Nous l’avions rencontré en juin dernier à Samara à l’occasion de la Journée Olympique. Redouane Hennouni-Bouzidi était visiblement heureux au milieu de tous ces gamins qui ne connaissaient pas son parcours et les obstacles qu’il a dû franchir depuis maintenant une vingtaine d’années.
Le sociétaire de l’Amiens UC a été fauché alors qu’il était en pleine progression. Non pas en athlétisme, discipline dans laquelle il défendra les couleurs de la France à Tokyo mais en… patinage artistique. Son entraîneur était Patrice Macrez qui fut un champion dans les années 70 et qui croyait beaucoup en son élève. Un jour à l’entrainement sur la glace du Coliseum, Redouane fut percuté violemment par une patineuse et il reçut les patins acérés en pleine figure. Les premiers diagnostics prédisaient le pire pour ce garçon qui n’avait pas encore 20 ans.
À Samara, il nous rappela son parcours et surtout la volonté qu’il avait affichée pour relever la tête et regarder vers un avenir meilleur : « Je suis en effet un pur Amiénois, nous avait-il déclarés en préambule. Au début, je pratiquais le patinage artistique et un jour, j’ai été victime d’un grave accident. J’ai reçu la lame acérée du patin d’une équipière et je me suis retrouvé dans le coma. J’ai été paralysé et il m’a fallu des années avant que je ne puisse remarcher. J’étais déterminé à m’en sortir et je croyais en moi et en ma famille. Si mes proches n’avaient pas été à mes cotés, j’aurais sûrement craqué.
Je n’avais jamais pratiqué l’athlétisme et un jour, je suis rentré chez moi et j’ai dit à ma maman : inscris-moi dans un club. Je venais de faire un petit footing au Parc Saint Pierre.
Je suis parti à l’AUC et mon entraineur est aujourd’hui Pascal Machat. Je suis champion de d’Europe du 1500m et j’ai battu le record d’Europe à Dubai. Très tôt je savais que je pouvais aller aux Jeux car je savais que j’avais les bases pour réussir et que surtout je suis capable de faire quelque chose de grand. Maintenant, après les stages de Boulouris et Kobe je vais au village olympique et espère pouvoir assister à la cérémonie d’ouverture. »
L’objectif de Redouane est clair : il veut ramener une médaille du Japon.
Lionel Herbet
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