Ce weekend avait lieu la seconde compétition de sauvetage sportif qui permettait aux sportifs d’améliorer leurs résultats du 17 novembre. L’évènement réunissait près de 200 sauveteurs.
À l’occasion, nous sommes allés à la rencontre de Fabien Plaisant, responsable sportif du club, sur le bord du bassin.
Bonjour Fabien, pour commencer pouvez-vous nous parler de votre club ?
L’Amiens sauvetage a été créé en 1999, au début ça a très vite pris mais ensuite l’attrait est retombé un peu. On a eu une période assez compliquée mais on va dire que ça fait vraiment cinq ans qu’on a une organisation saine et de bonnes bases. On le voit d’ailleurs en termes de licenciés : il y a cinq ans on avait 70 sauveteurs sportifs et cette année on va dépasser la barre des 300. Sur le plan de la mixité on est quasiment à du 50-50 selon les catégories et les années mais ça reste très mixte. On accueille également beaucoup de petits, leur nombre est en hausse progressive. Tout ce monde est réparti en trois branches avec le niveau perfectionnement loisir, le niveau inter-régional entraînement et le niveau national.
Le club a eu des phases de recrutement particulières pour combler ce passage à vide avant la « renaissance » il y a cinq ans ?
On récupère surtout les jeunes qui sortent de l’école de natation. Bien sûr, plus ils arrivent jeunes et mieux c’est puisqu’ils ont le temps de se former au sauvetage. Sinon on a un recrutement très large : soit ils sortent de l’école de natation municipale, en sortie de bonnet bleu ils viennent directement chez nous ; soit ils passent par le club de natation et ensuite ils nous rejoignent. On a vraiment tous les profils, la plupart a juste appris à nager en école de natation, et maintenant on a vraiment les outils pour former les jeunes contrairement aux années passées, c’est vraiment un point sur lequel on a progressé.
Comment est organisée votre saison ?
Aujourd’hui c’est la deuxième compétition organisée sur Amiens, mais la quatrième de la saison puisqu’on s’est déplacés deux fois.
On a deux grosses parties chaque saison. Celle en eau plate dans laquelle on est actuellement qui commence début octobre, avec une première phase en petit bassin (le short distance) dont les championnats de France seront en janvier et une seconde phase en grand bain avec les championnats de France en mars. La deuxième partie de la saison se déroule en championnat côtier à partir de septembre. Notre saison ne s’arrête jamais.
Une saison longue, mais espacée en termes de régularité des compétitions ?
Contrairement à un sport collectif ou autre où il y a la phase de prépa qui vient à l’intersaison, nous on a vraiment des grosses phases de qualifications et de travail. Pour les championnats de France short-distance là par exemple, on a entre le 1er novembre et le 5 janvier pour se qualifier alors c’est vraiment sur cette période que l’on va axer les compétitions, ici ou en déplacement, et puis derrière on va retomber dans une nouvelle phase de travail.
Et les entrainements ?
Grâce à un plus gros travail qui a été mis en place la saison dernière, on a de meilleures conditions maintenant. Pour le côtier, on peut aller s’entrainer à Fort-Mahon, on a déjà eu un gros investissement sur tout le matériel nécessaire au déplacement de nos outils de travail. On a également un partenariat mis en place avec la commune d’Argœuves : on partage la base nautique l’été pour continuer de s’entrainer en extérieur.
On sent que nos conditions d’entrainements se sont améliorées parce qu’il y a deux ans on termine 27ème club de France, mais la saison dernière on était 10ème club côtier. Finir à une telle place sans être une ville côtière c’est une vraie performance ! Je préfère être dans notre situation avec une grosse aide d’Amiens Métropole qui nous met des piscines à disposition et aller chercher la mer de nous-mêmes ; plutôt qu’être une ville côtière qui a la mer à côté sans avoir de piscine.
Quelles sont les différentes catégories de sauvetage sportif ?
Sur la compétition de ce weekend, notre participant le plus jeune a 7 ans. Sur d’autres compétitions on a déjà eu des sauveteurs de catégorie « master » qui avaient plus de 60 ans, mais là le plus ancien a environ 45 ans.
