Sous le choc après l’annonce dominicale d’une relégation en Régionale 1, les Amiénoises sonnent la révolte. Et souhaitent se faire entendre…
« Il est parfois préférable d’agir plutôt que d’essayer de guérir ! » En cette période de pandémie, les demoiselles de l’Amiens SC s’efforceraient-elles d’appliquer cette devise au pied de la lettre, avec l’espoir de pouvoir retirer l’épine qu’elles ont dans le leur… ? Et avant même que ne soit officialisé un retour en Régionale 1, une éventualité qui semblerait se confirmer en coulisses, elles ont d’ores et déjà décidé de clamer « haut et fort » leur désarroi. Elles pointent ainsi à l’index un proche avenir au parfum d’incertitude qui agace, exaspère et souhaitent le faire savoir !
« Le premier mot qui me vient à l’esprit c’est injustice ! » martèle Jennifer Meunier, capitaine d’une formation amiénoise dans l’œil du cyclone. Évoquant une vague de contestations qui semble vouloir s’intensifier. Doucement mais sûrement.
« La Division 2 s’apparente à un championnat national où la perspective d’une double relégation est évoquée. À mon sens, il n’existe pas d’équité sportive mais plutôt un refus clairement affiché de ne pas prendre en compte les valeurs réelles des formations en lice. Je peux aisément comprendre, admettre le caractère particulier de cet exercice, mais je déplore le mode de calcul afin d’établir un « pseudo » classement. Ce quotient derrière lequel la Fédération Française de Football se réfugie s’appuie sur les résultats d’un championnat tronqué. Humblement, j’en appelle à une prise de conscience des instances dirigeantes » poursuit l’intéressée.
Le football est notre passion. Nous sommes amateurs mais investissons de notre temps, de notre énergie afin d’atteindre certains objectifs. Le nôtre était de prolonger l’aventure en Division 2. Comment accepter que ce rêve puisse être bafoué autour d’une table au détriment de la vérité du terrain ?
Camille Martin
Se remémorant le parcours du combattant qui avait été celui de l’Amiens SC avant d’accéder à l’antichambre de l’élite. « Nous avons bataillé dur au printemps dernier, obtenant notre billet après avoir écarté successivement puis en barrages. Certes, notre début de saison s’est révélé difficile, mais l’équipe affichait d’évidents progrès. L’espoir était encore permis » exprime-t-elle encore en fustigeant l’actuelle décision administrative.
Consciente que l’aspect sanitaire « doit primer sur l’environnement sportif », Camille Martin déplore de son côté un manque de considération : « Le football est notre passion. Nous sommes amateurs mais investissons de notre temps, de notre énergie afin d’atteindre certains objectifs. Le nôtre était de prolonger l’aventure en Division 2. Comment accepter que ce rêve puisse être bafouer autour d’une table au détriment de la vérité du terrain ? »
Ainsi ose-t-elle rappeler que les Amiénoises détenaient encore leur destin au bout de leurs pieds… Avant qu’elle ne fasse référence à l’AS Saint-Etienne dont le recours en justice ne s’est pas fait attendre : « Je n’ai aucun favoritisme, mais leur lutte à l’accession avec Le Havre s’est jouée à quelques centièmes de points. Avec une règle de calcul qui peut légitimement prêter à contestation… »
Enjeux certes divergents mais qui pourraient encourager une prise de conscience collective : « Cette désillusion stéphanoise démontre que notre cas n’est pas unique. Ne serait-il pas judicieux d’unir nos efforts et ainsi peut-être forcer la main de la FFF » reprend de volée Jennifer Meunier. Comme si elle souhaitait tendre la main vers toutes celles et ceux qui apparaissent aussi pénalisés.
Les compétitions de niveau « district » et « ligue » ont été stoppées prématurément. Cependant, seule une équipe évoluant à l’échelon inférieur. Une finalité que la FFF n’a daigné appliquer en Division 2 ! Pourquoi un tel manque d’harmonie ?
Floriane Fortin
Une envie d’en découdre sur le plan juridique qui semble également retenir l’attention de nombreuses coéquipières. Lesquelles n’ont pas tardé à faire de leur indignation. Via principalement les réseaux sociaux. À commencer par Floriane Fortin : « Je recherche le bien-fondé de cette décision. Comment prétendre pouvoir définir un classement alors que seule la moitié des rencontres a été disputée. Nous concernant, un probant résultat face au FCF Arras puis l’OGC Nice pouvait nous extirper de la zone de relégation. »
La joueuse à vocation défensive pointe aussi une étonnante particularité de raisonnement : « Les compétitions de niveau « district » et « ligue » ont été stoppées prématurément. Cependant, seule une équipe évoluant à l’échelon inférieur. Une finalité que la FFF n’a daigné appliquer en Division 2 ! Pourquoi un tel manque d’harmonie ? » soupire-t-elle. En espérant que sa doléance puisse retenir l’attention, et peut-être faire entendre raison.
« Nous sommes déterminées à saisir toutes les juridictions. Si les moyens financiers peuvent nous manquer, nous avons de l’énergie à revendre. Nous ne souhaitons pas nous lamenter sur notre sort mais plutôt agir ! » prévient Jennifer Meunier. Laquelle aimerait un effet « boule de neige » pour une démarche qui cherche à contester un tour de force orchestré, sans le moindre état d’âme, par les instances dirigeantes ! Et qui attise – plus que jamais – une colère sous-jacente. Un climat délétère dont le football au féminin se serait bien passé…
Fabrice Biniek
Crédit photos : Reynald Valleron / Coralie Sombret (Gazettesports)