Sabri Sediri se dit « en forme » à l’approche du combat pour le titre de champion de France des poids légers, le 12 mars à Montpellier face à Sylvain Chapelle. Pourtant la préparation de l’Amiénois est loin d’être un long fleuve tranquille.
À l’issue d’une mise de gants avec Yvan Mendy, mardi 1er mars, le pugiliste d’Amiens Boxe Ambitions apparaissait affuté. Les deux boxeurs se sont donnés le change, pendant 6 reprises de 3 minutes, dans le studio de danse du gymnase Vallerey. Une pièce ornée d’un grand miroir latéral, et d’un ring de « dernière technologie »… fait de plots placés à la main par son entraîneur, Bouziane Oudji. C’est dans cette salle, que Sabri Sediri s’est préparé, ces derniers mois, pour sa revanche.
Trois petits mois pour faire de lui un vrai boxeur, « un homme qui a des responsabilités, qui travaille », une des plus belles victoires pour son entraîneur, « après l’année qu’il a passée, parce que c’était très dur ».
Il est passé par des étapes que l’on ne souhaite à personne, il était au bord du suicide
Bouziane Oudji
Le 27 février 2021, à Béziers, Sabri Sediri s’était écroulé sur le ring après 30 secondes de combat. Une terrible désillusion, dont l’Amiénois a eu du mal à se remettre. Au point de mettre la boxe de côté pendant plusieurs mois. « Le plus dur ça a été de refaire de lui un vrai sportif, parce que depuis sa défaite de l’année dernière, il est passé par des étapes que l’on ne souhaite à personne, il était au bord du suicide, tellement il a été adulé un certain temps » relate Bouziane Oudji.
Le passage de la lumière à l’ombre en un claquement de doigt laisse des cicatrices. Alors forcément, dans ce contexte, « le voir remonter sur un ring c’est déjà une victoire ».
Une préparation collective
Samedi, une deuxième chance s’offre à lui. Et le boxeur compte bien « tout faire pour ramener la ceinture ». Pour cela, il a effectué un gros travail foncier avec l’aide de Farid Bouras, son préparateur physique. En revanche, il dit ne pas avoir spécialement travaillé sur l’aspect mental, bien que l’excès de confiance ait pu lui jouer des tours par le passé. On se souvient encore de son combat en Angleterre pour la ceinture européenne en 2019. Sabri Sediri avait laissé filer la victoire à 15 secondes de la fin, en subissant un KO, alors qu’il dominait son adversaire.
« En tant que boxeur, on se doit d’avoir confiance à 100% » rappelle Yvan Mendy. Celui qui a accepté de jouer les sparring partner en connait un rayon sur la question, et son palmarès, avec un titre de champion du monde en vitrine, parle pour lui. « Ça fait une dizaine d’années que je connais Sabri, poursuit le sociétaire de Pont-Sainte-Maxence, je le suis à chacune de ses préparations, je l’encourage et je l’aide ».
Pour Sabri Sediri c’est un véritable « privilège » de mettre les gants avec un si grand champion, « j’apprends, je suis jeune, il me donne des conseils ». Les deux compères connaissent les forces et les faiblesses de l’autre. De sorte qu’ils n’ont pas besoin d’appuyer là où ça fait mal pour que le partenaire sache qu’il a fauté. Pendant l’effort « Yvan, parle pour conseiller Sabri, il essaie de l’aider à faire le moins d’erreurs possible« note Bouziane Oudji. Attentif, l’entraîneur encourage son protégé, le recadre au besoin et le soutien dans les derniers efforts à fournir avant le jour J.
Pour marcher sur les pas de son entraîneur, dernier amiénois à avoir ramené la ceinture de champion de France en 2001, Sabri Sediri a élargi son entourage. Bouziane Oudji explique la préparation, très collective, de son poulain, « On a beaucoup été sur Pont-Sainte-Maxence pour qu’il puisse tourner avec Yvan Mendy, Guillaume Fresnoy, Hugo Legros. La contrepartie c’était qu’eux viennent sur Amiens mettre les gants avec Sabri. On profite des conseils des uns et des autres pour le tirer vers les sommets. »
Bien que seul face à son adversaire sur le ring à Montpellier, le boxeur sera soutenu par toutes les personnes qui l’ont accompagné ces derniers mois. Si dans le camp picard on n’envisage pas la défaite, « la ceinture ce serait la cerise sur le gâteau ».
Rendez-vous samedi 12 mars, aux alentours de 19h pour suivre le combat entre Sylvain Chapelle et Sabri Sediri pour la ceinture de champion de France poids léger.
Julien Benesteau
Crédit photos : Kevin Devigne – Gazette Sports