Excellente initiative que celle du CDOS qui organisait ce jeudi une soirée placée sous le signe des violences sexuelles dans le monde du sport et pas que.
Marcel Glavieux le président avait invité des représentants des comités départementaux qui sont venus durant deux heures écouter religieusement Mélina Jolo qui est partie de l’exemple même du fondateur de Colosse aux Pieds d’Argile, le rugbyman Sébastien Boueilh.
Mélina Jolo qui vit aujourd’hui en Normandie connait bien Amiens puisque c’est dans notre ville qu’elle a effectué ses études avant d’obtenir à Montpellier son Master STAPS. Elle a bifurqué un moment vers une école de commerce avant de trouver sa voie au sein de cette Association. Mélina a aussi pratiqué et enseigné la gymnastique durant une quinzaine d’années et elle s’adonne désormais à l’athlétisme sur 100 et 200m au club de Sotteville.
Tout est parti de Sébastien Boueilh qui, très tôt, a subi des viols de la part d’un proche, son entraîneur de surcroit, alors qu’il rentrait à la maison après les entrainements de rugby. Eh oui, cela peut surprendre mais les violences sexuelles ne concernent pas que le patinage ou la natation mais tous les sports y compris parfois ceux de combat tel le judo.
Aucun sport n’est épargné par les violences sexuelles.
On constate en effet que 10% des hommes et 13% des femmes sont concernés aujourd’hui dans le sport. L’association a donc vu le jour grâce à Sébastien Boueilh qui est aujourd’hui le président de l’Association. Le jour de son procès, son avocat a qualifié Sébastien de colosse aux pieds d’argile. Son agresseur qui était de surcroit un ami de la famille, fut évidemment condamné mais relâché rapidement.
Il vient en effet du monde du rugby, a joué en D2 avec Dax et a été international amateur. Il mesure 1m90 et pèse environ 100kilos. Quand on le voit, on se dit qu’il n’a pu être victime de violences sexuelles. Cette image lui collait bien car elle voulait dire que ce n’est pas parce que vous êtes costaud, que vous ne pouvez pas être touché.
Il est prouvé qu’aujourd’hui, la famille est le premier lieu où il y a des violences sexuelles.
« Sachez qu’on ne rejoint par notre association par hasard, nous a déclaré Mélina quelques minutes avant son intervention… J’ai travaillé sur une colo gymnastique et dans laquelle j’ai été confrontée à des libérations de paroles. Car il faut parler. Je me suis rendue compte que nous n’étions pas du tout armés face aux violences sexuelles.Cela ne concerne pas que les jeunes
La parole s’est délivrée avec Sarah Abitbol qui avait écrit un livre et je constate que dans le sport, c’est encore très secret. Mais cela ne s’atténue pas du tout même si un travail énorme est fait. Je vois néanmoins que depuis neuf ans, depuis la création de notre Association, alors que Sébastien notre fondateur était seul, aujourd’hui nous sommes 25 et au moins un représentant par région. Notre objectif est d’avoir un intervenant par région. Nous avons des partenariats avec une quarantaine de fédérations (pas le football), »
Ce travail qui l’éloigne du Tourisme qui semblait être sa voie, plait énormément à Melina. « Cela permet de lever des tabous et quand j’interviens auprès des jeunes, systématiquement un ou deux viennent me voir après mon intervention pour me parler de leur cas, poursuit Mélina. La société évolue et on prend en compte beaucoup de choses qu’on ne prenait pas avant. On avance beaucoup grâce aux campagnes d’information et de sensibilisation ».
Comme par exemple cette soirée de jeudi à la Maison des Sports qui s’est terminée par une déclaration inattendue celle d’Olivier Jardé. En 2003, une agression sexuelle était imputable d’abord à la victime qui l’avait peut-être cherché. Heureusement depuis la honte a changé de camp.
Lionel Herbet
Crédit photo : DR