Ce 1er mai n’est pas férié pour Victor Eonnet. A la barre de son voilier Fondation Arthritis, le skipper amiénois prend le départ de la Pornichet Select, première régate de l’année. Il veut valider sa préparation pour la Mini Transat en solitaire, qui s’élancera dans moins de cinq mois.
Ils ne vont pas attendre le déconfinement, lundi, pour lever l’ancre ! Ce 1er mai, à 13h à Pornichet (Loire-Atlantique), sera donné le départ d’un défilé à huis clos mais très attendu, car comptant pour le championnat de France et qualificatif pour la Mini Transat. « J’ai déjà réussi les minima, rappelle l’Amiénois Victor Eonnet. En effectuant 1500 milles en course l’an dernier et en bouclant le parcours de qualification entre le sud de l’Irlande et l’île de Ré. Là, il suffira de franchir la ligne d’arrivée… »
Une régate de 300 milles
Rien n’est jamais acquis, la mer étant une formidable école d’humilité, mais le skipper de Fondation Arthritis, ingénieur chez Clarins à Glisy, est aussi confiant que motivé avant de prendre le départ de la Pornichet Select. « En janvier, février et mars, je me suis entraîné quasiment tous les week-ends. Le seul hic, c’était que le couvre-feu nous obligeait à être rentrés pour 19h…. » précise Victor Eonnet. Quand il dit « nous », il parle du pôle de la Turballe. « Nous sommes onze au départ ! Âgés de 21 à une cinquantaine d’années. Onze sur les 65 bateaux engagés, dont une grande partie sera au départ de la Mini Transat. » Avant de voguer cet automne vers la Guadeloupe via les Canaries, la Pornichet Select propose une boucle de 300 milles, soit environ 550 km. Départ de Pornichet direction la balise de Birvideaux, entre Belle-Île-en-Mer et Groix. Puis la bouée du chenal des Sables d’Olonne, Groix et retour à Pornichet.
« J’ai tendance à m’emballer… »
A moins de cinq mois de sa première transatlantique, le navigateur amiénois a soif de course et besoin de repères. « Je veux profiter de la Pornichet Select pour valider tout ce que j’ai fait en préparation, notamment sur le plan mental et pour mon alimentation » annonce celui qui s’est donné les moyens de gommer ses défauts. « Je suis quelqu’un qui a tendance à s’emballer, c’est-à-dire à vite devenir euphorique quand je sens que je distance mes adversaires. Et inversement à me frustrer si j’ai l’impression de ne pas avancer. Alors j’ai commencé, il y a un an, un travail avec mon préparateur mental, Franck Blondeau. »
Un travail dont cette course, qui devrait durer un peu plus de 48 heures pour lui, doit servir à appliquer « les routines mentales » définies avec son coach. « A bord, j’ai un logo, collé à plusieurs endroits et je dois le regarder pour les visualiser » explique ce matheux qui « adore les courbes ». C’est ainsi que Victor Eonnet doit se représenter « une courbe constante », qui ne soit pas parasitée par ce qui fluctue à l’extérieur. C’est un peu technique, mais ça marche et c’est bien là l’essentiel !
Rationnement alimentaire
Quant aux conditions de mer, elles s’annoncent assez imprévisibles. « La situation anticyclonique en ce moment est un peu compliquée à analyser, confie-t-il. Mais on devrait avoir du vent pour le départ, moins dimanche et ça devrait souffler à nouveau lundi. » C’est justement quand il faut passer du temps à la barre, à manoeuvrer que « mon naturel a tendance à revenir au galop » reconnaît Victor Eonnet. Cette course devrait aussi être un bon moyen de savoir s’il parvient à respecter le programme prévu pour s’alimenter. « Il est très précis, avec des rations prévues à des heures précises. Il faut que je m’y tienne ! » dit celui qui perd l’appétit en mer et qui trouve là un moyen de se mettre une pression que son préparateur mental s’évertue à dissiper…
« Mais en suivant une formation avec une diététicienne cet hiver, j’ai découvert les mécanismes de la perte de poids » raconte Victor Eonnet, en quête de solution pour ne pas maigrir autant que lors de son parcours de qualification, l’an dernier, au cours duquel il avait perdu plus de cinq kg en dix jours ! « Quand on est dénutri, on perd d’abord du muscle, pas du gras, c’est catastrophique ! Alors il faut déjà bien s’alimenter avant le départ, avec des sucres lents. » Ce que le skipper samarien a commencé à faire en vue de la Pornichet Select : « des pâtes, du riz avec ce que je veux quand même pour accompagner ! »
Des fonds pour la recherche sur le lupus
Sur le papier comme à bord, tout est réuni pour que Victor Eonnet se serve de la Pornichet Select pour des répétitions grandeur nature avant la Mini Transat. « J’ai changé les safrans. Le vérin hydraulique du pilote automatique aussi, que j’ai remplacé par un électrique, qui consomme beaucoup moins d’énergie. » Tout cela a un coût… Il manque à Victor Eonnet 7000 € pour boucler son budget. Mais en tout, c’est 100 000 € que le skipper recherche, afin de donner un sérieux coup de pouce à la Fondation Arthritis qui le soutient. Echange de bons procédés… Précisément, le navigateur veut mettre sa pierre à la levée de fonds d’Arthritis pour la recherche sur le lupus, une maladie auto-immune qui a la particularité de toucher davantage les femmes. La preuve que même en solitaire, on peut la jouer collectif….
Vincent Delorme
Photos libre de droit
Pour contacter Victor Eonnet et l’aider à boucler son budget : victoreonnet@gmail.com
Pour découvrir la fondation : https://fondation-arthritis.org/une-transat-pour-la-recherche/
Pour suivre la Pornichet Select, départ à 13h ce samedi 1er mai : www.la-cl.com