Réunion d’Amiens: Le jour de gloire d’Hervé Lofidi
C’était le dernier combat de cette réunion organisée dans le cadre de la patinoire du Coliseum d’Amiens. Etait en jeu la ceinture mondiale WBC Francophone des lourds légers qui opposait le Gabonais Taylor Mabika, la panthère noire africaine et le Normand Hervé Lofidi.
D’abord, il faut regretter que ce choc de titans n’ait pas été retransmis en direct par une chaîne de télé tant le combat fut intense durant les douze reprises.
Les deux hommes étaient très bien préparés physiquement et jusqu’au bout, il n’y eut aucun temps mort et ils ont livré un combat exceptionnel pour cette catégorie située avant celle des lourds qui était représentée dans la salle par Carlos Takam venu en simple spectateur.
Si le Gabonais plus âgé, plus expérimenté aussi, donna l’impression qu’il allait s’imposer, à partir du 7e round, Lofidi bien en ligne renversait progressivement la situation pour terminer très fort. A l’exception d’une glissade de Mabika dans le dernier round, chaque boxeur s’est tenu debout durant les douze reprises en se martelant le visage et le corps de courts crochets des deux mains.
Bref, jusqu’au bout, ce choc fut passionnant à souhait et au terme de ce combat, il était évident que la décision serait difficile à prendre. Elle fut partagée en ce sens que deux juges sur trois ont vu Lofidi gagner mais franchement, tout s’est joué sur un fil.
Lorsque la décision fut rendue, Hervé Lofidi a pris le micro de Jean Pierre Cossegal pour remercier « à la fois ses nombreux supporters venus de Rouen, du Val de Reuil mais aussi la ville d’Amiens pour son accueil ».
Alors, on vit une marée de ces supporters normands dégringoler des tribunes du Coliseum et monter sur le ring afin d’entourer et congratuler leur champion.
Un peu plus tard, nous avons retrouvé (nous étions seul journaliste) Hervé Lofidi dans la salle de contrôle anti-dopage. C’était semble-t-il la première fois que Lofidi subissait un contrôle et à ses côtés figurait son adversaire, complètement « absent » qui visiblement, n’en revenait pas d’avoir été battu.
Lofidi vivait un moment magique et pour lui, « c’était la plus belle journée de sa vie ». Il nous rappelait qu’il était un des rares boxeurs professionnels français à vivre de son sport ce qui est franchement exceptionnel.
« Ce fut un combat difficile mais j’ai fait ce qu’il fallait. A partir du 7ème round, nous avons changé de plan et de travailler au corps car je savais qu’il était plus fragile. Auparavant, à distance, il s’était montré meilleur que moi et avec mon entraîneur, il a fallu changer de tactique. L’âge n’a pas joué à mon avis et ce qui a compté, c’est surtout le mental.
Quant à mes supporters, je les ai sans cesse harangués car je trouve que c’est important de se savoir soutenu.Ils me suivent depuis toujours.
Je reconnais qu’au moment de la décision, j’ai eu un peu peur mais dans ma tête, quelque chose me disait que j’allais être le champion. Une ceinture mondiale est plus importante qu’un titre de champion de France car elle me permet d’être classé mondialement.
Je vais entrer dans le vif du sujet. Cela fait vraiment plaisir de décrocher une ceinture au bout de cinq ans de carrière. J’habite à Rouen et j’ai la chance d’être sponsorisé. Je peux vivre de la boxe ».
Sur ce, nous avons quitté Hervé Lofidi qui après le contrôle, s’apprêtait à rejoindre ses supporters et vivre une nuit très longue mais surtout très joyeuse. Pendant ce temps, Taylor Mabika restait prostré sur sa chaise alors que ses hommes de coin lui enlevaient les bandages. Une heure après le combat, il restait prostré. La boxe est un sport impitoyable.
Lionel Herbet