Fer de lance d’une formation fanion de l’ESC Longueau, malheureusement moribonde, contrainte, voici peu, au forfait général en Régionale 1, l’intéressée souhaitait néanmoins marquer son empreinte.
La pilule parait avoir toujours autant de difficulté à passer… Et ce jet d’éponge, au début du mois de mars, demeure une plaie ouverte qu’Estelle Boëtte s’impatiente de pouvoir espérer cicatriser. « La mise à terme prématurée d’une compétition engendre systématiquement de la déception voire l’indignation parmi les sportifs qui se respectent. J’admets que la situation du ESCL n’encourageait pas à l’optimisme, mais ce forfait général en Régionale 1 fait mal. Tombe tel un couperet. » Une issue presque inévitable que l’intéressée déplore cependant, considérant cette (pourtant) « chronique d’une mort annoncée » comme un « gâchis. » Une interprétation que cette « trentenaire » évoque sans langue de bois !
« Je n’ai pas la volonté, encore moins la prétention de pouvoir tout solutionner, tout révolutionner. Mais après une décennie passée au sein d’une même structure, je pense détenir une légitimité pour m’exprimer » lance, non sans la moindre retenue, celle qui, depuis dix saisons, s’efforce donc à porter bien hautes les couleurs locales. Comme il en avait été de même à Camon lors de ses (véritables) premiers pas au cœur même de cet univers au parfum de ballon rond.
Environnement qu’Estelle Boëtte avait pris soin de privilégier au lendemain d’une prime jeunesse menée tambour battant, voire sur les chapeaux de roues « Je m’administrais à l’époque mon adrénaline enfourchée sur une moto. Mais il m’arrivait également de taper dans le ballon avec mes cousins, au hasard parfois d’un coin de pelouse. Puis à l’adolescence, j’ai souhaité sauter le pas » raconte-t-elle. Sans toutefois vouloir passer sous silence une « éphémère apparition sur les courts de tennis. »
Sensibilisée par une « annonce dans les colonnes du bulletin municipal » mais aussi encouragée par son oncle Miguel Henonin, elle entrait en contact avec les dirigeants de Camon. Puis dans les vestiaires d’un stade qui se situait tout près de sa maison familiale.
Je n’ai pas la volonté, encore moins la prétention de pouvoir tout solutionner, tout révolutionner. Mais après une décennie passée au sein d’une même structure, je pense détenir une légitimité pour m’exprimer.
Positionnée à la pointe du combat, cette footballeuse « en herbe », du haut de ces seize ans, se piquait ainsi au jeu. « J’évoluais dans le rang des seniors. L’accueil s’est avéré particulièrement chaleureux et mon intégration s’est faite sans trop de difficulté » mentionne l’actuelle éducatrice sportive au sein d’une autre association. Se remémorant huit saisons où elle allait jongler entre « satisfactions et désillusions. » Et avant que cette section féminine ne botte en touche. Définitivement…
« Je me suis alors tournée vers l’Amiens Montières où j’ai essentiellement évolué en réserve » confesse Estelle Boëtte. Douze mois seulement avant qu’elle ne prenne la direction de l’ESC Longueau. Une formation qui « dévoilait l’envie de s’extirper de l’anonymat d’un championnat version District Somme » et qui parvenait à atteindre ce but en se hissant jusqu’en Régionale 1.
Aventure humaine dont celle orchestrée durant la saison 2016 / 2017 qu’elle prend d’ailleurs toujours autant de plaisir à conter. « Bien que le convoité billet synonyme d’accession en Division 2 ne nous ait glissé entre les doigts. Malheureusement. Après avoir terminé dans le sillage de Saint-Quentin, alors promu à ce niveau, nous avions échoué au stade d’une phase version inter-régions. Les Nordistes de Rouvroy étaient alors apparues plus efficaces » se souvient celle qui avait, dans le même temps, accepté de prendre « un peu de recul. »
Allusion formulée sur fond d’ironie afin de mentionner cette redistribution d’un rôle stratégique qui demeure encore à ce jour le sien. « Pour les besoins de l’équipe, me semble-t-il mais surtout les souhaits de Sébastien Héreau, coach de l’époque, je me suis comme reconvertie dans le secteur défensif. » se souvient une demoiselle dont une coupe départementale « conquise face à l’Amiens Porto » étoffe le palmarès.
Après avoir terminé dans le sillage de Saint-Quentin, alors promu à ce niveau, nous avions échoué au stade d’une phase version inter-régions. Les Nordistes de Rouvroy étaient alors apparues plus efficaces.
Comme ce premier tour Fédéral Coupe de France où l’intéressée et ses coéquipières avaient opposé une farouche mais vaine résistance à Cormelles, alors pensionnaire de Division 2. Plusieurs faits d’armes qui brossent aussi le portrait d’un élément particulièrement impliqué qui, dans le cadre d’un « contrat civique, » dévoilait également son envie à dispenser quelques précieux conseils à l’égard de la pépinière longacoissienne.
Un désir de « partager » qui la caractérise aujourd’hui encore : « Le club m’a constamment renouvelé sa confiance. D’ailleurs, je demeure à la tête de l’équipe U18 » confesse celle qui veille actuellement à enrichir ses diplômes. Afin de donner écho à une complicité qui semble d’ailleurs s’être renforcée récemment ?
« Selon toute vraisemblance, je devrais siéger sur le banc de l’équipe fanion à la rentrée » murmure celle qui semble déjà avoir pris ses marques. Ainsi, préconisait-elle l’entraînement en commun avant le confinement lié à l’épidémie de Covid 19. « En harmonisant les séances, les deux catégories d’âge découvraient l’opportunité de partager des moments » mentionne Estelle Boëtte.
L’objectif sera de reconstruire mais cependant cela ne se fera pas en un jour !
Affichant clairement une philosophie qui devrait être la sienne pour tenter de redorer le blason de la section féminine de l’ESC Longueau… « L’objectif sera de reconstruire et cela ne se fera pas en un jour ! » clame, haut et fort, celle qui cependant a déjà une petite idée derrière la tête. Une farouche envie de relever ce pari « stimulant et motivant » qui n’a – semble-t-il – d’égal que la ténacité qu’elle affiche sur une aire de jeu. Cette soif de vaincre dont elle transpire depuis qu’elle prend plaisir à chausser les crampons.
Fabrice Biniek
Crédit Photos : Reynald Valleron (Gazettesports)