Les catégories vont de « avenir » à « master 4 ». Chacune d’entre elle a des épreuves adaptées avec pour commencer des mannequins différents : le petit mannequin fait environ 40 kilos lorsqu’il est plein pour les benjamins et minimes ; le grand pèse autour de 80 kilos à partir des cadets.
En termes de compétition, comment sont déterminés les niveaux ?
Tous les niveaux et toutes les catégories sont représentés aujourd’hui sur les étapes départementales et régionales, il y aura ensuite une finale régionale pour derrière accéder au niveau national. Ces étapes nous permettent d’être dans les « rankings » : pour les qualifications en short-distance de janvier par exemple, il faut être dans les 32 premiers de France de sa catégorie d’âge.
Après pour les niveaux nationaux, tout dépend du ranking de chaque sauveteur : la N1 correspond à ceux qui se classent entre 1er et 24ème de France, la N2 va du 25ème au 40ème et après ça on n’est plus classés en niveau national. On reste donc sur de la performance individuelle principalement. Il y a un classement national des clubs parce qu’on a des relais et des classements inter-clubs, ce classement donne des divisions en fin de saison : Élite pour les 6 premiers clubs, D1 jusqu’au 12ème.
Les sportifs sont-ils libres de choisir leurs épreuves ?
Les jeunes ne peuvent pas choisir, ils doivent faire toutes les épreuves (50m mannequin, 100m combiné…) : un jeune ne choisit pas, dès qu’il est capable de faire quelque chose, il le fera. On reste sur l’objectif d’un sauveteur professionnel polyvalent, c’est-à-dire que c’est bien de savoir nager vite pour aller chercher une victime, mais si on ne sait pas la ramener ça ne sert à rien. Vu que les épreuves sont issues et copiées sur les techniques de sauvetage professionnel, on reste sur un plan très large. Par contre plus le sauveteur va monter en niveau, plus il va se spécialiser.
Diriez-vous qu’un club de sauvetage sportif voyage beaucoup ?
Sur le niveau local on tourne toujours avec les mêmes clubs de région parisienne et du Nord ; mais sur le plan national on peut aller partout. Là cette année on part à Vichy, Montpellier ou encore Royan, Tarbes ou Cannes. C’est une discipline très développée dans le sud : sur la côte méditerranéenne ils sont très bons en piscine, et le Sud-Ouest est imprenable en championnat côtier.
Qu’est-ce qui amène la plupart de vos licenciés à se tourner vers le sauvetage plutôt que la natation classique ?
Je pense qu’il y a le côté varié. Souvent on a la fausse image du côté ludique parce que les épreuves sont très variées contrairement à la natation, sauf qu’au final si on veut faire du haut niveau en sauvetage il faut sans cesse répéter. Le groupe N1 par exemple va venir nager de 7h à 8h45 et reviendra le soir de 18h30 à 20h30 ; à côté viennent s’ajouter les séances de musculation donc on est vraiment sur un entraînement de haut niveau. Au final il y a vraiment beaucoup de répétitions donc si vous leur parlez du côté ludique, je pense qu’ils ne comprendraient pas.
Mais il y a aussi ce côté humain où ça plaît à beaucoup de jeunes de pouvoir se rendre utiles, de faire également une formation au secourisme. On propose la double formation au secourisme terrestre en plus du sauvetage aquatique.
À quoi correspond l’évènement d’aujourd’hui ?
Ce weekend on est légèrement plus nombreux qu’en octobre, toujours avec 150 Amiénois mais un peu plus de sportifs venus de l’extérieur avec deux clubs supplémentaires. Sur la compétition d’aujourd’hui on n’attire que des clubs parisiens.
Il y a beaucoup de compétitions qui sont organisées en France ce weekend. On est sur la fin de période de qualifications alors les clubs choisissent leur compétition, nous normalement on est rattachés à la ligue des Hauts-de-France mais on intègre également la région Île-de-France pour avoir plus de compétition.
Océane KRONEK
Crédits photos : Reynald Valleron – Gazettesports.fr