Ce jeudi 26 juin, pendant plus d’une heure de conférence, Lionel Herbet revenait sur la carrière et la vie toute particulière d’un grand champion amiénois d’après-guerre : Pierre Pardoën. Le tout premier cycliste picard à terminer le Tour de France.
Pierre Pardoën avait alors 6 ans lorsqu’il bouclait sa première grande boucle de plus de 150 kilomètres à vélo avec ses parents, pour rejoindre la mer du côté de Mers-Les-Bains. Quelques années plus tard, alors bien engagé dans sa carrière de cycliste, Pierre ne fut jamais décrit comme un « styliste sur le vélo », comme les grandes stars de l’époque tels que Louison Bobet ou Jacques Anquetil. Une tendance qui peut être aussi expliquée par son premier vélo, trop grand pour lui comme l’illustrait la selle vissée directement sur le cadre. Un an plus tard, il remportait sa première course avant même d’obtenir sa première licence, et en parallèle il commençait déjà ses activités d’ébéniste afin de subvenir aux besoins de sa famille. D’autant plus qu’en 1945 son père décéda tragiquement, victime d’un bombardement après être revenu d’Allemagne.
Une sélection surprise pour le Tour de France
Malgré sa profession d’ébéniste, Pierre n’avait qu’une idée en tête, s’acheter un vélo pour se consacrer à une autre de ses grandes passions qu’est le cyclisme. Sa carrière débute alors en 1949, en signant à l’Olympique Amiénois mais quelques mois plus tard, il effectue son service militaire à Amiens pendant trois ans. Tout juste démobilisé de son service, Pierre reprend sa carrière de cycliste amateur avant qu’une de ses performances sur le Tour de l’Oise intéresse un directeur sportif présent sur place. Si bien, que quinze jours avant le grand départ du Tour de France, le picard prit connaissance de sa sélection pour l’épreuve sans connaître ses équipiers ni son directeur sportif. La veille de la première étape qui partait de Brest, Pierre Pardoën signait alors son contrat de coureur indépendant pour pouvoir participer au Tour de France. Le samarien s’illustra dès la première étape, prenant part à une échappée accompagné de deux belges, Maurice Blomme et Rik Van Steenbergen. L’échappée ira au bout, et Pierre Pardoën se contenta de la troisième place, avec une performance remarquable pour sa première course sur le Tour.
Le héros amiénois
Après un Tour de France remarquable et même une place de leader virtuel sur la deuxième étape, il était temps pour le Picard de rentrer à Amiens, accueilli en héros dans les rues de la ville. Une collecte de dons s’organisa même de l’initiative de plusieurs amiénois, ce qui permit à Pierre de s’acheter sa première voiture. Malgré cette merveilleuse performance, Pierre Pardoen n’eut cependant pas la possibilité de participer aux trois éditions suivantes, sous la volonté du directeur du Tour de France, Jacques Goddet. Il retrouvera finalement le grand tour français, quatre ans plus tard en 1956 dans l’équipe du vainqueur Roger Walkowiak, et à la clé une belle deuxième place sur la seconde étape. Le picard avait aussi un amour inconditionnel pour la course Paris-Roubaix qu’il rêvait de gagner, ce qu’il n’a jamais réussi malgré ses quatre participations. À 29 ans, Pierre mit un terme à sa carrière afin d’assurer sa reconversion professionnelle, ce qu’il réussira d’ailleurs, avant de devenir plus tard maire du village de Belloy-sur-Somme de 1989 à 2001.
Une conférence sous les yeux de ses filles
Valérie Pardoën, l’une des filles de Pierre, assistait justement à cette conférence qui retraçait les moments marquants et la carrière de cycliste de son père, un moment forcément particulier pour elle : « C’était une conférence très complète, tout ce qui a pu être marquant dans ce que notre père a pu nous retracer de son épopée de cycliste, la partie de sa vie qu’il a préféré en fin de compte » raconte-t-elle. Une certaine popularité qu’a connu son père, qui la surprenait même quelque fois : « Depuis que je suis toute petite, quand je donnais mon nom jusqu’assez tard on me demandait régulièrement si j’étais la fille du coureur cycliste. Quand j’étais petite ça m’impressionnait, et après j’étais même surprise qu’on continue de me le demander » avoue Valérie Pardoën. Pour Lionel Herbet, c’était aussi une conférence particulière étant donné que c’était le premier grand sportif qu’il avait interrogé dans sa longue carrière de journaliste. Le samarien garde d’innombrables souvenirs de ce coureur avec qui il est même devenu ami, et qui mériterait selon lui, de donner son nom à une rue ou un monument de son fief de Belloy-sur-Somme.
Victor Simonet
Crédit photo : Victor Simonet – Gazettesports.fr

