L’Amiens Patinage Club a été retenu par la FFSG pour organiser une épreuve du Tournoi de France de patinage. Elle se tiendra les samedi 9 et dimanche 10 novembre, sur la patinoire du Dôme du Coliseum d’Amiens.
Parmi les participants, quatre jeunes du club concourront dans cette épreuve en catégorie NOVICES : Raphaël Babic, Florence Da Silva, Marie Dupont, Philippine Bourdet. A cette occasion, Fanny Cagnard nous en apprend davantage sur le tournoi de France et sur ces jeunes patineurs dont elle est l’entraîneur.
Les 9 et 10 novembre, vous organisez une épreuve du tournoi de France. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour un tournoi de France, il y a 3 manches qui doivent être réalisées par les patineurs pendant la saison, pour tenter de se qualifier au championnat. Ils peuvent n’en faire qu’une si ils le souhaitent, mais disons qu’à chaque fois que l’on participe à une de ces trois compétitions, on a l’opportunité d’élever notre score en fonction de ce que l’on fait et des progrès. Chaque score est coefficienté en fonction, ensuite, d’un classement national où on est sélectionné, ou non. Il y a 24 places, donc c’est aux meilleurs. L’idée c’est de se dire : « On fait les trois, et à chaque fois on essaie de scorer un peu plus, histoire de remonter dans le classement et d’avoir toutes les chances pour se sélectionner ». Donc par rapport à ça, la Fédération de Patinage impose les compétitions dans des zones différentes de la France. C’est-à-dire que là, pour la saison, il y a 9 tournois de France organisés, mais chacun a lieu dans une zone différente. Ça permet aux gens d’avoir des déplacements moins lointains. Le seul moment où on se retrouve un peu tous ensemble, c’est au championnat, mais ils ne gardent que les meilleurs.
Donc voilà, on fait des compétitions par zone, et le club d’Amiens s’est positionné parce que ça faisait un moment qu’on réalisait une compétition régionale qui avait beaucoup de succès. On a eu envie de monter d’un cran puisqu’on a les capacités d’accueil, que ce soit au Coliseum ou aux alentours parce qu’il y a des hôtels, on est proche du centre-ville et on sait que ça fait parler de la ville aussi. Donc c’est intéressant.
« La compétition aura lieu sur la grande patinoire du Coliseum avec un jury qui vient un peu de toute la France. »
Fanny Cagnard
Combien de participants sont prévus ?
Il y aura à peu près 140 patineurs qui viennent de toute la France. Par exemple, j’ai une amie qui vient d’Albertville avec ses élèves, donc c’est en fonction aussi de ce qui les arrange et de leur calendrier sportif. Il y a plusieurs clubs qui viennent sur deux jours. Chaque patineur a son programme qu’il va présenter, qui sera relativement le même qu’au championnat. Après, en fonction des progrès et autres, il y aura plus de difficultés.
La compétition aura lieu sur la grande patinoire du Coliseum avec un jury qui vient un peu de toute la France. Le jury est divisé en deux. Il y a les juges d’un côté et le panel technique de l’autre. Le panel technique est composé d’entraîneurs, ou d’anciens patineurs, qui annoncent l’élément réalisé par le patineur. C’est saisi en direct et retransmis sur l’écran des juges qui, eux, ne vont pas avoir le droit de revenir sur ce que le panel technique a nommé, mais qui vont y mettre une appréciation sur la qualité d’exécution.
Quatre jeunes que vous entraînez vont concourir dans cette épreuve. Pouvez-vous nous parler d’eux ?
Je les ai tous eus à leurs débuts. Ils s’entraînent 10 à 12 séances par semaine, parce qu’il y a du hors-glace aussi. Petit à petit, ils ont été détectés au sein du club et au fur et à mesure de leur progrès, on a ajouté des heures d’entraînement quotidien, pour arriver à deux fois par jour en partenariat avec les établissements scolaires.
Raphaël Babic et Florence Da Silva sont en seconde cette année. Marie Dupont est en troisième et Philippine Bourdet en quatrième. Pour autant, ils correspondent tous à la catégorie dite « Novice », donc de 13 à moins de 15 ans. Là en l’occurrence, j’ai un novice N1, Raphaël. C’est un jeune homme qui a été champion de France il y a deux ans. Il traverse une période un peu complexe parce qu’il a souffert de l’Osgood-Schlatter qui est un problème lié à la croissance et aux mouvements répétitifs au niveau du genou, en plus de sa croissance qui était bloqué pendant un temps et qui là, d’un seul coup, arrive. Depuis janvier dernier, il n’a pas fait de compétition. On a dû laisser passer la fin de saison. 0 entraînement, 0 sport à l’école, repos complet. Là, il a repris fin août, donc il faut reprendre tout. Reprendre confiance en soi, reprendre des nouvelles sensations, le centre de gravité qui change, tout. Mais c’est un battant. Le moral n’est pas forcément au rendez-vous tous les jours, mais après, c’est lui le moteur de son projet. Si il a besoin, je suis là.
