Alors que la trêve suit son cours, nous sommes allés à la rencontre de Patrick Letellier, président de l’AHE, afin d’évoquer de nombreux sujets autour de l’actualité du club. Un entretien au long cours à retrouver en deux volets.
Bonjour Monsieur Letellier, pour commencer évoquons cette intersaison, comment se déroule-t-elle ?
Il faut se servir de la bonne année qui vient de s’écouler pour préparer la suivante. Dans le monde du hockey il y a une partie des gens qui arrêtent de travailler le soir du dernier match et qui sont vraiment en vacances pendant 5 mois. Mais au niveau des bureaux, du staff et de l’organisation, c’est là où beaucoup de choses démarrent. C’est un peu comme dans la restauration où l’on dit toujours : une bonne mise en place fait un bon service, et bien là c’est pareil, c’est-à-dire que si on fait une bonne intersaison et que l’on oublie rien, que l’on fait tout à peu près bien, normalement la saison se déroulera plutôt bien.
Pour revenir à la saison passée, êtes-vous satisfait du taux de remplissage du Coliseum ?
Nous avons fait 2600 spectateurs de moyenne sur l’ensemble de nos matchs et il y a 2800 places. On peut dire que c’est pas mal, je préférerais que ça soit 2800, on y arrivera peut être… On voit bien que la montée en puissance se fait vraiment sur décembre janvier février, en plein hiver. En début de saison, c’est un peu plus compliqué. Il faut que les gens viennent tout le temps, la part de billetterie public est importante. Et puis c’est sympa, on a cette chance d’avoir une patinoire qui n’est pas trop froide alors ça plaît bien pour l’hiver, les gens ne sont pas comme au foot à geler dehors. L’été c’est bien aussi ça les rafraîchit un peu, donc c’est pas mal !
Lors des demi-finales face à Grenoble, le Coliseum n’était pas plein; n’est-ce pas un peu frustrant ?
Bien sur que c’est frustrant de ne pas remplir en demi-finale
Qu’est ce qu’il faut que l’on fasse ? Que l’on inonde Amiens de panneaux publicitaires ? Nous essayons de faire notre boulot, on sortait d’un titre en coupe de France, d’un quart contre Bordeaux en 7 matchs où ça a bagarré comme pas possible. Bien sur que c’est frustrant de ne pas remplir en demi-finale… Mais la partie play-offs est très compliquée, car on ne sait jamais si on va passer les quarts. On peut très difficilement communiquer en publicité sur des play-offs car il faut réserver tous les supports à l’avance. Je ne vais pas réserver des panneaux pour des demis si on se fait sortir en quarts !
Concernant le recrutement, comment cela se passe au sein du club ?
Avec Elie Marcos, qui est rentré dans le tour de table cette année, on donne une enveloppe financière aux coachs pour le recrutement. Le principe de base c’est celui-là : les deux coachs et Elie Marcos discutent, ils se mettent d’accord et ils font le recrutement, et c’est moi qui signe les contrats. Après il y a les joueurs qui sont partis parce qu’ils ont trouvé du boulot et qu’ils arrêtaient le hockey, d’autres n’ont pas été conservés, d’autres ont souhaité quitter le club… Dans le recrutement Mario se dirige vers les étrangers via sa culture Nord-Américaine et cela fonctionne bien pour le moment. On ne fait pas que des « paris », mais on repart quand même avec un effectif différent chaque année.
Les mouvements d’effectif chaque été, plus ou moins conséquents, sont-ils inévitables ? (Ndlr : Huit joueurs ont quitté le club à l’intersaison et 5 sont arrivés)
Pour les équipes de notre niveau, on voit bien que les va-et-vient de joueurs, c’est la règle du jeu. Nous avons gardé une base d’une douzaine de joueurs, il était hors de question que nous bougions sur nos gardiens, avec Henri qui est l’une de nos pièces maîtresses. Il y a peut-être certains joueurs que j’aurais voulu garder à titre personnel mais je ne suis pas celui qui a les compétences pour décider de qui garder ou non. C’est le coach qui fait des choix.
« Notre objectif c’est d’être dans les 4, on ne va pas commencer à faire rêver les gens en disant «on veut être champion de France»«
Et qu’en est-il de la masse salariale ?
Cette saison on va avoir deux joueurs de moins sur la feuille de match, mais on a tout de même laissé la même masse salariale. Il n’y a jamais d’interdit, après je ne vais jamais dire « Allez les gars c’est open-bar ». Nous avons une masse salariale qui n’est pas ridicule, qui nous a tout de même permis de terminer 2 années de suite dans le TOP 4 et de remporter une coupe de France. Après on peut se demander : maintenant qu’est-ce que on veut faire ? C’est quoi notre objectif ? Et bien notre objectif c’est d’être dans les 4, on ne va pas commencer à faire rêver les gens en disant « on veut être champion de France ». Nous savons très bien que l’on va se battre pour la 3ème place avec Angers, Bordeaux, Lyon, Gap, moi c’est ça qui m’intéresse, après si on arrive à battre Rouen et Grenoble comme l’an passé et bien on sera content.
