique, la possibilité de consulter les kinés, un nutritionniste et un préparateur mental que je suis. C’est un vrai collectif qui n’est pas donné à tous les clubs. Il faut souligner cet aspect car le club se donne les moyens pour réussir. Evidemment depuis cinq ans, Mewen a progressé, il a pris de l’expérience et nous avons beaucoup travaillé sur l’approche mentale de ses courses. Il a évolué dans sa confiance. C’est un garçon qui est réceptif et investi dans la démarche. Il a évidemment accepté de travailler dans ce secteur du mental. Avec le temps, il a pris de plus en plus confiance en lui.«
Maintenant quel objectif pour les Jeux ?
« C’est la compétition la plus importante dans le sport mais je pense qu’il va les aborder avec confiance.«
Pour conclure, quand nous lui demandons dans quel domaine le préparateur mental peut encore progresser, Franck Blondeau répond :
« Toutes les recherches sur le cerveau ne sont pas arrivées au terme, il y a encore des moyens de poursuivre et de les explorer. Je pense qu’il y a encore des recherches à faire sur le fonctionnement du cerveau notamment, sur la gestion des émotions et il y a encore des choses à creuser. Nous ne sommes pas encore arrivés au point culminant. Mais personnellement je considère que l’aspect humain, les relations que peut avoir le sportif sont importantes. Ce que ressent le sportif, ce qu’il va ensuite exprimer pour moi, ce sont des choses importantes. De mon côté, j’essaie d’être le plus neutre possible pour que l’athlète puisse s’exprimer au mieux.«
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne et Lionel Herbet – Gazette Sports (archives)