Ce samedi, à l’occasion de la rencontre entre l’Amiens Handball Club et Abbeville, plusieurs anciens joueurs de ce qui était encore l’Amiens PH il y a un an ont refoulé le parquet du gymnase du Coliseum ou ont assisté à la rencontre depuis les tribunes, non sans plaisir et émotion. Que sont-ils devenus depuis leur départ il y a près d’un an ?
La fin de vie de l’Amiens Picardie Handball avait été délicate, entre les différentes possibilités de reprises et un avenir très incertain sur le plan sportif. Au final, l’entité, a changé de nom pour devenir l’Amiens Handball Club et le projet de Séverine Barbezat, aujourd’hui présidente, a été choisi pour sauver le handball à Amiens. Un ensemble de péripéties qui avait poussé la quasi-totalité de l’effectif à quitter le navire ; seul Djanis Boisne-Noc était resté l’été dernier. Pour certains de ces Pirates, ce départ n’avait pas forcément été bien vécu ; la plupart d’entre eux auraient, comme Thomas Zirn ou l’ancien capitaine amiénois Roman Scattolari, logiquement préféré que l’aventure se termine autrement.
L’ambitieux Thomas Zirn avec son club d’Abbeville
Pour sa première saison avec Abbeville, Thomas Zirn, libéré et rétabli de sa longue blessure au genou, a réalisé une belle saison avec 103 buts en 21 matchs, soit une moyenne de 4,9 buts par rencontre. Pour l’ailier, cet état de forme coïncide avec une sérénité retrouvée sur le plan sportif. Il faut dire que le projet ambitieux du club de la Baie de Somme avait tout pour séduire le numéro 91. « À Abbeville, j’étais parti chercher une ambition, quelque chose à jouer, sans que ce soit une année pour rien ou pour jouer le maintien. C’est un peu frustrant de jouer les seconds couteaux dans une équipe. J’avais encore envie de jouer le haut de tableau comme on avait pu le faire avec Amiens pendant plusieurs années. Les relégations qu’on a prises, on était toujours en haut du classement… C’est pour ça que je suis parti à Abbeville. » Mission réussie pour le joueur qui vient de fêter ses 34 ans, puisqu’avec le club, ils terminent premiers de leur poule et évolueront en Nationale 2 la saison prochaine. « Pourquoi ne pas faire la double montée. C’est ambitieux, on sait que c’est compliqué. Mais j’ai envie de rêver un petit peu, puis de finir ma carrière en N1, en Picardie, ce serait beau« , espère Thomas Zirn, qui n’oublie pas son « ancien club », à qui il souhaite le meilleur pour la suite.

Thomas Zirn avait quitté Amiens déçu. Déçu que l’aventure se termine ainsi avec le club où il a évolué pendant huit saisons. Mais ce dernier exercice à Amiens a été douloureux, tant sur le plan sportif avec ces sanctions administratives qui ont coûté plusieurs points, mais aussi sur le plan de la santé. L’ailier amiénois s’était blessé au genou, victime d’une rupture des ligaments croisés. Une blessure pas anodine selon lui : « Avec Amiens cette saison là, ça m’a quand même coûté un genou. » Ce samedi, l’ancien numéro 91 de l’APH était ravi de revenir au Coliseum pour affronter l’Amiens Handball Club. Un match qu’il avait coché depuis son retour sur les terrains. « J’avais hâte de rejouer ici parce que j’aime la salle, j’aime l’ambiance. Il y a quelque chose quand même ! […] Je suis quand même resté huit ans. J’aurais dû faire dix ans, car il me restait deux ans de contrat. Ces années m’ont fait grandir en tant qu’homme, poursuit-il. Ça m’a ouvert plein de portes, des opportunités, des copains qu’on a toujours en contact. L’APH, c’est super important et ça le sera toujours. »
Nolann Duchesne, un envol plus que réussi
Pour Nolann Duchesne, portier du club abbevillois aux côtés de Thomas Zirn, la saison a été plutôt bonne. Le dernier rempart de 21 ans (il en aura 22 le 18 mai prochain) a réalisé une saison pleine dans les buts avec une moyenne de 9 arrêts par match, soit 167 arrêts au total. L’ancien gardien de l’Amiens PH est cinquième au classement des gardiens qui comptent le plus d’arrêts dans la poule 4 en Nationale 3. Dans les cages samedi, il a été dans ses standards avec 9 parades, mais il n’a pas réussi à stopper l’ultime penalty de Djanis Boisne-Noc qui a offert le nul à l’Amiens Handball Club (30-30). Pour lui aussi, il y avait un peu de nostalgie de revenir à Amiens où il a passé cinq saisons : « C’est particulier, c’était hyper émouvant. On est beaucoup d’anciens de l’APH. Il y a beaucoup d’anciens bénévoles qui étaient là ce soir, un peu du public qu’on avait l’habitude de voir à chaque. C’était un match particulier à jouer, c’était fort. Je pense qu’on a fait le job, on a réussi à se reconcentrer assez vite, c’était bien. Mais pour le coup, c’était difficile au début », reconnait-il.

