Entraîneur en chef du RC Amiénois promu en Fédérale 2, Martin Saleille évoque la saison à venir et les ambitions du club.
Après avoir découvert votre poule, vous étiez impatient de connaître vos adversaires… Alors ?
Oui, on avait vraiment envie de connaître notre poule, pas tant pour les adversaires, car on sait que ça va être une saison difficile. C’est notre première fois en Fédérale 2, ça va être nouveau pour beaucoup, mais il y a aussi beaucoup d’excitation ! On voulait surtout savoir à quelle sauce on allait être mangé en termes de déplacements. Finalement, on s’en sort plutôt très bien, avec huit équipes de région parisienne et seulement deux longs déplacements en Bretagne. Ça nous va bien d’avoir très peu de longs périples dans la saison. On va pouvoir maintenant se projeter pleinement sur la saison prochaine. Après, il y a de grosses équipes dans la poule, mais on est en Fédérale 2, on savait que le niveau allait être meilleur…
Le fait d’avoir très peu de longs déplacements est forcément une très bonne nouvelle pour vous ?
Oui, c’est vraiment une bonne chose pour plusieurs points. Les joueurs ont fait les efforts de partir sur deux jours en fin de saison face à Saint-Malo et Strasbourg mais j’avoue que le dernier match à Maisons-Laffitte, de ne pas avoir fait un trop gros déplacement, nous a fait du bien. Quand on fait de longues heures en bus, c’est fatigant, on est loin de nos familles etc. On va être sur le pont vingt-deux week-ends, donc s’il faut, en plus, partir cinq ou six fois sur deux jours, c’est compliqué. La poule, d’un point de vue géographique, est vraiment agréable et les autres équipes doivent partager cette vision. Surtout qu’il ne faut pas oublier la dimension économique qui rentre aussi en compte. Si vous voulez avoir des ambitions et être compétitif, vous ne pouvez pas partir simplement sur une journée. Techniquement, c’est possible mais quand tu as 5 ou 6 heures de transport dans les jambes le matin, tu ne peux pas être performant l’après-midi et en plus tu rentres vers 2h du matin. Cela joue sur les organismes et ça use, donc tu ne peux pas si tu veux être performant.
L’objectif du milieu de tableau est réalisable
Le fait de pouvoir partir plusieurs jours a été un critère que vous avez retenu pour construire votre équipe ?
Non, ce n’est pas quelque chose que l’on a pris en compte du tout ! Notre recrutement est là avant tout pour densifier l’effectif et justement pallier aux absences. On voulait amener de la profondeur pour faire tourner. L’objectif est de pouvoir aligner à chaque fois une équipe compétitive avec des mecs à 100%. On aura des joueurs absents cette saison pour diverses raisons, c’est certain et compréhensible. On leur a juste demandé comment ils allaient pouvoir s’investir l’année prochaine mais on ne leur demande pas d’être présent tous les week-ends obligatoirement et encore moins sur deux jours. On est conscient que les mecs qui travaillent à côté peuvent avoir aussi des obligations familiales.
Quelles vont être les ambitions la saison prochaine ?
Notre ambition première sera d’aller chercher le maintien le plus rapidement possible. Après, on a tendance à être un peu ambitieux à Amiens, ce qui nous a parfois valu des railleries en début de saison dernière quand on n’était pas très bien, mais au final ça nous a donné raison. Une fois que l’on sera assuré de mettre deux équipes derrière nous, on verra pour viser pourquoi pas plus haut. Dans l’idéal, on espère viser le milieu de tableau et ne pas batailler pour se maintenir jusque dans les dernières journées. Après, si l’on fait 6ème, c’est super mais ça veut dire faire les barrages dès le début… Est-ce prématuré ? Je ne sais pas… Après, on ne dira pas non. Car si tu es en phase finale, tout est possible. En tout cas, on construit une équipe pour être dans le milieu de tableau, ce qui est très intéressant pour une première année. Je pense que c’est vraiment faisable. Mais on ne sait pas ce que font les autres équipes et comment elles se sont renforcées. On verra bien en début de saison. Après les deux premiers blocs, on pourra juger le niveau de la poule. Avant, ce sera compliqué. Après, je pense vraiment qu’avec ce que l’on met en place, l’objectif du milieu de tableau est réalisable.
