Après sa défaite face à Feignies Aulnoye, leader de N3, l’ESC Longueau est mathématiquement condamnée à redescendre en R1. Son entraîneur, Christophe Huck, souligne malgré tout la qualité du jeu produit et l’état d’esprit des joueurs.
Ce match à domicile a été un peu à l’image de votre saison : il laisse beaucoup de regrets car vous êtes au niveau dans le jeu mais vous manquez de réalisme…
Oui. Après, il ne faut pas oublier que l’on jouait les premiers du championnat et que l’on est derniers. Je pense que sur le terrain, on a montré qu’il n’y avait pas un tel écart. La différence au classement ne se traduit pas sur le terrain. Mais ils ont des joueurs capables de faire la différence et de grands talents à l’image du petit Grasso (Enzo Grasso, 26 ans, ndlr) au milieu, que j’ai eu au Pôle Espoirs d’ailleurs. C’est un joueur qui apporte du dynamisme, capable de casser des lignes et qui nous a fait très mal. On a quand même réussi à bien gérer les choses.
Maintenant, ce que je tiens à signaler, c’est que ce que fait ce groupe-là, pour moi c’est exceptionnel. Ce sont des mecs hyper courageux qui forcent le respect du staff, des dirigeants mais aussi des gens sur le côté. Quand on voit la réaction des gens qui viennent voir les matchs, ils ne lâchent jamais l’équipe et sont négatifs avec les joueurs car ils sentent que les garçons sont d’une application irréprochable. Il est évident que l’on a des manques dans la zone de finition, que certains ont des manques techniques, sur les plans mental, tactique ou sur l’aspect défensif. Mais ce que je sais, c’est qu’ils donnent le maximum d’eux-mêmes. On est à la 19ème journée et je pense qu’à notre place beaucoup d’équipes auraient des joueurs qui se seraient déjà pris la tête à de nombreuses reprises et qui auraient lâché. Ce n’est pas du tout le cas de notre côté.
On a trop de manques pour se maintenir mais on ne mérite pas de finir derniers
À chaque fois, on se bat jusqu’au bout à l’image d’aujourd’hui (samedi, ndlr) où, à 0-2, on ne lâche rien. C’est pour cela qu’il y a des regrets. Après, de là à dire que la situation est anormale, ce n’est pas le cas. On manque de quelque chose pour faire ces différences-là, on le sait…
Mais je pense que l’on méritait et que l’on mérite mieux que ça en terme de points. Des équipes comme Compiègne ou Lambres qui ont 10 ou 15 points de plus que nous, je suis désolé, mais je pense que l’on se doit d’être à ce niveau-là. On a trop de manques pour se maintenir mais on ne mérite pas de finir derniers.
En seconde période, vous avez été obligé de faire plusieurs changements. On a senti que ça a déstabilisé l’équilibre de l’équipe ?
Oui, après la sortie de Yael (Lemaire, ndlr), on a dû changer plusieurs joueurs de postes et ça a été le cas plusieurs fois en seconde période. Donc forcément ça nous a un peu déséquilibré. Après, on a aussi pris des risques pour revenir, notamment à 0-2. Quitte à perdre, autant tenter des choses pour revenir. Le but n’est pas de maintenir un score en notre défaveur. Je préfère perdre en ayant tenté qu’accepter la défaite quitte à prendre un troisième but.
Je pense que les joueurs forcent aussi le respect de leurs pairs par leurs performances
Après, l’adversaire nous a pris au sérieux jusqu’au bout, car ils ont senti que si on revenait à 1-2, la fin de match et les quelques minutes de folie auraient pu leur être fatales. Je tiens d’ailleurs à le signaler. J’ai échangé beaucoup avec mes homologues à chaque match et je pense que les joueurs forcent aussi le respect de leurs pairs par leurs performances. Malgré le résultat, aucune équipe ne vient ici en nous prenant à la légère et ça prouve qu’ils savent très bien qu’il n’auront pas un match facile.
Comment faites-vous pour repartir de l’avant à chaque fois, malgré la frustration de se dire « on n’est pas loin, mais on ne prend pas de points » ?
