Malgré un début de saison où la première victoire tarde à venir, Camon ne plonge pas au classement grâce à ses matchs nuls. De quoi donner de l’espoir à Maxime Josse, le gardien camonois, qui voit plusieurs explications à ce début de saison mi-figue mi-raisin.
Bonjour Maxime, pouvez-vous tout d’abord nous présenter votre parcours dans le football ?
J’ai commencé à l’ASPTT jusqu’à mes 11 ans, environ. Arrivé en – de 13 ans, on jouait déjà sur les grands terrains, c’était une autre génération. J’ai poursuivi à Camon avec M. Hernout, un très bon souvenir. J’y ai fait deux ans de – de 13 ans, puis je suis parti à Amiens où j’ai fait toutes mes classes jusque 18 ans. Je suis parti d’Amiens après ma deuxième année de 18 ans et j’ai intégré le monde senior à Albert Sports. J’ai fait une bonne partie de la saison en DH, en concurrence avec un gardien qui avait de l’expérience. J’y ai vécu de très bonnes années, j’y suis resté jusqu’à mes 26 ans. Entre deux, j’ai fait un court passage à Nesle, de 3-4 mois. Ça ne s’est pas très bien passé et je suis retourné à Albert Sports où il y avait un éducateur avec qui je m’entendais bien, Manu Boissier, et qui m’a fait revenir. J’y ai fait 4-5 années de DH, 2-3 années de PH.
Ensuite, j’ai complètement arrêté le football, j’ai fait une saison uniquement de Futsal. On avait un projet avec l’Amiens Futsal Club avec lequel on a terminé 1er de DH. On a fait les barrages pour monter en L2, on était partis à Angoulême, mais malheureusement, on avait perdu 7-6. Ça a été un tournant. Si on était montés, j’aurais continué le futsal. La L2, c’est beau, c’est glorifiant, forcément. Mais comme on n’est pas montés, je suis reparti sur une saison à Doullens avec Jean-Paul Lucas. J’y ai été pour rebondir, ça s’est bien passé. Dans la foulée, j’ai signé aux Portugais d’Amiens, l’an dernier, avec qui on a fait une très bonne saison dont je garde de très bons souvenirs. Et puis cette année, je suis arrivé à Camon, un retour au source.
Ce retour à Camon, ça s’explique comment ? Du fait de contacts que tu avais conservé là-bas ?
Oui, j’ai toujours plus ou moins été en contact avec Camon, même en partant d’Amiens à 19 ans, ils voulaient à tout prix que je revienne. Ça n’a jamais pu se faire, peut-être par rapport à mes envies. J’ai toujours fonctionné à l’affectif, j’aime bien jouer avec mes copains. C’est peut-être pour cela que je n’avais jamais fait le choix de revenir à Camon auparavant. Maintenant, on a un éducateur, Titi Buengo, qui correspond à mes principes, à mes valeurs. Je pense que c’est quelque chose qui a énormément joué dans mon retour à Camon. C’est quelqu’un qui fonctionne à peu près de la même façon que ce que j’ai appris par rapport au football. Après, l’arrivée de mon petit frère, Jonathan Isambart aussi. Quand il m’a dit »Max, je risque de signer à Camon, si tu viens, je signe », ça m’a… Jouer entre frère, ça ne s’était jamais produit ! Ce n’est que du bonheur de jouer avec son petit frère.
Vous êtes un effectif avec beaucoup de nouveaux arrivants, comment est-ce que cela prend ?
C’est une équipe qui joue au ballon, qui se crée des occasions. Maintenant, on n’a pas encore réussi à prendre les 3 points.
Oui, et on a aussi deux groupes d’âges assez différents avec beaucoup de jeunes de 19-20-21 ans et de moins jeunes de 28-29-30 ans. Il y en a très peu d’âge intermédiaire. On va dire que la mayonnaise commence à prendre. Ça a déjà plutôt bien fonctionné, notamment sur les 2-3 premiers matchs de championnat. Après, ça a été plus compliqué contre Saint-Omer et Gravelines qui sont des vraies équipes du Nord-Pas-de-Calais où l’on se fait rentrer dedans. Je ne peux pas dire que ça ne prend pas, parce qu’on a fait de bonnes choses. Je me sens très bien dans cette équipe. C’est une équipe qui joue au ballon, qui se crée des occasions. Maintenant, on n’a pas encore réussi à prendre les 3 points. On a eu des occasions où l’on avait tout pour les prendre et où l’on ne les a pas pris. Mais d’un autre côté, on joue à Saint-Omer, équipe qui va jouer la montée, on réussi à faire match nul. Personnellement, je le vois comme un très bon point. Ce n’est pas là qu’on aurait dû se prendre la tête, c’était avant. C’était bien avant qu’on aurait dû se rendre compte que la mayonnaise n’avait pas tout à fait pris, lors des trois premiers matchs de championnat, qu’on doit gagner et qu’on ne gagne pas. C’est à ce moment qu’on aurait dû se poser des questions.