Vous êtes ambitieux mais avant de voir trop haut, il faut surtout se structurer ?
Oui et c’est vraiment ce que l’on est en train de faire. Si l’on est aussi ambitieux, c’est que l’on s’en donne les moyens et que l’on est prêt comme la saison dernière. Après je me suis posé la question de savoir si c’était trop prématuré de jouer les phases finales dès la première saison. Je n’ai pas la réponse mais si ce n’est pas un objectif, on ne reniera pas une place en phase finale. Si l’on est dans les six premiers, c’est qu’on le mérite et on les jouera à fond, car tout peut alors se passer. On ne va pas annoncer une montée en Fédérale 1 mais il faut savoir saisir les opportunités si elles arrivent. Enfin, on se concentre surtout sur notre objectif premier qui est de se maintenir le plus rapidement possible, une fois acté, on pourra voir si l’on peut prétendre à autre chose.
Votre priorité était de conserver une grosse partie de l’effectif : avez-vous réussi ?
Oui, on voulait vraiment garder un très gros noyau et on est parvenu à garder une grosse partie de l’effectif, même s’il nous reste encore quelques entretiens à faire. On a quelques départs qui étaient déjà actés, comme Anthony Scelers qui met fin à sa carrière malheureusement. Ou encore Tangi Mailly qui arrête lui aussi même si l’on essaye à chaque fois de le convaincre de continuer ! Il n’a pas cédé pour le moment mais la saison n’a pas encore commencé (rire). Ensuite, Alexis Carpentier met en pause le rugby pour ses études car les deux ne sont plus compatibles, Thomas Prévost qui est dans la même situation a fait le choix de poursuivre le rugby. Antoine Macrez va lui sûrement manquer le début de saison à cause d’une blessure et d’une formation professionnelle mais on le récupéra dans la saison, c’est certain. Pour le reste, hormis quelques jeunes qui évoluaient en réserve et qui doivent partir pour leurs études, on garde tout le monde. Les joueurs ont vraiment envie de tenter l’aventure en Fédérale 2.
On aura besoin de tout le monde
Quel était l’objectif de votre recrutement ?
Déjà, on voulait compenser le départ d’Anthony Scelers et l’absence de Macrez pour le début de saison en première ligne. On a donc signé deux piliers qui vont venir nous renforcer et on aimerait pourquoi pas en signer un troisième. C’est un poste où l’on a parfois eu des manques l’année dernière et avoir plusieurs joueurs pour ce poste, sachant que l’on en prend deux à chaque match, ce n’est pas de trop. Si on n’arrive pas à en faire signer un troisième, ce n’est pas grave mais ça nous plairait bien. Ensuite, on a fait signer deux mecs qui jouent en 2ème ligne, dont un qui joue plus en 8 ligne. Il y a aussi un centre qui peut aussi jouer sur les ailes et pour finir un 9-10. On est donc à 6 nouveaux joueurs et l’on va peut être faire encore 2-3 coups maximum, le but étant d’étoffer le groupe. On sait que l’on a ce qu’il faut avec les joueurs déjà présents mais il y aura 22 matchs et on veut aligner une équipe à 100% à chaque fois. Les mecs peuvent se dire : « mince, il y a pas mal de nouveaux, on ne va pas jouer »… Mais on aura besoin de tout le monde et personne ne partira avec sa place d’assurée. Si l’on veut être compétitif, il faut renforcer le groupe en nombre mais aussi en qualité. On va faire 22 matchs avec une intensité proche de ce que l’on a connu en phases finales et jouer l’ensemble des matchs en étant performant, c’est presque impossible. C’est pour cela que l’on fait le choix d’apporter de la profondeur au groupe. Ce n’est pas parce que l’on va chercher des nouveaux que l’on n’a pas confiance en nos joueurs. On a confiance, mais comme tous les ans on va chercher des mecs d’un niveau supérieur pour aider l’équipe et nos joueurs issus du cru à continuer à progresser. Après, on n’est jamais à l’abri de bonnes surprises et de mecs qui nous appellent en disant : « je déménage pour telle raison dans le coin. Est-ce que je peux venir jouer ? Mais a contrario, en septembre, il est possible que l’un de nos joueurs nous dise qu’il doit déménager et qu’il parte aussi…
Ce n’est pas parce que l’on va chercher des nouveaux que l’on n’a pas confiance en nos joueurs
Finalement, votre recrutement est dans la lignée de celui de l’année dernière ?
