Tandis que de nouvelles perspectives semblent s’ouvrir pour la Ligue Magnus, Anthony Mortas s’est livré sur la situation actuelle, est revenu sur le début de saison et nous a fait part d’une certaine « lassitude ».
Qu’en est-il de la situation actuelle pour l’équipe ?
Pour l’instant on n’a pas trop de nouvelles. On a repris l’entraînement. Après je sais qu’il y a une réunion avec la Fédération et les présidents de clubs jeudi. L’idée serait de rejouer quelques matchs en décembre, même si c’est à huis clos, mais au moins de rejouer un peu pour attaquer janvier avec trois matchs par semaine. L’objectif étant de finir la saison de 44 matchs fin mars.
Quand avez-vous repris ? Et cela a-t-il impliqué une nouvelle préparation ?
On a repris vendredi dernier (ndlr : 20 novembre), donc on est resté une semaine à l’arrêt. Non non pas de nouvelle préparation, on a vu avec le préparateur physique, en coupant une semaine il n’y avait pas besoin, d’autant que l’on avait bien bossé les journées d’avant, il n’y a pas de soucis niveau cardio.
Quel premier bilan tirez-vous du début de saison ?
Un petit peu timoré, avec des débuts compliqués et un léger mieux par la suite. Donc un peu déçu par le début de saison. Après quelques matchs on a changé deux trois petites choses, et l’efficacité offensive était enfin présente, donc sur certaines rencontres ça nous a bien aidés. Mais c’est vrai qu’au début de saison on avait beaucoup de mal à marquer des buts, donc ça avait été compliqué.
Pour autant, avant l’arrêt des matchs, on sentait que « la mayonnaise » commençait à prendre…
Sur les cinq derniers matchs on avait quatre victoires, donc c’était plutôt intéressant, mais on a été arrêté dans la foulée. C’est un peu dommage, mais au moins on a pu travailler, on a pu donner un peu de relâche aux joueurs, et puis toutes les équipes sont dans le même cas. Mais c’est vrai qu’on était plutôt mieux qu’au début de saison, et c’était intéressant pour la suite.
Mais là, une nouvelle fois cette année, il va falloir repartir sur de nouvelles bases…
Oui, c’est ça qui est compliqué. En discutant avec les autres entraîneurs on est d’accord pour dire que le plus dur c’est de garder une dynamique. Quand on est un joueur pro’ on prépare toujours des objectifs, là pour l’instant il n’y a pas grand chose à préparer. On essaye de bien expliquer aux joueurs qu’il est important de garder la forme physique. Et dès que l’on va avoir une reprise de prévue on pourra se fixer sur quelque chose, se concentrer sur un but précis, et là ce sera un peu plus facile.
Selon vous, combien de temps vous faudra-t-il avant de pouvoir rejouer ?
On s’est dit entre coachs qu’il fallait à peu près quinze jours pour avoir une visibilité et préparer les joueurs pour repartir en championnat. Là, il y a une réunion jeudi, et je pense que début décembre, on aura quelque chose de concret.
Nous les coachs on est lassés d’entraîner juste pour entraîner
Sentez-vous une lassitude, un ras-le-bol de cette année « merdique » ?
Oui, oui, elle l’est vraiment… C’est compliqué, on parle des joueurs mais il y a aussi les supporters qui sont lassés d’attendre. Nous, les coachs, on est lassés d’entraîner juste pour entraîner. C’est dur pour tout le monde, on en a conscience, mais voilà il y a des choses qui se passent et on doit respecter les décisions et faire avec. On n’est pas les plus mal lotis non plus. Mais c’est vrai que c’est un peu frustrant.
D’un point de vue personnel, cette période est loin d’être idéale pour une première expérience de head-coach…
Oui j’espère que je n’aurais pas deux saisons comme celle-ci. Mais ça c’est anecdotique, ce n’est pas grave en soi, moi ce qui m’intéresse c’est de travailler avec l’équipe, de la faire progresser de match en match. On avait une certaine continuité dans les matchs, une progression, être coupé en plein élan c’est un peu dommageable mais on va repartir. D’autant que le groupe est vraiment très agréable à manier, donc ça c’est une bonne chose. Là, on a hâte d’avoir une date et des objectifs à moyen terme, pour pouvoir reprendre le championnat.
C’est comme ça, la vie du hockey est un peu dure en France
Selon vous, la Ligue Magnus est-elle en danger ?
Là, c’est mon avis, je ne pense pas. Après je ne suis pas au cœur des comptes de tous les clubs. Je sais que les clubs souffrent financièrement. Après est-ce qu’elle est en danger ? Il faudra voir en fin d’année. Mais c’est vrai que si le championnat reprend fin décembre-début janvier et que l’on arrive au terme de la saison, peut être que ça ira bien. Mais on n’est pas à l’abri de perdre un ou deux clubs, ce sont des choses qui arrivent malheureusement. Mais la Magnus existe depuis quelques années et il y a eu beaucoup de clubs qui ont disparu, d’autres qui sont arrivés et d’autres qui sont revenus. C’est arrivé à Reims, Amiens, Grenoble, à beaucoup de clubs. Je pense aussi à Lyon l’an passé, c’est comme ça, la vie du hockey est un peu dure en France, il y a beaucoup de sports devant nous. Mais voilà, il faut faire le dos rond, il faut trouver des solutions, s’entraider, ce que les clubs font plutôt bien en ce moment. Plutôt que chacun prêche un peu pour sa paroisse, les clubs et les présidents essaient de trouver des solutions ensemble pour rejouer, pour ne pas mettre en péril le hockey français.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédit photo Kevin Devigne Gazettesports.fr