Voici quelques années, le 22 octobre 2016, le cirque d’Amiens était comble pour le championnat du monde des super-légers WBF qui opposait Christopher Sebire, dont le manager était Jérôme Fouache, et l’Argentin Juan Martin Coggi, dont le père avait également boxé voici un quart de siècle exactement au même endroit, le 30 décembre 1989. Christopher Sebire devenait champion du monde au terme de douze reprises rondement menées.
Il fut un excellent ambassadeur de la boxe à Amiens jusqu’au moment où il est tombé de haut face à l’étoile montante Sabri Sediri (en juin 2019). Peut-être était-il mal préparé. Toujours est-il que Christopher Sebire a littéralement explosé face à son adversaire vainqueur en moins d’une reprise. C’était à la fois la fin de sa carrière mais aussi l’ascension de Sediri qui devait, un peu plus tard, devenir champion de France. Mais pour des raisons qu’on regrette, Sediri est resté inactif durant près de deux ans. Et dans un sport comme la boxe qui ne pardonne aucun relâchement, une telle absence est le plus souvent insurmontable. L’histoire a donc recommencé, mais cette fois, c’était Sabri Sediri qui était le battu et était sauvé au 2e round par le jet de l’éponge de ses hommes de coin. Samedi soir, sur le ring dressé au Coliseum, on a assisté à une scène incroyable : Sebire s’est rendu dans le vestiaire de Sediri et l’a consolé.
Alors, quel avenir pour Sediri ?
Il va falloir qu’il fasse preuve de patience, qu’il se pose les bonnes questions avant qui sait, de reprendre le cours de sa carrière. Car en boxe un vieil adage revient sans arrêt : « ils ne reviennent jamais ». En ce sens, qu’un boxeur fut-il un grand champion, ne revient quasiment jamais à son meilleur niveau même si nous avons des exceptions. Mais tout le monde ne s’appelle pas Mohamed Ali qui est redevenu le grand champion des poids lourds alors qu’il avait été suspendu, et même jeté en prison pour ses prises de position sur la guerre du Vietnam.
Samedi au bord du ring, avec Sebire, heureux de reprendre contact avec le monde de la boxe, nous avons bien bavardé. À ses côtés, un jeune homme, son fils qui se destine à une carrière professionnelle de … football, puisqu’il a intégré un centre de formation. Alors, Christopher Sebire s’est mis dans la tête qu’il pouvait reprendre le chemin des salles et reboxer. Il s’est dit pourquoi lui aussi, ne remonterait-il pas sur un ring ? Certes, il a trente six ans, mais rien dans la vie n’est irrémédiable.
Toutefois, Sebire a constaté qu’un retour sur un ring après une absence prolongée peut s’avérer un obstacle insurmontable. En tout cas, Jérôme Fouache qui a éprouvé deux grosses déceptions dans la soirée, avec les revers de Sediri mais aussi Lafont, était quand même heureux avec son ancien protégé, avec qui il est allé jusqu’à un titre mondial, ce qui n’est pas fréquent.
Alors, peut-on imaginer revoir bientôt le duo Fouache-Sebire ? La question mérite d’être posée, mais l’exemple de Sediri qui paraissait bien préparé, mais qui a explosé face à un adversaire venu du fin fond de l’Europe, doit faire réfléchir.
Lionel Herbet
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