Oui, on monte d’un niveau et forcément il faut renforcer l’équipe mais il ne faut pas non plus faire n’importe quoi et oublier ce que l’on a. Notre meilleur recrutement, c’est d’avoir su conserver la plupart de l’effectif. Quand je suis arrivé à Amiens ,je venais d’un club de fédérale 2 et j’ai tout de suite vu des joueurs incroyables. On m’a demandé pourquoi j’étais venu ici et je leur ai dit : « Mais, vous ne vous rendez pas compte qu’il y a tellement de mecs que j’aurais aimé avoir avec moi en Fédérale 2 et qui auraient été de bons équipiers ! » Comme je l’ai toujours dit, dans cette équipe, il y a un très grand nombre de mecs qui ont les qualités pour être de très bons équipiers en Fédérale 2. Après, à côté de ça, on a de très bon joueurs qui sont capables d’être des facteurs X comme nos trois internationaux ou encore Thomas Prévost ou Louis Wiotte. Ces joueurs ne seront peut être plus autant des facteurs X en Fédérale 2 et l’objectif était de rajouter des mecs capables de l’être mais aussi ayant de l’expérience. L’année dernière, l’expérience d’un mec comme Anthony Scelers par exemple nous a énormément servi. Un mec comme Thomas Wayaert qui a joué presque tous les matchs en entier a fini la saison complètement mort et l’année prochaine il ne pourra pas faire ça, il fallait donc se renforcer quantitativement. Cela va aussi amener de l’émulation, car les mecs vont devoir s’y filer pour gagner leurs places et ça va booster le groupe !
La réserve sera aussi très ambitieuse pour la saison à venir ?
Notre réserve sera même encore plus ambitieuse ! On n’a qu’un seul groupe et potentiellement tout le monde peut jouer dans les deux équipes. Elle a fait une saison fantastique, avec un huitième de finale face à un adversaire qui est allé très loin. On a besoin d’une réserve forte pour que l’équipe première soit performante. Il est hors de question de la mettre de côté. Elle doit continuer d’être une réserve dure à battre, intraitable à la maison et capable de coups à l’extérieur. Elle doit viser le top 6 voire 4 l’année prochaine sans problème. Vu le niveau montré l’année dernière, la phase de progression de certains et l’apport, c’est un objectif réaliste. Forcément, en renforçant l’équipe première, on va aussi renforcer la réserve par effet domino. On garde nos trois internationaux, il y en aura donc à chaque fois un qui va jouer avec eux et que ce soit Tsomondo, O’Neill ou Van Rensburg, quand ils jouent avec eux, ça change les choses et ça fait progresser les joueurs. On va comme l’année dernière faire attention aux prestations en réserve de l’ensemble des joueurs, car il y a un paquet de joueurs qui vont évoluer en réserve et prétendre à jouer en A, comme ça a été le cas l’année dernière pour Maze ou Maugard par exemple, mais il y en a aussi d’autres qui n’ont pas forcément joué mais qui auraient pu. La réserve va donc être très importante pour l’année prochaine et va, je l’espère, être une nouvelle fois un moteur.
Propos recueillis par Aurélien Finet
Crédit photo : Kevin Devigne et Léandre Leber – Gazettesports