AUTO : « Nous ferons le maximum pour aider les jeunes pilotes, comme Lilou Wadoux » Alexandra Jentet, d’Alpine Elf Europa Cup

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Alexandra Jentet est le personnage clé de l’Alpine Elf Europa Cup qui s’est terminée le week-end dernier au Portugal. Si la saison a été raccourcie à cause de la pandémie, la victoire de Jean-Baptiste Mela (Autosport GP) et l’émergence d’autres jeunes pilotes comme l’Amiénoise Lilou Wadoux « amènent de la performance et ouvrent la porte à un plateau de pilotes élargi en 2021 » selon celle qui organise ce championnat.

Alexandra Jentet baigne dans le sport automobile depuis vingt ans. Mais rien ne prédestinait la titulaire d’un Master de Management du Sport à travailler dans ce milieu. « Les voitures, j’aime beaucoup, mais ç’aurait pu être un autre sport… Car j’adore le sport et la compétition », confie la responsable de l’Alpine Elf Europa Cup (AEEC), « general manager » des volets organisation et sportif de cette compétition lancée en 2018. « J’ai commencé comme attachée de presse des catégories fédérales, la F3 à l’époque, le Super Tourisme, la Super Production, la Formule France. Puis j’ai travaillé six ans chez Renault Sport, avant de passer par Peter Auto pour la relance du Grand Prix de Pau. Puis quatre ans à la FIA (Fédération Internationale Automobile). Et depuis trois ans, je m’occupe de l’AEEC, mission confiée par Signatech. Donc j’ai connu à peu près toutes les facettes du sport auto, côté constructeurs et côté fédéral » souligne Alexandra Jentet. Avant de confier qu’au départ, son sport « c’était l’équitation, dès l’âge de sept ans. J’ai beaucoup monté, en jumping. Mais le sport auto n’est pas si éloigné, avec de nombreux termes en commun : écurie, paddock… Et les chevaux sous le capot ! Mais le cheval est moins maîtrisable que la voiture quand on veut freiner ! » relève avec un large sourire Alexandra Jentet.

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Alexandra Jentet, des chevaux à l’auto !



– Quel bilan dressez-vous de cette année particulière pour l’Alpine Elf Europa Cup, concentrée entre août et début novembre à cause de la pandémie de Covid-19 ?
Alexandra Jentet : « Nous avons vécu une super saison ! C’était la troisième. Normalement, quatre rendez-vous étaient prévus à l’étranger et deux en France. A cause du Covid, on a dû réduire à quatre manches, dont trois en France, mais en gardant dix courses en tout. Ce qui nous a fait deux week-ends chargés à Nogaro et au Castellet avec trois courses, mais tout le monde a très bien géré. Le plateau de pilotes a été très fair-play, avec du respect, de belles courses très animées, sans comportement anti-sportif. C’est quelque chose qui nous tient beaucoup à coeur depuis le début. Dès qu’il y a eu un petit débordement, nous avons été là, avec le directeur de course qui nous a suivi toute la saison. Et aussi un collège avec qui on discute beaucoup des décisions et des sanctions éventuelles. On ne veut pas que l’AEEC se transforme en course de stock car, comme dans certaines disciplines où on s’appuie les uns sur les autres pour passer, plonger à l’intérieur pour dépasser le petit copain… On ne veut pas de ça ! On veut des courses sportives, musclées mais correctes ! »
– Et comparé aux deux premières années, on a vu éclore une jeunesse « débordante » !
A. J. « Oui, les juniors sont là, quatre ou cinq classés dans les sept ou huit premiers selon les courses, ce qui amène de la fougue, mais ils sont aussi dans un esprit gentlemen, pas suicidaire ! C’est propre. Les quelques incidents que nous avons eus, c’était des erreurs minimes. Cela aurait pu passer, comme pour Edwin (Traynard, pilote junior d’Autosport GP sorti de piste, voiture sérieusement endommagée) à Magny-Cours. Cette jeunesse amène de la performance parce que ça roule très très vite devant. Les cinq premiers vont très vite et même les huit ou neuf premiers se tiennent souvent dans la même seconde. Et les Gentlemen (NDLR : pilotes plus âgés qui roulent pour le plaisir) ne déméritent pas ! »« Nous cherchons la qualité et pas la quantité »

– Est-ce que ce mélange de générations peut entraîner une hausse du nombre de pilotes en Alpine Cup l’année prochaine ?
A. J. : « C’est ouvert à plus de voitures… Il y en avait entre quinze et dix-sept par course cette année, en moyenne. Sur les premières courses de la saison, on a vu une équipe de GT4, Mirage, intéressée. Chazel Compétition, qui est engagée en Rallyes, a acheté une A110 Cup et serait intéressée pour venir en AEEC. Nous cherchons vraiment la qualité et pas la quantité. Si on doit s’arrêter à vingt voitures parce qu’on choisit les teams qui ont un esprit sportif et fair-play, on s’arrêtera à vingt voitures ! De toute façon, le sport auto, c’est tout petit : on connaît les gens qui sont bien et ceux qui ont un moins bon état d’esprit. S’il doit y avoir vingt-cinq voitures, il y en aura vingt-cinq, mais il faut que ce soit dans l’état d’esprit que l’on a voulu insuffler à ce plateau. On voit bien qu’il y a une bonne ambiance entre les équipes et les pilotes de tous âges, qu’ils se mélangent et qu’ils sont très ouverts les uns aux autres. »
– Avec la crise sanitaire, on imagine qu’il est difficile de savoir à quoi ressemblera la saison à venir ?
A.J. :  » Il y aura un format de 6 meetings à 2 courses avec SRO comme support privilégié au moins sur 4 épreuves. »

