Le milieu de l’AC Amiens, Chouaïb Sagouti s’est confié après la victoire contre la réserve de l’Amiens SC. Il parle de son envie de durer dans le club de son cœur et les sacrifices qu’il réalise pour y parvenir.
Votre match est à l’image de cette équipe, vous vous êtes battus sur tous les ballons, sans jamais rien lâcher…
On n’avait pas d’autres choix. Quand je rentre sur un terrain, je ne laisse pas l’adversaire jouer ou prendre confiance. D’autant qu’en face ce sont des jeunes, et pour les dominer il faut leur marcher dessus. Donc on était obligé de sortir les griffes. Je l’ai fait, mais je le fais tout le temps, c’est quelque chose qui m’anime. Je suis toujours conquérant parce que je sais que c’est primordial d’avoir l’état d’esprit. C’est obligatoire.
A 35 ans, où trouvez-vous cette énergie ?
Ce sont tous les sacrifices que j’ai pu faire avant qui payent aujourd’hui. Plus jeune, j’avais anticipé ça, je me suis toujours dit que j’arrêterai le plus tard possible. C’est le fruit de mes efforts, de l’envie de continuer à jouer. Je me sens encore jeune, parfois je me surprends moi-même. Je me demande comment je fais pour sauter, pour aller au ballon au sol, pour avoir cette envie… C’est en moi en fait. C’est quelque chose que j’ai et que j’espère garder encore un moment.
Pourtant, vous avez connu de graves blessures…
Oui et là depuis mi-novembre je joue avec un kyste au tendon du psoas. C’est très gênant, très aigu et je prends des antidouleurs quasiment au quotidien depuis quatre mois. L’idée est d’attendre le maintien et de me faire opérer directement, parce qu’il ne partira pas. J’évite les infiltrations, je me rappelle en avoir fait quand je m’étais fait les croisés, ça n’avait rien donné. Des fois, je n’en peux plus, je sais aussi que ça me tue peut-être un peu la santé à côté.
On s’approche du maintien, on va jouer des équipes du bas de tableau, il faut garder nos distances, parce que moi ça me permet de récupérer, c’est stratégique. Il faut commencer à préparer la saison prochaine, j’ai hâte, mais il faut se maintenir. Le plus tôt sera le mieux.
Pour continuer à l’AC Amiens évidemment…
Bien sûr, je suis attaché à ce club, on sait très bien qu’il y a des hauts et des bas dans les histoires d’amour. Le plus important est ce qui se passe aujourd’hui, le passé je ne le calcule pas. J’ai encore envie de jouer et de prendre du plaisir. On dit que tous les chemins mènent à ses repères et mes repères sont ici, à l’AC Amiens. Franchement, j’arrêterai peut-être à 40 ans, parce que je pense que personne n’a joué titulaire jusqu’à 40 ans dans ce club.
Qu’est-ce qui vous motive encore pour jouer en National 3, avec les niveaux auxquels vous avez joué ?
Je trouve que ça reste un niveau très correct le National 3, même si j’aurais aimé jouer en National 2. La motivation est encore là. J’ai eu une période d’arrêt et j’ai ressenti le manque du football. J’ai été un peu désorienté à ce moment-là. Je me suis dit que ça ne pouvait pas s’arrêter à 31-32 ans avec tous les efforts que j’ai fournis. Il y a aussi eu le Covid… Derrière tout ça, quelque chose s’est animé en moi.
J’ai vraiment envie de durer et de laisser ma trace dans ce club.
À la première CAN des quartiers, j’ai senti un truc renaître en moi. Je me suis dit qu’il fallait raccrocher le wagon et y aller. Je sais que j’ai encore la force de jouer. Je me suis dit que je ne pouvais pas arrêter comme ça. À côté, je vais beaucoup à la salle de sport et je suis très sérieux dans le domaine alimentaire. J’ai vraiment envie de durer et de laisser ma trace dans ce club. Ensuite, on verra ce que je peux faire et pourquoi pas intégrer le staff. C’est une idée pour pérenniser le lien qui nous lie.
Vous ne pouviez pas vous arrêter sur un goût d’inachevé…
Ça s’était arrêté sur un goût d’inachevé. Après, je me suis remis en question. Actuellement, je prends vraiment beaucoup de plaisir, je profite de chaque instant. Je vis des moments très précieux pour moi parce que je sais que ce sont bientôt les derniers instants. Je sais que j’arrêterai net, je n’irai pas plus bas ou dans un petit club, parce que j’ai toujours besoin d’objectifs et d’un cadre.
Propos recueillis par Julien Benesteau
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports