Juin 1923 : Eugène Criki, rescapé de la guerre 14-18, devient champion du monde boxe. Retour sur cette histoire.
Voici environ un mois, nous étions allés, avec deux amis du comité départemental olympique et sportif, à Albert à une soirée ayant trait au sport sorti des tranchées en 14-18 par Michel Merckel, lui même petit fils de Poilu. Ces Poilus ont en effet changé la face de cette guerre et surtout révolutionné le sport et son avenir. Dans les tranchées qui traversaient notre département de la Somme, des milliers de soldats, qui allaient prendre le nom de Poilus, pratiquaient le sport. Certes, les conditions étaient très difficiles mais au moins, ces soldats ne restaient pas dans les tranchées à ne rien faire, exceptés les moments où il fallait combattre l’ennemi. Des sportifs de haut niveau ayant combattu dans cette période sont morts au combat. On a dénombré 426 sportifs de haut niveau qui ont été tués durant cette période. Certains ont survécu et l’histoire de l’un nous a évidemment émus.
C’est le cas du boxeur Eugène Criki qui le 11 juillet 1915 avait été victime d’un très grave accident. En effet, sa mâchoire inférieure avait été fracassée, 22 dents arrachées et la langue tranchée par une balle. Il en était sorti vivant mais on devine que le temps à retrouver un semblant d’équilibre physique et mental fut long. Eugène Criqui avait été recueilli comme mort puis avait été opéré à sept reprises. Après la guerre, après un long travail de rééducation, la pose d’une plaque d’acier à la place de la mâchoire, Eugène Criki reprit goût à la vie. Il décidait alors de tout faire pour remonter un jour sur un ring. Il parvenait ensuite à retrouver sa voie et contre l’avis de tous, Eugène Criki remontait sur un ring. Il remportait un nombre incalculable de combats jusqu’au jour, où il eut sa chance pour un titre de champion du monde après une campagne victorieuse en Australie.
Alors qu’avant la guerre, Criki était considéré comme un styliste, il changea son style après la guerre et il devenu un véritable puncheur. Le 2 juin 1923, au Polo Ground de New York, il battait par K.O l’Américain Johnny Kilbane. Eugène Criki entrait alors dans la légende de la boxe et du sport et surtout, il était le deuxième boxeur français, après Georges Carpentier, à être champion du monde de boxe. Il devenait alors « Gégène gueule cassée » et surnommé « Mâchoire de fer ». Eugène Criqui a incarné l’héroïsme patriotique et le courage des soldats pendant cette guerre 14-18. Né le 15 août 1893 à Paris, Eugène Criki est mort dans l’indifférence générale à Noisy le Grand le 7 mars 1977.
Lionel Herbet
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