Focus sur le jeune club de tir à l’arc et sarbacane basé à Etouvie, Sarb’Arc’Am.
Fondé en 2018, on ne peut pas dire que le timing ait été très favorable à Sarb’Arc’Am. Et pourtant, après plus d’une année très compliquée pour les associations sportives, le club est toujours là et sa vitalité n’est pas mise en cause, bien au contraire. Sébastien Guitton nous explique ainsi en préambule, quand nous le rencontrons que l’effectif est passé de 18 la première année à 41 l’année passée. Et surtout qu’il conserve une stabilité pour la saison qui a débuté en septembre : « On a eu la chance de ne pas avoir souffert de la crise sanitaire avec un taux de renouvellement assez important et des nouveaux, également. » Finalement, la principale contrainte aura porté sur l’organisation des entraînements, tout particulièrement concernant la sarbacane : « On essaie de gérer au mieux en fonction des règles sanitaires parce que la sarbacane est avec le souffle donc on a une individualisation totale du matériel. Les distances entre les cibles sont faites pour avoir deux mètres à chaque fois. »
Un mot d’ordre : s’adapter aux adhérents
Pour autant, si le grossissement des effectifs est un point de départ à la discussion, celui qui est fondateur et président du club met tout de suite les points sur les i : l’objectif du club, ce n’est pas de grandir absolument. Car ce qui lui importe, c’est avant tout « cette philosophie familiale, amicale et intergénérationnelle. Ça va de 7 à 70 ans, chez nous. » Mais ce n’est pas le seul facteur limitant, il y a aussi un aspect pratique qui entre en ligne de compte. « On est deux animateurs bénévoles, on travaille à côté, insiste ainsi Sébastien Guitton. On ne veut pas progresser encore en termes de nombre d’adhérents pour pouvoir rester sur de la qualité. Si c’est pour que les gens viennent et qu’on ne puisse pas s’occuper d’eux ou que ce soit à chaque fois le même exercice pour tout le monde, ce n’est pas quelque chose qui nous intéresse. On essaie vraiment d’adapter en fonction de chacun. »
On ne veut pas progresser encore en termes de nombre d’adhérents pour pouvoir rester sur de la qualité.
Une adaptation aux besoins et aux aspirations de chacun qui infuse la vie et le fonctionnement du club. Déjà en essayant, et en parvenant, à caler des séances supplémentaires par rapport à ce qui se faisait au début de l’existence du club, afin de pouvoir accueillir tous les adhérents dans de bonnes conditions au gymnase d’Etouvie, où se déroulent les entraînements : « On a des séances en plus. On avait commencé avec deux créneaux, un le mercredi, de deux heures et un le samedi de trois heures. L’année d’après, on a réussi à avoir une heure en plus le mercredi, donc on l’a scindé en deux pour permettre à tout le monde de venir tirer sans être trop entassés. Et le lundi soir, on a aussi réussi à avoir un créneau. » Ensuite, en proposant des entraînements « toujours ouvertes aux deux disciplines » que propose le club. Enfin en étant parfaitement ouverts à tous types de pratique, loisir ou compétitive.
Sébastien Guitton commence par nous expliquer avec un exemple concret en quoi le club permet à chacun de pratiquer selon son envie : « Chacun va avoir son propre objectif. Si je prends l’exemple de François-Xavier qui commence, son objectif, c’est de participer à son premier concours alors qu’on a Didier qui fait de la sarbacane, lui ne fait pas de concours, son objectif, c’est le plaisir. »
La compétition, pour tous ceux qui le veulent
S’il souligne ainsi que le passage par la case concours n’est en aucun cas nécessaire au sein du club, le président détaille le rapport que son club a avec la compétition, rappelant qu’à l’inverse, « il y a quand même un aspect compétition pour ceux qui le souhaitent, on ne ferme pas de portes. » Cela s’organise, dans l’année, autour de concours réguliers (« à peu près un par mois ») et de trois grands événements (les championnats nationaux de tir à l’arc et de sarbacane et « un rassemblement jeune qui mélange marche d’orientation et tir nature »).
