La veille de la réunion organisée au cirque d’Amiens, le service des sports de la Ville avait invité le célèbre journaliste de Canal + Jean-Philippe Lustyk qui est venu présenter son remarquable livre sur l’histoire de la boxe intitulé tout simplement Le Grand Livre de la Boxe.
On connait Jean-Philippe Lustyk en raison du duo qu’il formait dans les années 90 sur Canal avec le grand champion que fut Jean-Claude Bouttier. Les deux compères ont régulièrement commenté les plus grands combats qui se déroulaient aux États-Unis mais aussi en France. Ils se trouvaient en effet au bord du ring du cirque d’Amiens quand, en décembre 1989, Antoine Fernandez est devenu champion d’Europe des welters en battant aux points l’Italien Nino La Rocca.
Cette présentation s’est déroulée dans la salle Dewailly et c’est Alain Gest, Président d’Amiens-Métropole qui est venu « lancer » cette soirée. « J’aime la boxe a déclaré Alain Gest dont le père fut journaliste au Courrier Picard et a lui aussi, suivi de nombreux combats au cirque Jules Verne. C’est un sport à la fois difficile mais superbe. C’est un sport violent mais c’est l’école de la vie. »
Jean-Philippe Lustyk a lancé le débat à partir d’un film qui a évoqué surtout les poids lourds à l’exception de deux ou trois moyens. Pourquoi les lourds ? Tout simplement parce qu’ils sont les plus populaires, qu’ils génèrent les plus grosses bourses.
Une évolution des morphologies…
Le film commence par le combat du siècle (juillet 1921) qui opposait l’Américain Jack Dempsey au Français Georges Carpentier. Tout était démesuré. La foule, plus de 80 000 spectateurs à Jersey City, la première retransmission en direct par radio. Jamais Carpentier ne fut autant populaire en France et ce en dépit de sa défaite par KO.
Le film se poursuit avec Marcel Cerdan qui n’aimait pas la boxe et lui préférait le football. Cerdan avait une immense popularité et son destin tragique n’a fait qu’ajouter à sa gloire. Sugar Ray Robinson, Mohamed Ali, Mike Tyson, que Lustyk a suivi avec Bouttier, ont également marqué leur génération.
Pour ce qui concerne l’époque actuelle, l’auteur du livre est admiratif devant les qualités de Tison Fury qui a massacré Deontay Wilder mais qui possède des mensurations exceptionnelles. Il mesure en effet 2m06. Ce qui fait dire à Lustyk que les poids lourds du passé n’ont plus cours et qu’aujourd’hui, il faut absolument mesurer plus de 2m et quasiment peser le quintal.
En France, nous avons Tony Yoka champion olympique en 2016 à Rio. Pourra-t-il un jour devenir champion du monde toutes catégories ? Lustyk ne le croit pas tant que Fury sera en activité. « Pourtant, en France, on rêve d’avoir un champion du monde poids lourds » ajoute Lustyk. Ce serait fantastique.
… mais pas du sport en lui-même
Lustyk a été questionné sur l’hégémonie des poids lourds dans la boxe même s’il existe de très bons poids moyens. La boxe qui fut à une certaine époque le sport numéro un dans le monde a bien sûr perdu de sa notoriété et ce au détriment du football qui a raflé les droits télévisés et les sponsors.
Depuis deux siècles, ses règles n’ont guère évolué si ce n’est les gants qui sont moins dangereux pour la santé des boxeurs et l’arrivée des pugilistes sur le ring, ce que fait très bien Fury en se présentant sur un trône comme s’il était le roi.
Présent dans la salle, Bouziane Oudji ancien champion de France et professeur de Sabri Sediri, estime qu’aujourd’hui, les boxeurs sont plus techniques et moins cogneurs. Pas sûr a répondu Jean Philippe Lustyk qui se refuse à entrer dans une querelle de générations.
La boxe était un sport très dur au début des années 1900. Un siècle plus tard, elle est toujours aussi difficile et le courage est absolument identique. « La boxe, pour l’aimer, il faut la sentir » a conclu Lustyk.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports