Coach de l’équipe féminine du RCA, Marion Puiraveau revient sur la première partie de saison de son équipe et le retour au rugby à XV.
Quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?
Le bilan est très positif car on ne s’imaginait pas du tout présenter ce niveau sur cette première partie de championnat. On a vu une très forte progression des joueuses, au-delà de ce que l’on espérait. On s’était longuement posé la question de savoir si l’on était en mesure ou non de s’engager à XV, surtout en termes d’effectif. Finalement on a eu de nombreuses recrues et on a pu aligner sans aucun souci à chaque match une équipe complète. Les résultats sont en corrélation avec ce que l’on a montré et c’est une réelle surprise de se retrouver à cette place à la trêve.
Après la lourde défaite (0-69) en ouverture face à Arras vous n’avez pas eu peur d’un découragement ?
On savait que ce premier match allait être très compliqué car Arras est bien au-dessus. Mais c’est une bonne chose de les avoir jouées en premières car on n’avait rien à perdre sur cette partie. On avait demandé aux filles de se faire plaisir et de se libérer car pour beaucoup c’était le premier match et il y avait une certaine pression. Le score ne reflète pas vraiment cette partie car on a su les gêner par séquences surtout sur la première période. Paradoxalement, à la fin de la rencontre, les filles sont sorties contentes. Cela illustre parfaitement l’état d’esprit du groupe qui aime évoluer ensemble et veut se faire plaisir. Leur réaction par la suite est représentative de l’équipe, qui a pris ce qui était à prendre tout en se faisant plaisir. C’était vraiment pour moi la bonne équipe pour lancer la saison et la suite nous a montré que les filles avaient plutôt bien encaissé cette défaite.
On a surpris plus d’une équipe
Comment expliquez-vous que l’alchimie ait pris aussi vite ?
Ce n’était pas attendu pour nous comme pour les autres. On a surpris plus d’une équipe qui pour certaines nous on prit un peu à la légère en se disant que c’était notre retour à XV et que l’on n’était pas forcément prêtes. Cela nous a forcément profité mais ce qui a fait la différence c’est surtout le travail. Les joueuses ont la chance d’avoir un staff élargi qui fait tout pour leur donner le maximum de compétences mais surtout elles travaillent énormément. Elles sont sérieuses à l’entraînement et assimilent très vite les choses. Le noyau d’anciennes joueuses est très important dans l’intégration et la progression des nouvelles. Le groupe ne se prend pas la tête et joue avec envie et plaisir et cela fonctionne. Il y a encore beaucoup à travailler mais on est sur la bonne voie et je suis fière de ce que l’on a présenté jusque là.
Cette progression rapide, vous permet-elle d’avoir de nouveaux objectifs dans le jeu ?
Oui, cela impose un gros challenge au staff car on ne s’attendait pas à une telle progression chez autant de joueuses. On est donc obligées de revoir nos plans mais tant mieux pour adapter les séances et proposer un contenu différent. On va pouvoir aborder des choses plus techniques et travailler des lancements et séquences de jeu que l’on ne pensait pas forcément travailler. J’ai la chance d’avoir autour de moi un staff très étoffé avec des anciens joueurs et joueuses très investis. C’est aussi cela qui fait que l’on travaille bien et progresse aussi vite.
L’objectif principal reste le même c’est-à-dire se faire plaisir et continuer de progresser
Vous êtes actuellement deuxièmes, quel va être l’objectif sur la seconde partie du championnat ?
L’objectif principal reste le même c’est-à-dire se faire plaisir et continuer de progresser. Après, on sait que l’on va être plus attendues et qu’il va falloir confirmer nos progrès sur la phase retour voire même faire encore mieux. Si l’on peut conserver cette seconde place, ce serait vraiment top pour un retour en rugby à XV. On sait que le match face à Arras sera une nouvelle fois difficile. L’objectif de ce match sera de marquer des points et de jauger notre progression. Si l’on peut s’imposer on ne va pas s’en priver mais il faut être réaliste sur le niveau qui nous sépare. Pour les autres matchs l’objectif va être de confirmer même si l’on va plus jouer à l’extérieur. On va pouvoir compter sur le retour de filles qui n’ont pas encore joué ou très peu à cause de blessures. Cela va densifier le groupe et permettre de faire souffler certaines. La fraîcheur va être très importante sur la phase retour pour conserver cette seconde place.
On est avant tout là pour prendre du plaisir
Cette progression éclair bouleverse-t-elle vos objectifs à court et moyen terme ?
Cela va forcément nous pousser à sûrement modifier les objectifs même si avant d’imaginer une montée il faut se structurer à ce niveau-là. Mais la question va rapidement se poser de comment faire pour donner du temps à toutes les filles. En effet on commence à avoir des problèmes de roches en faisant des choix sur les feuilles de matchs. On est avant tout là pour prendre du plaisir, on va donc devoir trouver un moyen de faire jouer et progresser un maximum de filles. C’est très important dans le développement du rugby féminin et dans notre objectif d’être attractif et de faire venir les meilleures filles du secteur. On a de l’ambition mais on veut prendre notre temps pour se structurer tout en répondant aux nouvelles problématiques. Aujourd’hui on est trop pour ne faire qu’une équipe de XV mais pas assez faire faire une équipe à XV et à X, mais on va trouver une solution.
Vous avez mis en place un calendrier, dans quel but ?
C’est une initiative des filles dans le but de récolter des fonds pour financer un tournoi en fin de saison. C’est aussi un bon moyen de faire parler du rugby féminin. Elles ont fait les photos elles-mêmes et le rendu est vraiment sympa. Les photos ont pour objectif de transmettre l’état d’esprit de l’équipe. On peut se procurer le calendrier lors des matchs à domicile, auprès du club ou des joueuses.
Aurélien Finet
Crédit Photo : Coralie Sombret – Gazettesports