Grenoble et Rouen sont difficilement concurrençables ?
Pour ceux qui ne comprennent pas qu’il est compliqué de concurrencer Grenoble et Rouen, on peut poser les chiffres. On a un budget de 2,3 million d’euros et si on ajoute le budget du HCAS on arrive à 2,6 millions d’euros. Dans le même temps, Grenoble c’est 3,2 millions et Rouen près de 3 millions. Lorsque je suis parti en 2008 le budget du club était de 1,8 millions, il y a quand même eu une belle progression depuis cette période. C’est sûr que ce n’est jamais assez, et qu’il faudrait au moins 3 millions d’euros pour être aussi performant que Rouen et Grenoble…mais moi je ne les ai pas dans ma poche. Il faut comprendre aussi qu’aujourd’hui nous avons un budget équilibré, et que les choses avancent. Bien sûr que l’on voudrait un budget de 2,7 ou 2,8 millions mais pour ça il faut attirer des entreprises et pour les attirer il faut des résultats. Il fallait revenir dans le TOP 4, ce que l’on a fait, on a gagné un trophée ce que l’on avait pas fait depuis 15 ans, mais maintenant il faut que tout le monde suive. AUjourd’hui les comptes sont équilibrés, on n’a pas de problèmes pour passer à la DNCG et ça fait 3 ans que ça dure. On progresse et on veut travailler sur du long terme, c’est pour cela que nous avons embauché Elie Marcos.
On parle de concurrence, à ce sujet des équipes émergent dans les grandes villes avec pas mal de moyens financiers. Quel œil portez-vous sur ce « phénomène » ?
Si demain Marseille, Paris, Lille ont des équipes en Magnus, évidemment que ça va plus intéresser la presse !
Moi je suis très content de voir arriver les grandes villes, j’ai toujours dit que la médiatisation du hockey passerait par un grand nombre de clubs dans les grandes villes. Si demain Marseille, Paris, Lille ont des équipes en Magnus, évidemment que ça va plus intéresser la presse ! Mais d’un autre côté si pour avoir une équipe de hockey en France il faut avoir une ville de plus de 500 000 habitants on est quand même pas mal à passer à la trappe. Il faut un bon mélange entre les deux, il faut des clubs structurés, il faut que la fédération mette en place ce qu’elle a dit : tout club de Magnus doit avoir un centre de formation, une équipe U20, ce qui n’est pas encore le cas de tout le monde. Quand tout le monde ira dans le même sens on sortira forcément plus de jeunes.
Par ailleurs, vous ne semblez pas en accord total avec le calendrier de la Ligue Magnus ?
Pour moi c’est très simple : il faut rallonger le championnat en terme de durée, il faut un calendrier cohérent, et il faut remettre dans le comité de la fédération des mecs qui gèrent des clubs en permanence. J’ai été 8 ans au comité de la fédération, j’étais le seul président de club à l’époque… alors oui ils y ont tous étaient un jour sauf qu’ils n’y sont plus, ils ne savent plus ce qu’il se passe. La difficulté que l’on rencontre aujourd’hui, c’est que le championnat démarre le 15 septembre et se termine aux alentours du 31 mars. Donc en 7 mois on doit faire 44 matchs, au milieu de tout ça on a des interruptions IHF avec des regroupements Equipe de France. Avec cela, on se retrouve avec certaines semaines avec 3 matchs à domicile. Je veux que l’on m’explique comment on fait venir des partenaires 3 fois en une semaine, quand en face il y du foot avec un match tous les 15 jours. En septembre et octobre c’est très compliqué, il n’y a qu’à demander aux gens de Bordeaux et Lyon, personne ne remplit sa patinoire… Le hockey c’est un sport « froid » donc ça commence a réveiller les papilles quand on arrive au mois de novembre… Donc il faut trouver une solution pour étendre le championnat, pourquoi l’IHF ne décalerait pas les championnats du monde en juin plutôt qu’en mai ?
D’un point de vu général, le volet « communication » du club est perfectible, comment y remédier ?
On a longtemps pêché, on a un site qui n’était pas terrible, là on a pris une société qui refait le site qui devrait être en place pour fin juillet. On a pris une application, bFAN, qui est spécialisé dans le sport. Bordeaux l’a prise, nous on les prend, afin d’avoir une appli gratuite, aux couleurs des Gothiques, avec tout un système pour informer les gens. Il faudra qu’un maximum de monde l’ait afin que nous mettions les choses en place, des jeux, du contenu additionnel. On sait aussi ce qu’il nous manque : un monsieur digital qui ne s’occupe que de ça. On en a un qui nous donne un gros coup de main mais il a un métier à côté. C’est Alex, il le fait bien, il aime ça, mais on en aurait besoin à temps plein évidemment.
La deuxième partie de cet entretien sera à retrouver ce jeudi 11 juillet, à 12 heures, sur le site et sur la page Facebook de Gazettesports.
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédits photos : Leandre Leber – Roland Sauval – Kevin Devigne – Gazettesports
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