En plus, Alpine, marque française qui va arriver l’an prochain en Formule 1 comme motoriste, provoque un intérêt médiatique en France ?
A. J. : « Oui, je pense que l’annonce de Renault vis-à-vis d’Alpine va beaucoup apporter à l’AEEC, au GT4 et aux championnats où Alpine est présente. Avec aussi l’arrivée en LMP1, en plus du LMP2, les rallyes. Tout cela fait qu’il va forcément y avoir des discussions dans la grande famille Alpine. Et les performances des jeunes pilotes en AEEC, à commencer par le champion 2020 Jean-Baptiste Mela et aussi Matéo Herrero qui fait une pige en GT4 et qui gagne les deux courses, forcément, ça fait parler de l’Alpine Cup, du niveau de la voiture et du championnat. »

« Nous serons là pour aider Lilou Wadoux à progresser »

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Un mano à mano entre Lilou Wadoux et Gosia Rdest lors de la dernière course de Portimao


– Un championnat où les deux pilotes féminines sont « dans le match » : Lilou Wadoux et la Polonaise Gosia Rdest…
A. J. : « Ce sont de vrais pilotes, deux filles qui se battent devant alors qu’elles sont arrivées seulement cette année en Alpine. On est très content de cette nouveauté ! Gosia a 27 ans, Lilou est encore plus jeune (19 ans) et très prometteuse. Elle ne connaissait pas du tout la voiture, à propulsion alors qu’elle n’avait roulé qu’en traction. Elle est très regardée par tout le paddock. Et nous serons là pour l’aider à progresser, comme on le fait avec d’autres jeunes qu’on estime prometteurs : JB Mela, Matéo Herrero etc. Nous ferons le maximum pour les aider, pas financièrement puisque Signatech Alpine est promoteur de la série AEEC et de la marque, mais on les aidera du mieux possible pour aller le plus haut possible s’ils veulent en faire leur métier. »

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A Portimao, lors de la 1ere course, quadruplé d’Autosport GP, 3 juniors et Laurent Hurgon


– Et ces pilotes peuvent progresser tout en restant chez Alpine ?
A. J. : « Absolument ! Sans parler de filière parce que ça n’en est pas vraiment une, on estime qu’un pilote qui fait deux années d’AEEC peut progresser en GT4, en LMP2. Pour la F1, c’est un peu différent, très particulier, un autre monde. Mais dans la filière Endurance, il y a vraiment de la place pour ces jeunes ou moins jeunes… Les Gentlemen sont là pour se faire plaisir et s’ils veulent partager le volant, ils vont en GT4. Mais pour les jeunes, on essaye de monter cette filière qui pourrait amener encore plus de visibilité à Alpine, comme certains autres constructeurs l’ont fait par le passé. Matéo Herrero (NDLR : 4ème au classement final de l’AEEC 2020 à seulement 18 ans) a reçu des propositions. Il va peut-être aller en Alpine en GT4 ou bien en Mercedes, peu importe, même si on va l’aider à rester en Alpine. Mais s’il va ailleurs, nous saurons dire qu’il est passé par Alpine. D’ailleurs, les équipes ont un rôle majeur à jouer car elles forment les pilotes. C’est la même chose que pour les jeunes qui arrivent du kart et qui vont en Formule Renault, en F3 puis en F1. Alpine est un mix de performance et convivialité. »

Interview : Léandre Leber à Portimao (Portugal)
Rédaction : Vincent Delorme
Photos : Léandre Leber Gazettesports

CLASSEMENT GENERAL FINAL OFFICIEL DE L’ALPINE ELF EUROPA CUP 2020
1. Jean-Baptiste Mela (Autosport GP) CHAMPION ET vainqueur Juniors 166 points
2. Laurent Hurgon (Autosport GP) 129 pts
3. Pierre Sancinéna (Racing Technology) 113 pts
4. Matéo Herrero (Herrero Racing) 2ème Juniors 89,5 pts
5. Marc Guillot (Herrero Racing) 76,5 pts
6. Edwin Traynard (Autosport GP) 3ème Juniors 68,5 pts
7. Lilou Wadoux (Autosport GP) 4ème Juniors 65 pts
8. Gosia Rdest (POL – Racing Technology) 43 pts
9. Philippe Bourgois (BEL – Racing Technology) vainqueur Gentlemen 24 pts
10. Anthony Fournier (Race Cars Consulting) 2ème Gentlemen 18 pts
11. Louis Méric (Herrero Racing) 5éme Juniors 15 pts

17. Franc Rouxel (Herrero Racing) 7ème Gentlemen 6,5 pts

Publié par Leandre Leber

Fondateur du média, journaliste curieux tant en photo qu'en rédaction. Les mots et les rencontres ont du sens.