Dans le cadre de l’héritage des Jeux Olympiques de 2024, le Département de la Somme organise un cycle de conférences dans la Maison des Sports à Amiens, avec des thèmes qui à priori pourraient se ressembler mais qui ne sont pas les mêmes si on y prête attention.
Le thème de cette semaine était la gestion des émotions et le contrôle de soi en compétition en présence de dirigeants comme l’ancien président du CROS de Picardie, Eric Morel, et des athlètes de haut niveau comme Erika Sauzeau ou le lanceur Antoine Duponchel. Les deux orateurs ont commencé par rappeler l’évolution à travers les siècles du mot émotion. Au 19e siècle, l’émotion devient un sujet d’étude scientifique. A partir du 20e siècle, on commence à parler de psychologie. Il s’avère que le cerveau joue un rôle primordial dans la gestion des émotions chez le sportif. L’émotion est un atout pour les performances et il faut transformer la pression en énergie. Avec le temps on apprend à gérer ses émotions. Une émotion est négative, il faut la laisser passer et à l’inverse, elle est positive, il faut éviter l’excès d’euphorie. L’émotion fait partie du jeu. Les deux orateurs ont ensuite repris des déclarations d’entraineurs amiénois ou de la périphérie qui, à leur manière, ont évoqué l’émotion qui peut provoquer des effets négatifs au sein de leur équipe.
Ainsi, Ion Dobré l’entraineur de l’équipe féminine de Volley Ball de Longueau dit : » La pression sur les épaules de mes joueuses est très forte et elle n’est pas bénéfique. Elle peut dans ces conditions amener ce sentiment de la peur de perdre et l’empêcher de gagner ». Il est donc important de travailler la gestion des émotions qui est un pilier stratégique de la performance en compétition. Il faut savoir qu’une émotion dure 90 secondes. C’est donc le moment de ne pas se laisser envahir par les émotions car on perd la concentration et partant on perd tout.
Entraineur de l’équipe de football de Camon, Frédéric Bornoville a l’explication suivante:« Quand on revient à 1-1, c’est l’euphorie dans l’équipe. Cela ne devait pas être car on devrait au contraire rester calmes et continuer à jouer pour marquer un 2e but. » Dans ce cas, la gestion des émotions n’est pas maitrisée et il importe de transformer ces émotions en atout.
Autre exemple qui illustre ce thème, celui de Jérémy Stravius qui fut champion du monde en 2011 à Shangaï provoquant une grosse surprise. Le nageur amiénois a su par la suite rester serein et gérer cette notoriété inattendue. C’est la marque des grands champions.
Quant à Mario Richer l’entraineur des Gothiques il a été clair et donné l’exemple d’un match des play-offs contre Grenoble quand son équipe avait ouvert le score et qu’ensuite elle avait craqué devant les Bruleurs de Loups qui menaient 5-1 : « On aurait dû être capable de gérer nos émotions. Il fallait faire les bons choix aux bons moments ».
Le nageur amiénois Roman Fuchs a fait part de son expérience des Jeux de Paris : « J’ai nagé avec ma tête. Il me fallait savoir gérer mes émotions. Le public m’a alors transcendé et j’ai explosé tous mes temps. » Dans ce cas, Fuchs a trouvé un support favorable avec le public. Même les plus grands champions peuvent être victimes de la pression avant une compétition. Ce ne fut pas le cas de Teddy Riner qui aux Jeux a su maitriser la pression et il s’est montré un vrai leader sur les tatamis et il a su parfaitement faire en sorte que justement cette pression l’amène vers le titre olympique.
Dernier exemple, celui du jeune boxeur amiénois Théone Adenet-Louvet pour qui la préparation mentale a joué un rôle essentiel dans sa carrière et la gestion de ses émotions. Évidemment cette façon de gérer la pression n’est pas innée. Elle se travaille avec un préparateur mental qui est un acteur clé dans la gestion des émotions de l’athlète. De même qu’a été abordé en fin de réunion, les sujets suivants: l’après compétition savoir gérer la décompression et apprendre à rebondir après une compétition. Tout comme l’accompagnement des jeunes qui sont encore à un stade de l’apprentissage. La prochaine conférence aura lieu au même endroit le jeudi 10 avril à partir de 18h30 et qui sera animée par Hubert Dessaint avec ce sujet: les vélodromes à Amiens.
Lionel Herbet
Crédit photos : Théo Bégler – Gazettesports.fr