Des compétitions pour lesquelles le club ne déroge pas du leitmotiv d’écoute du souhait de ses adhérents qui l’anime. « Il n’y a pas de qualifications chez nous, souligne en effet Sébastien Guitton. On ne va pas prendre les meilleurs. Celui qui veut participer, à partir du moment où il peut tenir la durée d’un concours ou au moins d’une série, on va lui permettre d’y aller. » Car, s’il est un motif limitant, finalement, c’est la capacité à tenir physiquement la durée de la compétition. Ainsi, explicite le président de Sarb’Arc’Am, « si au bout de 3-4 volées (une série de 3 flèches ou de 5 traits en sarbacane), physiquement, c’est difficile, on ne va pas aller plus loin, on va lui dire d’attendre d’avoir l’endurance. Parce qu’un concours, c’est quand même 3 heures en général, on est sur 10 volées de 3 flèches, deux fois, il faut quand même tenir sur la distance. »
Et de conclure sur ce chapitre que « si on fait des champions, tant mieux, mais à partir du moment où les gens ressortent avec un grand sourire, la mission est accomplie. » L’occasion tout de même, quitte à parler résultats, de souligner une belle performance réalisée par Véronique, membre du club et première nationale en +50 ans.
Un club engagé
Mais, on l’a bien compris, Sarb’Arc’Am, ce n’est pas que la compétition. Le club participe également à d’autres événements. Notamment, dans le cadre de partenariats. C’est notamment le cas avec le club de football de Blangy-Tronville. « Régulièrement, on essaye d’avoir une demi-journée pour proposer à leurs licenciés, dans le cadre d’un stage, les activités tir à l’arc et sarbacane », comme au début de ce mois de novembre. Autre partenariat que met en avant Sébastien Guitton, celui avec la Fondation Yves Cotrel, rattachée à l’Institut de France dans la lutte contre la scoliose, et qui, au passage, est à l’origine des premières adhésions au club : « Nos tous premiers adhérents, on les a connus dans le cadre des Scolimpiades (organisée par la Fondation Yves Cotrel, ndlr). Notre première archère a participé à ces Scolimpiades est venue par la suite au club. »
Le club a aussi été sur le pont dans le cadre de l’opération « les brioches ». « On n’est pas affilié aux fédérations handisport ou sport adapté mais on apprécie travailler avec eux, commente le président. Ça nous permet de rencontrer un public qu’on ne voit pas régulièrement, qui n’a pas forcément l’opportunité de pratiquer, en centre. On met un point d’honneur à essayer de leur offrir cette activité. »
Car, pour le club, « le sport est un moyen d’aller vers les autres, de cohésion sociale. » Une affirmation qui explique aussi une autre opération de Sarb’Arc’Am, nommée « Nos jeunes ont du piquant ». Celle-ci permettait en effet « à 12 jeunes d’Etouvie de pratiquer nos activités gratuitement. » Surtout, il s’agissait de ne « pas que ce soit une opération au rabais mais qu’ils aient leur place au club ». Ainsi, les jeunes en question se sont retrouvés « avec une vraie licence et un vrai rôle d’adhérent pour les intégrer dans les prises de décision, etc. » Et le bilan qu’en tire Sébastien Guitton est positif, puisque « aujourd’hui, il y en a 7 qui nous ont suivi, qui se sont réinscrits. »
La sarbacane, c'est quoi au juste ? "C’est un véritable sport. On est une bonne moitié à faire de la sarbacane de façon régulière. On est sur une activité physique à part entière dans la mesure où ça doit permettre de renforcer les muscles pectoraux et tout le haut du corps, du bassin à la tête parce qu’on se doit d’être immobile, le moindre mouvement faisant dévier le trait, et ne plus être sur la cible. Sur la Somme, on est 4 clubs à en faire de façon régulière en UFOLEP. La visée, ça dépend vraiment des gens. La première surprise qu’ont les gens qu’on initie, c’est qu’on leur dit que le viseur ne sert à rien. Donc souvent, on l’enlève, carrément. Au niveau de la visée, l’idée, c’est de garder les deux yeux ouverts, au final, le regard fait qu’on voit plus ou moins deux tubes et on positionne par rapport au jaune (le centre de la cible, ndlr). Certains vont, en fonction des positions, tirer en haut à gauche, donc on va contreviser, mais souvent, c’est deux yeux ouverts pour que ce soit optimal. En 2019-20, il y avait tout de même 262 UFOLEP, même si aujourd’hui on a baissé forcément."
Morgan Chaumier
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