Après, les jeunes filles qui sont en national 2 ont découvert la N2 sur la fin de saison, c’est-à-dire qu’elles sont montées en grade la saison dernière. Et Philippine, qui a 13 ans, elle, c’était il y a quinze jours. Donc c’est tout frais. C’est Raphaël qui a un peu plus d’expérience en National, c’est du rodage pour les autres, mais on a tout à fait notre place. Cependant, comme la saison débute, c’est là qu’on va voir un petit peu le niveau des patineurs par rapport au niveau national. Le principal c’est qu’au final, au niveau du classement national, on se rapproche d’une sélection ou qu’on se qualifie pour les championnats de France.
« Quand on leur retire le sport, ou quand il y a des journées où je les mets en off au niveau de la pratique, ils sont perturbés.«
Fanny Cagnard
Comment préparez-vous ces jeunes à une telle épreuve ?
Au fouet ! (Rires) Bien sûr, il y a une planification d’entraînements. On a commencé à monter les programmes et les chorégraphies en fin mai, début juin, avant la clôture du club. Donc ça veut dire qu’en amont, alors qu’on était encore en compétition, on a réfléchi aux musiques et aux thèmes dans lesquels on allait se projeter pour la saison d’après. Soit c’est moi qui propose parce que j’ai une lumière et je les vois sur quelque chose, soit c’est eux qui suggèrent et on choisit ensemble, mais en tout cas, c’est un choix d’équipe. C’est-à-dire que ce n’est pas « j’aime » ou « je n’aime pas » la musique, parce que c’est très éclectique, mais c’est plus vers quoi on peut t’amener pour faire progresser ton patinage, par rapport aux attentes des juges, etc.
Donc oui, on se prépare depuis un moment à ça. Il y a eu les stages d’été sur lesquels ils ont tous participé, sauf Raphaël qui était en break, et puis on a attaqué réellement la saison en mi-août. Donc ils ont du hors-glace, ils ont de la préparation sur glace, tout ça en plus de la scolarité donc ensuite on aménage et on veille. Mais comme ils ont eu cette hygiène de vie depuis tout petit, quand on leur retire le sport ou quand il y a des journées où je les mets en off au niveau de la pratique, ils sont perturbés. C’est-à-dire que tout est cadré. Ils savent que là ils ont leur temps d’entraînement, là ils ont tant de temps pour faire les devoirs, qu’il faut dormir à telle heure. Ils ont une hygiène de vie par rapport à ça et j’y veille.
Ils sont prêts selon vous ?
Autant dans plein d’autres domaines je ne suis pas sûre de moi, mais dans ce que je fais je le suis. Et je me dois, avec tout ce groupe qui va de 8 ans à 22 ans, d’être super optimiste, positive et de relativiser. Parce qu’ils viennent tous les jours avec leurs maux d’adolescents, leurs contrariétés, donc on doit être la personne qui porte un petit peu tout ça.
« Je suis très à cheval sur leur scolarité.«
Fanny Cagnard
Pour des enfants de cet âge qui s’entraînent beaucoup, n’est-il pas difficile de concilier études et patinage ?
Je suis très à cheval sur leur scolarité. Je ne vais pas jusqu’à surveiller les notes, mais je suis en étroite relation avec les parents et avec les établissements de manière à aménager certaines choses. Mais il faut que ça tourne à l’école. Je ne me vois pas aller négocier dans un établissement le fait qu’ils soient dispensés d’EPS, parce que c’est une surcharge supplémentaire et avec tous les entraînements, j’estime qu’ils font leur preuve, si eux ne font pas l’effort de réussir à l’école. Si je sais que ça ne tourne pas, j’interviens et je réduis le temps d’entraînement des patineurs. Parce qu’on ne vit pas d’être patineur, une carrière c’est court. On vit un peu d’être entraîneur, ça devient précaire parce que ce sont des métiers tellement prenant qu’il n’y a plus grand monde qui veut le faire. Donc c’est donnant-donnant. Je m’investis, ils s’investissent. Ça marche dans les deux sens.
Florence est à la Hotoie, Marie est à La Salle, Philippine est à l’Amiral Lejeune, donc on travaille avec tous ces établissements là. On fait au cas par cas, mais on a la chance de travailler avec les établissements depuis quelques années, et d’avoir des bons élèves au niveau de la scolarité. Donc ils savent que, d’une année sur l’autre, quand on passe et qu’on demande quelque chose, généralement on ne leur envoie pas n’importe qui.
Angélique Guénot
Crédits photos : Kévin Devigne – GazetteSports