Le village olympique de Munich endeuillé, c’était voici 50 ans.
Alors que la France prépare le grand rendez-vous mondial de Paris en 2024, nous avons pensé que l’histoire étant un perpétuel recommencement, voici exactement un demi siècle, les Jeux Olympiques de Munich ont été marqués par des drames épouvantables.
Le village olympique qui est un lieu sacré par définition, avait été investi par des révolutionnaires palestiniens et il y eut des morts du côté de la délégation israélienne.
Nous allons consacrer plusieurs articles à ces Jeux de 1972 qui resteront éternellement et tristement dans l’Histoire du sport mondial.
Nous aurons aussi l’occasion d’évoquer le comportement de deux athlètes de la Somme qui avaient participé aux Jeux, un cycliste Henri Paul Fin aujourd’hui maire de Saint Fuscien et le hockeyeur sur gazon Marc Chapon licencié alors à l’Amiens SC.
Mais revenons quelques jours avant l’ouverture des Jeux de Munich.
Juste avant les épreuves, des élections vont avoir lieu car il s’agit de désigner qui sera le successeur de l’actuel président du Comité international olympique, Avery Brundage en place depuis des années. Il y a deux candidats en lice : le comte Jean de Beaumont qui est le représentant de la France.
Deux ans auparavant, Jean de Beaumont était venu en personne à Poix de Picardie pour ce qui restera comme la première vraie Journée Olympique dans la région.
Le deuxième candidat est l’Irlandais lord Killanin.
Les pronostics vont bon train. Jean de Beaumont a de grosses chances, cette élection est mise en sommeil en raison d’une décision qui dépasse largement le plan sportif.
En effet, quelques jours avant la cérémonie d’ouverture, la politique fait son entrée. Le C I O (Comité International Olympique) décide en effet au cours de son assemblée générale, d’exclure la Rhodésie.
Le vote est très serré puisque lors de cette assemblée générale du CIO, 36 voix se prononcent pour l’exclusion de la Rhodésie contre 31 et trois abstentions. On le voit, ce vote aura des conséquences et nul ne peut affirmer que les attentats qui suivront dans le cadre même du village olympique, sont reliés ou non à ce vote.
Du coup, 47 athlètes rhodésiens qui étaient déjà sur place doivent quitter le village olympique car en cas contraire, de nombreux pays auraient boycotté ces Jeux.
Il est admis que ce vote contre la Rhodésie est surtout une défaite de l’olympisme.
C’est grave mais pour l’heure, les compétitions sont sauvées et auront bien lieu.
Le journaliste de l’Equipe Edouard Seidler écrit dans l’Equipe du 23 août 1972 : « On peut trouver bonne ou mauvaise cette décision. On peut la juger opportune ou maladroite. Mais elle affaiblit l’olympisme dans son ensemble. Désormais des groupes de pression politique pourront toujours trouver une tribune propre à faire valoir d’autres points de vue que ceux du sport ».
L’histoire se renouvellera et pas plus tard qu’à Moscou en 1980 et aussi 1984.
Au moment où les athlètes rhodésiens quittent le village olympique de Munich, les Français sont encore à Paris et s’apprêtent à rejoindre Munich. On est inquiet au niveau de l’athlétisme pour Guy Drut qui est blessé et n’est pas certain de participer au 110m haies.
Enfin, certains membres du CIO imaginent qu’on puisse prochainement organiser des Jeux open, c’est à dire des Jeux ouverts aux amateurs et aux professionnels. Mais aussi des Jeux ouverts à tous, sans distinction de race, d’origine et de croyance.
Edouard Seidler conclut son article : « Utopie ? Vaine espérance ? Evitons le pire s’il en est encore temps ».
Lionel Herbet
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