Une remise en question était nécessaire ?
Nous, on était super confiants, »tout va bien », on est parti à Saint-Omer, on s’est fait bouger, on a reçu Gravelines, le match où l’on a vraiment été en-dessous, où l’on s’est vraiment fait bougé. Et là on s’est dit : « les mecs, il va vraiment falloir travailler ensemble, être sérieux à l’entraînement, il faut qu’on soit tous ensemble pour travailler ». C’est là qu’on s’est rendu compte que finalement, la mayonnaise n’avait pas tout à fait pris. Donc on continue à travailler. On essaye de mettre en confiance les plus jeunes qui nous apportent énormément de vie dans l’équipe. Des jeunes de 17 ou 18 ans comme Kylian Rosine ou Julien Lomboto. Ce sont des jeunes qu’il faut mettre en confiance pour en tirer le meilleur. Notre capitaine, Corentin, est jeune également, et nous fait du bien. On a Zahir aussi qui amène de la stabilité. Avec tous ces joueurs-là, on a des joueurs intelligents qui font que la mayonnaise va forcément prendre. Et je pense que quand elle prendra, on risque d’aller très loin, j’en suis persuadé.
Finalement, si on vous suit, il y a effectivement de quoi être optimiste puisque, alors que la mayonnaise n’a pas pris, vous n’avez tout de même pas perdu.
Il n’y a pas eu de défaite parce que l’on a des hommes de caractère. On sait que s’il y a les feu, ils vont défendre, pas de soucis. Après, on attend toujours la première victoire. Et on va aller la chercher. C’est une déception de faire 5 nuls en 5 matchs. On aurait peut-être préféré perdre contre Saint-Omer et gagner contre Outreau, on aurait un point de plus. Après, on est toujours invaincus dans un gros championnat de DH, il faut s’estimer heureux de cela. Nous ne sommes que que quatre équipes dans ce cas. On continue notre petit bout de chemin en espérant prendre les 3 points dans deux semaines à Dunkerque.
C’est finalement un début de saison assez paradoxal où vous pouvez tout à la fois être mécontents de ne pas gagner et satisfaits de ne pas perdre ?
Mon avis, c’est que je suis content de ne pas avoir perdu lors des deux derniers matchs où l’on est dans le dur physiquement. A l’inverse, les 3 premiers, ce sont vraiment des matchs que l’on doit gagner. C’est vrai que le sentiment est partagé. On continue à travailler, on n’a pas perdu. A la fin du match contre Gravelines, on a eu une petite discussion dans le vestiaire pour remettre les choses au clair. Après un 5ème match nul d’affilée, les tensions commencent à monter forcément. Heureusement, ça reste du sportif, donc ça s’apaise. On se dit ce qu’on a à se dire. On transmet des messages aux plus jeunes pour repartir de plus belle. Mardi et mercredi à l’entraînement, on était nombreux, donc le groupe vit bien. On est toujours à la recherche de notre première victoire mais il vit bien. On s’accroche.
Ce qui est positif, également, c’est d’avoir réussi à accrocher deux équipes qui ont gagné tous leurs autres matchs, Wasquehal et Saint-Omer.
Le gros regret de ce début de saison, c’est ce match contre Outreau. C’est un match qu’on aurait dû avoir plié dès la mi-temps.