Comment on fait ? J’ai pas envie d’en parler longtemps car ça fait partie de la vie du groupe… On se fixe des objectifs à chaque fois. On revient à l’entraînement suivant en remettant le même enthousiasme, en essayant de remettre la même qualité de séance. On essaye de rebooster, de dynamiser, d’encourager, de montrer l’exemple.
Après, je pense que c’est surtout le travail du staff, le mien et je n’ai pas envie de m’étaler là-dessus. Je pense que c’est surtout lié au fait que ce groupe-là nous fait confiance, contrairement à ce qui a pu être dit et n’a pas envie de se résigner. On se bat ensemble jusqu’au bout. Après, je n’ai jamais caché que je ne suis pas devin et que je ne sais pas si dans 4 matchs, ce sera encore le cas… Mais je ne vois pas pourquoi sur les 7 derniers matchs, ce qu’on a réussi à faire en termes d’état d’esprit et d’image, on ne le ferait pas jusqu’au bout.
Ce n’est pas une excuse mais vous aviez encore beaucoup d’absents pour ce match, ce qui vous a obligé à faire appel à des joueurs hors du groupe qui n’ont pas l’habitude d’évoluer avec vous ?
Oui, on a eu beaucoup de blessures à l’image d’aujourd’hui (samedi, ndlr) où l’on doit faire appel à 3 joueurs qui évoluent en réserve normalement. Après, on n’a pas eu beaucoup de blessures lié à des problèmes musculaires mais plus des blessures articulaires. Sur ce match, on a encore une blessure à l’épaule par exemple. Après, ce n’est pas forcément anodin car la fatigue physique et mentale est liée. On le sent tous et moi le premier que l’on aurait envie que la saison se termine. Pas dans le sens où l’on n’a plus envie d’être ensemble, mais car l’année est longue dans notre situation. Et quand tu sais, depuis la trêve presque, que tu vas descendre…
On doit rebondir à chaque fois, se remettre au travail, impliquer tout le monde, trouver les éléments pour garder le groupe concerné. C’est un travail quotidien de communication, d’échanges avec le groupe et ça puise des ressources. Surtout, quand vous n’avez jamais trop de fois l’occasion de capitaliser de la joie. Pas qu’à l’entraînement on se fait la gueule, au contraire il y a du plaisir, ça se chambre etc. Mais on n’a eu qu’une fois l’occasion de faire un cri de guerre cette saison (lors de la seule victoire à ce jour en N3, fin janvier contre l’AC Amiens, ndlr). C’est pas beaucoup car on ne fête bien évidemment pas les victoires en amical. Et en coupe de France, notre victoire, c’était contre une D2. Donc par respect, tu ne fais pas de cri de guerre.
Forcément, c’est un manque pour les garçons de ne pas pouvoir exprimer leur joie dans le vestiaire. Cela pèse au final mentalement sur les garçons. Surtout, il ne faut pas oublier que l’on a des garçons qui travaillent parfois en 3×8. Il y a des absences dues aussi à leur travail, par exemple Petit était absent aujourd’hui (samedi, ndlr) car il prépare un gros examen et qu’on lui a laissé du temps. Delcuse, c’est sa semaine de vacances au travail. Il faut aussi jongler avec cela.
Quand des mecs travaillent toute la semaine de nuit par exemple, le samedi c’est pas évident de jouer et pourtant ils sont là et se donnent à fond. Et on est au niveau, on l’a prouvé de par nos prestations, car si on regarde les matchs, on est à chaque fois pas loin, même si ça ne se traduit pas en terme de points.
On ne va pas y rester, c’est d’ailleurs officiel car il nous manque des choses. Surtout, on sait que l’on est juste et que l’on est au maximum et qu’il faut tout mettre du bon côté pour tenir ce niveau. On n’a donc pas de marge mentalement et forcément, au fur et à mesure, c’est dur pour certains. Il ne faut pas non plus oublier que pour beaucoup, c’est une découverte de ce niveau-là et qu’il a fallu digérer ce gap entre les deux divisions. Aujourd’hui il nous reste 7 matchs. On va essayer de finir du mieux possible pour l’image du club, pour aller s’offrir des moments de partage et sortir la tête haute.
Propos recueillis par Aurélien Finet
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports