CYCLISME : La Somme a une place unique dans l’histoire du Tour de France

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A quelques jours du départ du Tour de France samedi depuis Bilbao, il nous a été permis d’assister à une remarquable conférence tenue par un historien, passionné de de la Grande Boucle et originaire de Cambrai : Frank Gilson.

L’orateur qui a tenu en haleine son auditoire pendant près d’une heure et demie a donné moultes informations que, personnellement, nous ne connaissions pas et visiblement, nous n’étions pas les seuls. Frank Gilson était invité par les services des Archives départementales de la Somme à Amiens et nous avons regretté que le monde du cyclisme ait brillé par son absence. Dommage car les absents ont eu tort et ils auraient appris des informations concernant ce Tour de France imaginé par Henri Desgranges en 1903 à une époque où la guerre était violente entre les deux grands quotidiens sportifs de l’époque dont évidemment l’Auto.

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Frank Gilson était venu pour évoquer le premier demi siècle du Tour de France de 1903 jusqu’à la Seconde Guerre MondialeLa Somme était traversée au début et à la fin du Tour de France Ce fut évidemment une des principales infos de cette soirée : il est arrivé assez souvent que le Tour de France soit passé à deux reprises dans notre département la même année. C’est unique dans la grande histoire du Tour. Ainsi par exemple quand le départ était donné depuis Paris et les coureurs qui remontaient vers le Nord  traversaient automatiquement notre département (en général Amiens). En fin de course, souvent le dernier jour avant de revenir sur Paris, les coureurs repassaient par la Somme (Abbeville). C’est un fait qui a longtemps, parait-il échappé, aux spécialistes.

Pour mémoire, le Tour de France a vu le jour exactement le 1er juillet 1903 et il faudra attendre 1932 pour qu’Amiens soit pour la première fois ville étape, exactement l’avant dernier jour avec la victoire du populaire André Leducq sur la piste du vélodrome d’Amiens qui a depuis disparu. Il semble qu’Amiens ait battu le record absolu de spectateurs pour un spectacle sportif. Environ 50.000 spectateurs ont assisté à l’arrivée et au départ de la dernière étape. Preuve que déjà bien avant la guerre, le Tour jouissait d’une popularité énorme même si comme aujourd’hui pour ce qui concerne les défilés syndicaux les chiffres ne sont pas les mêmes selon qu’on soit des Syndicats ou de la Police. Car à cette époque, il n’y avait pas de télé, ni de réseaux sociaux et les photos étaient encore rares. L’historien a aussi ajouté que le Tour n’avait pas toujours connu la ferveur populaire. Et pour cause puisqu’à cette époque, les départs avaient souvent lieu la nuit et le public ne se bousculait pas sur les routes.

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« C’est entre 1910 et 1920, un Tour en construction« , précise Franck Gilson, ajoutant que les routes étaient rarement goudronnées et en bon état et que surtout elles n’étaient pas comme aujourd’hui, exclusivement réservées aux coureurs. Il était donc fréquent que des coureurs entrent en contact avec un véhicule venant en sens inverse. Ainsi par exemple en 1924, à Vron dans la Somme, un coureur avait heurté violemment une spectatrice et avait brisé son vélo.

Cette année 1924 qui n’est pas seulement celle des Jeux Olympiques de Paris fut aussi celle de cette fameuse altercation qui avait opposé le patron du Tour, Henri Desgranges, aux frères Pélissier qui étaient très populaires. Desgranges avait exclu les frères Pelissier pour une simple histoire de maillot. Ils avaient alors raconté leur problème au célèbre journaliste Albert Londres qui avait écrit un article qui reste encore dans les mémoires. Un siècle après, le titre de cet article « LES FORCATS DE LA ROUTE » est toujours présent et prouve en tout cas que les champions de cette époque avaient beaucoup de personnalité. 

Henri Desgranges qui avait été recordman de l’heure sur piste reste encore aujourd’hui comme un grand novateur puisque par exemple, il fut le premier à faire appel à des équipes nationales, à mettre en place le maillot jaune, à multiplier le nombre de correspondants de presse pour l’Auto qui racontaient le passage des coureurs dans leur ville et contribuaient ainsi à augmenter le tirage quotidien du journal. Dans la Somme, existaient alors deux quotidiens, le Progrès de la Somme et le Journal d’Amiens, et quand un des deux accordaient moins de place au Tour, le tirage s’en ressentait.

A cette époque, le Tour de France s’appelait encore le Tour de France. Aujourd’hui, on dit tout simplement le Tour car il fait partie de notre patrimoine.

Lionel Herbet 
Crédit Photo : DR – Lionel Herbet

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.