C’est clair. Et par rapport au niveau de jeu, on voit tout de suite la différence, on a joué Outreau peu de temps après Wasquehal et peu de temps avant Saint-Omer. On voit clairement qu’on aurait vraiment dû gagner contre Outreau. Le gros regret de ce début de saison, c’est ce match contre Outreau. C’est un match qu’on aurait dû avoir plié dès la mi-temps. On voit tout de suite la différence entre le haut de tableau et le bas de tableau. On a souffert en fin de match contre Wasquehal, il n’aurait pas fallu que le match dure beaucoup plus longtemps. Contre Saint-Omer, on fait une grosse fin de match et on réussit à revenir contre une très belle équipe. Pour moi, c’est le top du championnat. Donc pour moi, c’est que l’on a le niveau si on est capables d’accrocher les deux premiers qui ont déjà quatre victoires. Mais on est capables de se faire accrocher par une équipe dans la charrette. Il va falloir trouver un juste milieu et aller vers l’avant. Dès qu’on aura réussi à trouver la confiance en gagnant un match, je pense qu’on a les moyens d’enchaîner. J’y crois, je suis confiant.
Le fait d’être une des meilleures défenses du championnat, ça doit être un autre motif de satisfaction pour vous ?
C’est vrai que c’est une satisfaction, ça n’a jamais été mon cas dans mes autres clubs. C’est toujours bien de jouer dans une équipe qui ne prend pas beaucoup de buts. J’ai une défense assez jeune. Sofiane Ameur a quasiment le même âge que moi, il a de l’expérience, a déjà joué à un niveau au-dessus. Mais devant moi, avec Corentin et Dylan, c’est seulement 22 et 20 ans. C’est une des défenses les plus jeunes que j’ai pu avoir depuis que je suis en senior et c’est là où je prends le moins de but. Donc, vraiment, je me sens bien dans cette équipe. Je me sens bien entre les jeunes et les moins jeunes. C’est toujours glorifiant d’être dans une équipe qui ne prend pas beaucoup de buts. Et surtout, derrière, la confiance est bonne. Et avec mes défenseurs, on est soudés, on communique, c’est important.
On imagine que cette confiance est importante dans des matchs comme celui contre Gravelines où les occasions sont peu nombreuses et où il a seulement fallu gérer quelques piques dans l’ensemble du match ?
Oui, c’est sur. D’autant que dans le match de Gravelines, les conditions étaient particulières. On joue contre une équipe du Nord-Pas-de-Calais qui aime bien aller vite vers l’avant sur 2-3 passes. Et autant, en première mi-temps, on a eu le vent pour nous et on n’a pas su bien l’utiliser, autant, eux, sur chaque ballon, c’était dangereux. Sur un match comme ça où j’ai eu peu d’arrêts à faire, il faut être tout le temps présent. Sur la moindre seconde, le moindre ballon, avec les trajectoires de balles avec le vent, le ballon qui flotte, il faut toujours être attentif, vigilant, concentré et, surtout, avoir la confiance de ses coéquipiers. Quand je dis « j’ai », il faut me la laisser, j’y vais. C’est quelque chose qu’on travaille. J’ai un peu plus d’expérience que d’autres joueurs sur le terrain. Mais on communique, ils m’écoutent mais de la même façon que je les écoute quand ils ont quelque chose à me dire. A partir de ce moment, tout va bien.
Revenons sur le fait de jouer avec votre frère (Jonathan Isambart). Vous nous disiez que c’était la première fois…
Par contre, j’ai beaucoup joué contre lui. Il m’en a mis des buts. Que ce soit en Coupe de France, quand j’ai joué contre Amiens Nord, quand il redescendait avec la b d’Amiens Nord et que je jouais avec Albert, j’ai du jouer 5 ou 6 fois contre lui. Avec Albert, j’ai joué contre Camon, contre Ailly, quand il y était. Et je ne l’ai jamais battu. L’année dernière, on était à deux doigts de faire un résultats avec les Portugais et il met le but du 2-1.
Il a été 11 ans à Rennes en centre de formation. Malheureusement, il n’a pas réussi à aller dans le milieu professionnel. Mais il a fait de belles choses, il a joué en CFA, en CFA2. Au-delà de jouer avec son frère, jouer avec un joueur de ce niveau là, ce n’est que du plus. Ils nous montre des choses que l’on a très peu vu à l’entraînement. Il faut qu’il arrive à pousser le groupe vers le haut. Quand il aura retrouvé sa pleine confiance, cela fera un grand bien à l’équipe, j’en suis persuadé. Ce n’est qu’une question de temps. C’est quelqu’un qui marche beaucoup à l’affectif. Quand il aura retrouvé la pleine confiance, je suis persuadé que l’équipe marchera beaucoup mieux.