Au Coliseum, Nolann Duchesne a, en plus de revoir certains bénévoles, eu l’occasion de retrouver, si on peut l’appeler ainsi, son mentor Abdelmalek Slahdji, portier expérimenté de l’Amiens Handball Club et avec qui il a progressivement partagé les buts avec l’Amiens PH. « Ça m’a fait vraiment bizarre de jouer contre Malek parce que j’ai énormément appris avec lui. C’était spécial de se retrouver l’un en face de l’autre sur le terrain. Mais c’était agréable à faire. » Le club d’Abbeville a réalisé une très belle saison avec cette accession en Nationale 2 à la clé. Et pour le natif de Beauvais, tout était réuni pour atteindre les objectifs et pour permettre au club d’évoluer à un niveau encore jamais atteint dans son histoire.
Bryan Legras, une année plus complexe que ses coéquipiers d’Abbeville
La saison a été un peu plus compliquée pour Bryan Legras, qui a lui aussi rejoint Abbeville l’été dernier après son départ de l’Amiens PH. Le demi-centre de 28 ans n’a disputé que 11 matchs au cours desquels il a inscrit 58 buts et a ensuite été éloigné des terrains à cause d’une blessure. Il n’a d’ailleurs plus joué depuis le 14 décembre dernier à Eu (26-37). C’est donc depuis les tribunes, aux côtés de Pierre Charpaud, qu’il a assisté à la rencontre indécise entre l’AHC et Abbeville. « Ça fait bizarre, ça rappelle les bons souvenirs, la bonne époque, ça fait plaisir, avoue Bryan Legras avant de poursuivre : Le public est toujours là malgré tout, je ne sais pas si c’est le même, mais il y a toujours une bonne ambiance en tout cas. Ça me rappelle les bonnes soirées, celles où il y avait de l’ambiance, où on gagnait. » Malgré la montée en Nationale 2 d’Abbeville, Bryan Legras ne va pas poursuivre l’aventure avec le club samarien. Le joueur de 28 ans, bien que ravi pour l’avenir de ce qui sera bientôt son ancien club, devrait se chercher un challenge encore plus ambitieux.

Pierre Charpaud, une saison mitigée avant de devenir Abbevillois
Assis à la gauche de son ancien coéquipier de l’Amiens PH, Bryan Legras, Pierre Charpaud a profité de la rencontre entre l’AHC et Abbeville pour revenir au Coliseum. Un gymnase dont il appréciait particulièrement l’ambiance lorsqu’il portait les couleurs d’Amiens. « On est toujours content de revenir. De voir les anciens d’ici et puis ceux qui ont été à Abbeville. C’est toujours plaisant. Ça fait un peu bizarre de vivre cette ambiance en tant que supporter alors qu’on a été joueur ici », reconnait-il. D’autant que Pierre Charpaud a passé toutes ses classes de séniors avec Amiens et l’équipe qui évoluait alors en Nationale 1 Élite. Comme pour plusieurs de ses anciens partenaires, la fin s’est terminée en queue de poisson. Une fin d’aventure que tous regrettent, notamment la manière.

Comme Bryan Legras, la saison n’a pas été aussi belle qu’espérée. S’il n’a pas nécessairement été gêné par des pépins physiques, c’est sur le plan sportif que Pierre Charpaud n’a pas semblé épanoui. En Nationale 1 avec les Carabiniers de Billy-Montigny, l’ancien amiénois et ses coéquipiers n’ont pas su accrocher le maintien dans la division. Sur le plan statistique individuel, l’ailier gauche a inscrit 38 buts en 18 matchs. Cette relégation en N2 a poussé Pierre Charpaud à prendre la décision de ne pas continuer l’aventure avec le club situé dans le Pas-de-Calais. Souhaitant également se rapprocher d’Amiens, ville où il habite toujours, l’ancien Pirate de 26 ans va rejoindre Abbeville la saison prochaine en Nationale 2.
Roman Scattolari, pleinement épanoui dans son nouveau club, peut finir la saison en beauté
L’ancien capitaine amiénois n’était pas de la partie, samedi au Coliseum. Roman Scattolari avait fait le choix, après son départ d’Amiens, d’abord un peu à contrecœur avant d’être vécu comme un soulagement, de rejoindre un club où il pouvait, comme avec l’Amiens Picardie Handball, cumuler le rôle de joueur professionnel et d’intervenant pour la Ligue, à savoir celle des Hauts-de-France. Le joueur de 31 ans a donc posé ses bagages à Saint-Gratien, à l’Elite Val-d’Oise. Il joue ainsi et occupe le poste d’intervenant en charge de l’équipe départementale pour la Ligue du Val-d’Oise. Garder la double casquette, c’est une chose qu’il souhaitait à tout prix.

En plus d’avoir à charge l’équipe U13 départementale, Roman Scattolari participe aux rencontres en N1 Elite. Cette saison, le demi-centre a changé de statut avec son arrivée dans un nouveau club après avoir passé sept ans à l’Amiens PH. « Il faut trouver ses marques du point de vue social, parce que c’étaient des joueurs que je ne connaissais pas, mais aussi du point de vue du jeu. Parce qu’en N1 (Elite) [par rapport à la Nationale 2], il y a plus de densité physique, de vitesse. Au fur et à mesure, il a fallu s’adapter, mais ça s’est bien passé. Je n’ai plus le même rôle que celui que j’avais à Amiens où j’étais capitaine ; il a fallu prendre son temps pour faire mes preuves« , détaille celui qui a pris part à 22 rencontres cette saison pour 26 buts inscrits. Alors qu’il ne reste plus qu’une journée à disputer, son équipe est encore en course pour la montée en Pro Ligue malgré sa septième place, puisqu’avec 49 points, elle n’est qu’à une petite unité de la troisième place détenue par l’ASPTT Mulhouse/Rixheim (3e, 50 pts). Cette fin d’exercice 2024-2025 est palpitante pour Roman Scattolari qui peut remporter un trophée avec la Coupe de France Fédérale en cas de victoire en finale face à Metz Handball le samedi 17 mai prochain à Bercy (17 heures).
César Willot, Simon Vasseur et Théo Bégler
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr
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