Sous un maillot de l’Amiens Porto qu’elle endosse toujours avec plaisir, la demoiselle se dévoile, sans concession… Émotion également.
« La vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain… » Cette maxime, Ophélie Vaquier, au même titre que ses coéquipières de l’Amiens Porto, l’a d’ailleurs récemment approuvée. Et nullement à ses dépens. Car à l’avenir très incertain en Régionale 1, l’intéressée s’est néanmoins vue accorder la possibilité d’évoluer à ce niveau à la rentrée, sous ces mêmes couleurs !
« Agréable surprise » émanant d’une improbable situation, engendrée par cette pandémie du Covid 19, qui a encouragé les instances dirigeantes à mettre un point final au championnat en cours. Une décision qui conjuguait à celle de ne rétrograder que la dernière équipe au classement veillait à brusquement éclaircir l’horizon de l’Amiens Porto. Surtout que là, cette lanterne rouge ne pouvait en aucun cas échapper à l’ESC Longueau, contraint quelques semaines plus tôt au forfait général.
« Cette prise de position nous retire une épine du pied ! Cependant, il convient de l’accueillir avec beaucoup de retenue car elle fait suite malheureusement à cette terrible crise sanitaire que nous traversons » argumente, avec spontanéité, Ophélie Vaquier. Adressant au passage une « pensée à toutes celles et ceux qui souffrent de cette épidémie. »
Attention toute particulière sur fond de trait de personnalité qui semblerait vouloir caractériser cette demoiselle de 23 ans. Laquelle se souvient avoir connu « d’inédites sensations footballistiques dès l’âge de sept ans. » Intégrait-elle alors l’équipe masculine de Cerisy, paisible bourgade de la Somme où résidaient ses parents. Prometteurs premiers pas qu’Ophélie Vaquier veillait à prolonger, dans la foulée, sous le maillot de Bray-sur-Somme. Nouvel environnement qui attisait néanmoins ce désir exacerbé de toujours bien faire. « J’adore le jeu de ballon mais aussi le sport version collectif. Le football correspond parfaitement à cela » mentionne alors celle dont la volonté de progresser, de se dépasser, de se surpasser lui permettait de se démarquer sur le pré vert. Dans un rôle à vocation défensive pour lequel Hacène Kichou, alors responsable technique de l’Amiens Porto, laissait apparaître rapidement un vif intérêt.
J’adore le jeu de ballon mais aussi le sport version collectif. Le football correspond parfaitement à cela.
« L’échange s’est révélé intéressant, le projet présenté également. Par conséquent, j’ai décidé d’y prendre part » résume la demoiselle derrière un petit sourire qui témoigne encore d’une foi en l’avenir… Et ce malgré un récent exercice où ces couleurs qu’elle a plaisir à porter ne se sont révélées guère brillantes.
« Indéniablement. Il apparaîtrait même indécent d’oser affirmer le contraire. Nous avons éprouvé d’énormes difficultés à nous mettre en évidence. Toutefois, il convient de rappeler que cette saison se voulait de transition. Après la redistribution de certains rôles au sein du staff, l’effectif a dû s’adapter, accepter également un autre regard, une approche différente. Nous avons toutes notre part de responsabilité dans cette accumulation de piètres résultats, à commencer par moi-même. À notre décharge, de multiples blessures ont aussi joué en notre défaveur, déstabilisant incontestablement le groupe. » Analyse sans concession d’une collaboratrice des ressources humaines de son entreprise dont la pratique sportive demeure un loisir. Une « source de plaisir » dont elle admet s’enivrer « dès que possible » sur et en marge de l’aire de jeu.
Ainsi consacre-t-elle une partie de son temps libre dans « l’encadrement des jeunes. » Aux côtés de Karim Arzalai, elle donne de la voix afin d’indiquer celle à suivre aux représentantes U18 de l’Amiens Porto. Un tout autre registre où elle semble s’affirmer, doucement mais sûrement. Comme un paradoxe pour cette sportive qui se décrit souvent comme discrète et réservée, mais que l’exaltation métamorphose parfois.
« Le contraste est saisissant entre l’attitude requise sur le banc et celle où l’on puise sa force en compétition, balle au pied. Jongler de la sorte n’est pas pour me déplaire néanmoins. J’apprécie également dispenser quelques conseils, partager mon humble expérience. » Un enthousiasme qu’Ophélie Vaquier parvient habilement à canaliser cependant. Comme certains excès d’agacement légitimes qui ont émaillé un championnat où les Amiénoises se sont très rapidement retrouvées en fâcheuse posture, les deux pieds dans le même sabot. Désillusions où des mots sont parfois parvenus à apaiser ceux d’une troupe en cruelle manque de confiance.
Le choix s’est avéré compliqué mais cette frappe des 40 m qui réussit à se loger aux fonds des filets de l’Amiens SC en finale de la coupe départementale en juin dernier en est un !
« La communication sitôt la rencontre face à l’AS Beauvais-Oise reste d’ailleurs l’un des bons souvenirs de cette saison achevée prématurément. Malgré la défaite (5-1), la « causerie » d’après-match nous a maintenues à flots. C’est très étrange de retenir ce moment, mais cette analyse « à chaud » du coach Dominique Chevalier a sans aucun doute évité que l’effectif ne se disloque… » exprime celle qui se remémore un autre agréable souvenir. « Le choix s’est avéré compliqué mais cette frappe des 40 m qui réussit à se loger aux fonds des filets de l’Amiens SC en finale de la coupe départementale en juin dernier en est un ! » souligne-t-elle. Regrettant cependant que cet essai fructueux ne l’autorisera, ni même ses coéquipières, à soulever le tant convoité trophée (4-1).
Si ce championnat a connu un dénouement inattendu et favorable, il demeure un goût d’inachevé.
« Une accession est aussi une belle aventure humaine, l’avènement parfois d’un groupe. J’ai eu la chance, le privilège de participer à plusieurs d’entres elles avant d’atteindre la Régionale 1. L’adrénaline est alors constamment au rendez-vous. » Saveur qui a donc fait défaut ces dernières semaines. « Si ce championnat a connu un dénouement inattendu et favorable, il demeure un goût d’inachevé » murmure Ophélie Vaquier. Trépignant d’impatience de pouvoir retrouver les terrains et « la compétition » afin qu’elle puisse, avec ses coéquipières, prétendre relever la tête. Et espérer dévoiler un tout autre visage, beaucoup plus séduisant que celui qui fut le leur ces derniers temps…
Fabrice Biniek
Crédit photos : Coralie Sombret & Kevin Devigne (Gazettesports)