Et c’est valable aussi pour un joueur comme Zahir Zerdab. Je suis persuadé que quand il sera à 100%, on va en mettre des buts.
On parle beaucoup de l’absence de victoires, mais il y a eu la Coupe de France.
C’est vrai. Après, c’est vraiment une compétition à part. On peut voir que la Coupe de France joue aussi sur le championnat. On se focalise dessus et après on a des difficultés en championnat. On le vois la saison dernière avec Nesle qui sort Chambly et finit la saison avec seulement 5 victoires en championnat et qui descend en R2. Je pense que le coach saura le gérer.
On va jouer Croix pour gagner mais on va essayer de ne pas se cramer pour la semaine qui suit. Le plus important reste Dunkerque. Après, c’est un match où, si l’on peut passer, on va le faire, on va jouer à fond pour essayer de gagner le match mais s’il y a des alertes, il ne faut pas… Enfin, pour moi, la priorité, c’est le championnat. En plus, on a des absents.
La Coupe, c’est plutôt un plus, donc ?
Oui, je pense. Faire un gros match, ça jouera pour la confiance. C’est une N2 qui a l’expérience Coupe de France, qui perd en 1/8è la saison dernière. C’est un club qui joue au ballon, qui va venir pour gagner parce que la Coupe leur tient à cœur. On va les attendre avec nos armes et essayer de faire un gros match devant nos supporters.
C’est une équipe qui est deux divisions au-dessus de nous, on sait le fossé qu’il y a entre la N2 et la R1. On va recevoir une belle équipe. Mais on essaiera de faire au mieux. Je suis sur que Titi va nous sortir un petit secret pour réussir à faire un gros match.
Les absences, c’est forcément dommageable pour un gros match comme celui là.
Après, pour Joffrey et Dylan, c’est comme si on était appelé en Équipe de France, on ne refuserait pas. C’est la sélection, on ne peut pas leur en vouloir. Ils ont eu l’occasion de jouer contre le Canada, avec 30 000 spectateurs. C’est bien pour eux d’y aller. C’est sur qu’on leur a dit « restez, il y a un gros match ! » mais on ne peut pas leur en vouloir. Mais c’est vrai que ça va nous manquer. Surtout Joffrey Torvic qui a l’expérience CFA, CFA2, qui nous fait énormément de bien au milieu de terrain. Surtout que ce n’est pas son poste. Il a fait des sacrifices pour jouer en 6 et il sort de très gros matchs. Donc à ce poste, ça va vraiment nous embêter. Et Dylan nous manquera aussi vu que Sofiane Delgove est absent, suspendu. Julien va peut-être descendre d’un cran, je ne sais pas. Je ne sais pas du tout quelle défense centrale on va avoir. Il y aura Corentin. Avec qui ? Je ne sais pas. C’est le gros point d’interrogation. Je pense que Titi bosse là-dessus.
Pour revenir sur Croix, ils ont été sorti deux fois par des L1 lors des 3 dernières Coupes de France…
C’est vraiment un club de Coupe. C’est vraiment leur objectif. Et puis, ça ramène de l’argent à leur club. Donc j’imagine qu’ils appuient là-dessus aussi pour aller le plus loin possible. Pour une N2, c’est normal qu’ils aient la motivation de jouer contre une L1. Pour nous qui sommes une équipe de R1, une équipe de N2, c’est déjà bien.
S’agit-il plus d’un satisfaction de pouvoir engranger de l’expérience face à une grosse équipe ou d’une déception d’hypothéquer un peu vos chances de passer des tours pour, éventuellement, affronter un club pro ?
Pour moi, c’est une déception. Des équipes de N2, j’ai eu l’habitude d’en jouer, je me suis fait éliminer trois fois par Amiens Nord. Et je n’ai jamais eu la chance de passer ces tours pour aller voir les 32è. Donc retomber contre une N2 tout de suite, j’étais un peu déçu. Après, c’est le tirage, on va les jouer. Mais ça aurait été mieux de jouer une équipe un peu en-dessous de nous. Après, ce sera peut-être notre chance. Peut-être qu’on battra une N2 et que ça lancera quelque chose à l’image de Longeau la saison dernière. La magie de la Coupe sera peut-être à Camon !
Morgan Chaumier
Crédit photos : Audrey Louette / Léandre Leber – Gazettesports.fr