ATHLÉTISME – Charlotte Mouchet : « Continuer à avoir une rigueur et une discipline »

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Spécialiste du 800 mètres, Charlotte Mouchet, licenciée à l’Amiens UC, nous parle de son quotidien pendant cette période de confinement et d’arrêt des compétitions.

Bonjour, tout d’abord, pourrais-tu te présenter ?

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Je m’appelle Charlotte Mouchet, j’ai 23 ans, je suis athlète de haut niveau, spécialiste du 800 mètres, à l’Amiens UC, où je suis depuis 5 ans. Par contre, je n’habite pas du tout sur Amiens, je m’entraîne sur Bordeaux, avec ma coach (Patricia Djaté Taillard). Je connaissais des gens à l’AUC, c’est pour ça que j’ai intégré le club, où je suis vraiment heureuse.

Comment vis-tu le confinement ?

Moi, je pense que je suis une confinée qui n’a pas trop à se plaindre on va dire. J’ai la chance d’avoir ma mère et ma famille qui habite à la campagne, à Carrenac (Lot). Ma mère est venue me chercher la veille du confinement, et j’ai pris tout le matos pour me confiner à la campagne. Donc j’ai la possibilité d’avoir un jardin, d’avoir mon grand-père qui est agriculteur au-dessus de chez moi, j’ai une grande partie de ma famille ici. J’ai quand même de la chance de pas être confinée dans un 10m². Je me sens plutôt bien en tant que personne. Par moment, je trouve que c’est difficile de se sentir concerné par ce virus, parce que chez moi, en Occitanie, on n’est pas tellement touché.

Je vois seulement les championnats d’Europe, qui sont encore maintenus pour fin août. C’est vraiment mon cap actuel

Et au niveau sportif ?

Au niveau de l’entraînement, c’est plus difficile. Quand je retrouve ma famille, c’est plus un moment de vacances, un moment où je suis off. La difficulté, c’est de continuer à avoir une rigueur et une discipline qui vont permettre de garder une forme physique, et un maximum de performance. C’est ça qui est un peu difficile à gérer, d’autant plus qu’on a du mal à cerner les objectifs avec ce qu’il se passe. Moi, je n’ai jamais dit que j’étais dans la course aux Jeux Olympiques, cette année, c’était peut-être trop tôt, ou même mal interprété par certaines personnes au vu de mon niveau actuel qui est assez loin des Jeux. Et donc cette année, malgré le fait que j’ai passé un cap important dans mon entraînement, moi, je vois seulement les championnats d’Europe, qui sont encore maintenus pour fin août. C’est vraiment mon cap actuel. Après, je suis capable de prendre un chrono et d’aller sur la piste seule, je veux juste me montrer que j’ai passé un cap. Et c’est avec cette période, cette épreuve, que l’on va voir quels athlètes sont les plus forts mentalement, ils ressortiront plus forts de ce confinement.

As-tu peur de la reprise ? Au niveau de tes performances ?

Je ne dirais pas que j’ai peur. Je pense que dans cette période là, les gens doivent vivre au jour le jour, se faire des programmes quotidiens. Moi, j’ai la chance de pouvoir courir, d’avoir ramené mon matériel pour créer une salle de musculation dans mon garage. Dans mon village, je ne suis même pas sûre qu’il y est 100 personnes, donc j’ai une certaine liberté de courir autour de la maison. Je me réveille chaque matin avec un programme quotidien, je ne me laisse pas aller, parce que ce ne sont pas des vacances. Il faut garder des horaires de sommeil normales, des heures de repas cohérentes. J’ai la chance d’avoir mon beau-père qui travaille et qui part de la maison à 7h30, et donc je me réveille quasiment quand il part. On a le beau temps aussi, ce qui est sympa. Donc tous les jours, j’ai mon plan d’entraînement, je sais ce que j’ai à faire au quotidien. Avec ma coach, on fait un plan selon ce que j’ai à disposition. Par exemple, j’ai une côte à côté de chez moi, donc je peux faire des séances de côtes à gogo. Mon planning, je l’ai tous les dimanches par ma coach, et je le suis tous les jours. Forcément, on l’adapte, les intentions, on les adapte. Donc j’arrive à garder un quotidien qui est semblable à celui que j’ai à Bordeaux, voire même mieux, vu que j’ai ma famille avec moi.

Que penses-tu des personnes qui semblent se mettre au running pendant cette période de confinement ?

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En tant que sportive, c’est difficile. Nous sommes un peu « coupés » dans notre profession. Mais quand on voit ces « sportifs du dimanche », il y a une différence. Il y a ceux qui ont toujours couru et qui continuent leur jogging, et il y a les vrais débutants. Je ne peux pas trop critiquer ceux qui font ça, parce que c’est assez humain, ils restent occupés, et ça montre un certain engagement, ce sont des personnes qui se motivent. Mais c’est sûr qu’il y a des règles qu’il faut respecter. Quelqu’un qui fait son petit jogging pendant 20 minutes et qui rentre chez lui, c’est bien. Mais les mecs, que tu vois courir en groupe, qui font n’importe quoi, ce n’est pas bien. Le confinement a été mis en place pour le bien public.
Et pour les gens qui veulent se mettre au sport, il y a plein de trucs à faire chez soi ! En plus, quelqu’un qui n’a jamais couru et qui s’y met là, c’est hyper mauvais, et dans une semaine, il arrête parce qu’il a des douleurs partout !

Ça me laisse une année de plus pour me préparer où je vais pouvoir dire « je prépare le JO »

En tant qu’athlète, comment vis-tu le report des Jeux Olympiques ?

Je vais parler égoïstement, mais je suis très heureuse (rires) ! Ça me laisse une année de plus pour me préparer où je vais pouvoir dire « je prépare le JO ». Après globalement, c’est une compétition avec un aspect économique ultra important, mais c’est un événement qui amène une foule énorme. Si on parle de confinement dans la moitié de la planète, et bien c’est la même chose pour un événement comme celui-ci. Ce qui me fait mal au cœur, c’est que, quand le Coronavirus a commencé à se propager, on a laissé des événements sportifs se dérouler, comme des matchs de foot. Nous, quand le championnat de France de cross-country a été annulé, je ne sais même pas si c’était un championnat à 1000 personnes. Et au même moment, on laissait des mecs dans un stade de football, les uns à côté des autres. Moi je ne trouve pas ça normal. Les mesures devaient être pour tout le monde dès le début. Ok, un match de foot ramène plus d’argent que le cross-country, mais ça devait être pareil. On a trouvé ça déroutant.




Romain Prot

Crédits photos – Charlotte Mouchet (@mouchet_cha)

Publié par La Rédaction

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