FOOTBALL – Jodinel Nzeza : D’Amiens à la Turquie un rêve qui se réalise

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Jodinel Nzeza, produit de la formation Amiénoise, a signé la semaine dernière son premier contrat professionnel, en Turquie, après un parcours atypique. 

Formé à l’Amiens Sporting Club, Jodinel Nzeza n’a pas réussi à obtenir un contrat professionnel au sein du club phare amiénois. Il rejoint alors l’ACA, où après avoir prouvé sa valeur avec l’équipe réserve il convainc Azouz Hamdane de lui donner sa chance avec l’équipe première. Après plusieurs saisons, il décide de quitter son cocon amiénois pour rejoindre l’USM Montargis (N3). Après deux saisons très satisfaisantes, il fait le choix de rejoindre cet été le Tours FC (N3) et son ambitieux projet. Mais les problèmes financiers du club et sa rétrogradation en Régional 1 vont changer la carrière de ce dernier. En effet, alors qu’il devait évoluer en N3, il se retrouve à signer son premier contrat professionnel en deuxième division turc à Ankara Keçiörengücü

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Entretien avec l’Amiénois, qui revient sur cette formidable nouvelle et se projette avec ambitions sur ses nouveaux objectifs. 

Quelles sont vos sensations après ce premier contrat professionnel ?

C’est un truc de fou. Je réalise un rêve et un objectif que j’ai depuis que je suis tout petit. C’est une fierté car je suis allé le chercher. On ne me l’a pas donné, c’est mon travail au quotidien depuis plusieurs années qui fait que j’en suis là aujourd’hui. 

C’est un objectif atteint, qui en amène d’autres j’imagine ?

Oui, c’est l’objectif d’une vie, d’une carrière, mais je suis quelqu’un de très ambitieux et je ne veux pas m’arrêter là. Maintenant je vise plus haut et j’espère aller voir à l’étage encore supérieur que ce soit avec le club ou non, en Turquie ou ailleurs. 

Vous deviez initialement signer au FC Tours (N3), finalement vous vous retrouvez en D2 Turque. Comment cela c’est fait ?

C’est quelque chose d’inespéré et auquel je ne m’attendais pas du tout au moment où je signe au FC Tours. Je donne ma parole au club, je signe on me présente, tout était fait mais Tours a des problèmes financiers. Je le sais au moment où je signe comme toutes les autres recrues mais on nous dit que cela ne pose pas de problème. Finalement au fil des semaines on voit que notre paye arrive en retard et en discutant on est de plus en plus pessimiste sur la situation du club. Finalement j’ai cette proposition de Turquie qui tombe de nulle part. On vient me voir pour faire des essais en deuxième division turc. Je n’ai rien à perdre donc j’y vais et je saisis l’opportunité. Le premier essai, se passe super bien, je retourne donc pour un deuxième essai qui est encore concluant et je signe pour 4 ans. J’avais prévenu Tours de cette opportunité et le coach avec qui j’avais une superbe relation m’avait donné sa parole pour me libérer en cas de proposition du club turc. Finalement, le club est rétrogradé en R1 donc il n’y a donc aucun souci à quitter le club. C’était le destin on va dire. 

Comment un club de D2 turc est venu vous chercher ?

C’est un peu de la chance, puisque c’est une connaissance qui entend parler via un ami à lui que le club organise des essais. Il propose mon profil et finalement je pars avec plusieurs joueurs français faire les essais. C’est donc un coup de pouce du destin qui me met sur le chemin de ce club Turc. 

Ça va être compliqué car je ne suis pas habitué mais je me bat depuis tout petit pour cette opportunité, cette vie et je suis prêt

C’est votre première expérience à l’étranger, j’imagine que c’est une décision importante et pas forcément évidente ?

J’avais déjà quitté mon cocon familial en allant à Montargis mais je restais proche de ma famille et je pouvais rentrer souvent. Là c’est très différent car je vais être loin de mes amis, de ma famille, de ma mère. Ça va être compliqué car je ne suis pas habitué mais je me bats depuis tout petit pour cette opportunité, cette vie et je suis prêt. J’ai signé professionnel et maintenant je suis vraiment focus là-dessus. Je sais aussi pourquoi je fais cela et je dois faire tout mon possible pour réussir là-bas. 

Vous paraissez très proche de votre mère, j’imagine qu’elle doit être très fière de cette signature ?

Oui, elle était super contente, quand je lui ai annoncée elle était aux anges. Pour moi, la rendre fière c’est le plus important. C’est aussi pour elle et pour lui rendre tout ce qu’elle m’a donné que j’ai fait tous ces efforts, ces sacrifices. C’est une motivation supplémentaire pour moi au quotidien. J’espère pouvoir la rendre encore plus heureuse et continuer de l’aider.

Vous rejoignez la seconde division turc avec un club ambitieux, l’objectif c’est de profiter de cette visibilité pour voir plus haut ?

Oui, clairement je ne veux absolument pas m’arrêter là. Quand j’ai discuté avec le club je leur ai fait part de mes ambitions et l’on est parfaitement en phase là-dessus. Si j’arrive à atteindre la première division avec eux tant mieux, après si c’est avec une autre équipe ça me va aussi. De toute façon ce sera forcément gagnant pour tout le monde car il me récupère gratuitement et j’ai signé 4 ans. Donc si je pars, il y aura une indemnité pour le club. 

Un retour en France est-il un jour envisageable ?

Oui, clairement le France c’est mon pays, j’ai tout en France, ma famille, mes amis et j’ai grandi ici. Donc si un projet intéressant se présente et j’ai l’occasion de poursuivre en tant que professionnel pourquoi pas. Après pour le moment je me concentre sur cette aventure et c’est à moi de me montrer pour avoir d’autres opportunités encore plus belles. 

Avez-vous pensé ces dernières années que votre rêve de devenir professionnel était terminé ?

Forcément je savais que plus les années passées et moins j’avais de change de réaliser ce rêve car je restais en N3 depuis plusieurs saisons mais dans un coin de ma tête ce rêve a toujours été présent. Avec les deux dernières saisons compliquées à cause du Covid je me suis dit que j’avais perdu du temps et que ma chance était peut-être passée mais je m’étais fixé comme objectif de tout faire jusqu’à 28 ans environ pour y arriver. Je ne m’attendais pas à signer un contrat cette année mais finalement la chance m’a souri et c’est à moins de saisir cette opportunité. 

Avec les deux dernières saisons compliquées à cause du Covid je me suis dit que j’avais perdu du temps et que ma chance était peut-être passé

La barrière de la langue est-elle la chose la plus compliquée dans ce début d’aventure ?

C’est vrai que c’est quelque chose de complexe et un frein à mon intégration, mais le club m’aide énormément. J’ai un traducteur tout le temps qui m’aide pour mes démarches de tous les jours, pour me traduire ce que dit le coach etc. Cela m’aide énormément, après sur le terrain je ne comprends pas toujours ce qu’ils disent mais bon c’est le football qui parle et le football c’est un langage universel. La présence de francophones m’aide aussi à m’intégrer et je vais faire les efforts pour pouvoir communiquer plus facilement au quotidien. 



Aurélien Finet

Crédit Photo : Ankara Keçiörengücü