D’abord, ce dimanche 15 août, il faisait un temps magnifique. Même si beaucoup de Samariens étaient partis sur les côtes picardes, même si dans les champs, les agriculteurs récoltaient leur moisson, il est agréable de noter que le ballodrome de la Hotoie à Amiens était également bien fourni.
Il est vrai que les équipes qualifiées avaient drainé de nombreux supporters qui ont donné de la voix. Il nous a été réconfortant de retrouver deux hommes qui, à leur niveau, défendent le ballon au poing qui, contre vents et marées, demeure solide au poste en tant que sport régional. Ces deux hommes un moment fâchés et redevenus amis, sont Michel Letesse le président de la Fédération française et de l’autre Gilles Caron, l’historien de ce sport.
C’est toutefois vers le président que nous sommes allés afin qu’il nous rappelle son parcours dans le ballon au poing :
« Je suis né le 6 septembre 1949 à Bouzincourt. J’ai commencé à jouer au début des années 60 et je me souviens être venu à La Hotoie pour jouer ma première finale junior car à cette époque il n’y avait pas de catégories cadets et minimes. C’était je crois en 1964 et j’ai perdu contre Jacques Debart.
En 1980, par contre j’ai gagné le drapeau Excellence B avec Jacques Falize et j’étais milieu de corde. J’ai pourtant longtemps joué foncier et ce jusqu’à l’âge de 47 ans. Je me souviens avoir terminé en salle. Dans le ballon au poing, le foncier est le joueur le plus important de l’équipe. Il est aussi le plus puissant et le plus régulier. C’est peut-être aussi dans l’équipe celui qui sait le pointage. Il ne doit pas regarder le tableau et rester malin.
Quand j’ai arrêté de jouer, j’ai intégré la Fédération française dont je suis l’élu depuis 1984. J’ai connu beaucoup de monde et je suis même allé aux obsèques du docteur Lenot. Je portais même le drapeau de Première B à la Chaussée Tirancourt. J’ai ensuite connu comme présidents Dominique Renaud, Jacques Falize, René Cazier, Samuel Prevost. J’ai même siégé au comité fédéral aux côtés de Jacques Falize et le Docteur Lenot qui étaient redevenus de simples membres. Vous savez dans le ballon au poing, il n’y a rien à gagner. Je suis un pur bénévole. Dans notre sport, il n’y a que de la dépense et du temps à passer. Regardez pour préparer ces championnats du 15 août, il faut du monde et nous sommes une trentaine. Mais cette année, je me suis permis de m’absenter car il y a la moisson à terminer.
Et aujourd’hui, je suis toujours maire de Bouzincourt mon village natal et dont je suis un élu depuis sept mandats. Dans le ballon au poing, j’ai été marqué par Bertoux dans le Poing d’Or, Jacques Debart pour ses nombreux drapeaux, l’équipe de Louvencourt pour sa régularité et celle de Beauquesne qui brille actuellement. Mais ce que je regrette, c’est la mentalité qui a changé. Les joueurs viennent seulement pour jouer et c’est tout. Quant à l’avenir de mon sport, je suis confiant. Il y a une quarantaine de clubs pour 600 licenciés. Je trouve même que nous sommes en progression.
Je siège au comité des sports régionaux et tenez-vous bien, j’ai eu au téléphone Madame Brigitte Henriques qui vient d’être élue à la présidence du CNOSF. J’espère même qu’elle viendra l’an prochain comme l’avait fait la Ministre des Sports Laura Flessel. »
Depuis quelques années, l’esprit olympique plane sur la Hotoie avant les finales. Tous les joueurs se rassemblent sur le terrain tandis qu’aux côtés du président, les deux capitaines des équipes juniors de Terramesnil et Beauval prononcent le serment vantant la sportivité des joueurs qui promettent de jouer en respectant les règles et ce, pour la gloire du ballon au poing.
Et juste après, le président Michel Letesse s’adresse au public pour que tout le monde se lève et écoute la Marseillaise.
Lionel Herbet
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