Ce vendredi, à l’occasion d’une cérémonie consacrée au départ d’une étape du Tour de France le mardi 8 juillet prochain à Amiens, Christian Prudhomme, le grand patron d’ASO, était présent et a confié son attachement à la ville.
C’est au musée de Picardie que nous l’avons retrouvé alors qu’il devisait avec d’anciens champions comme Philippe Ermenault ou d’anciens confrères tels Thierry Adam. Sans oublier les élus Alain Gest et Hubert de Jenlis, président d’Amiens Métropole et maire d’Amiens. Souriant et visiblement heureux de se retrouver dans une ville qu’il connait bien, Christian Prudhomme nous a accordé une interview exclusive. Christian Prudhomme et Amiens, c’est en effet une véritable histoire d’amour, et c’est ce qu’il nous a expliqué à la sortie du musée de Picardie alors que la pluie avait fait son apparition.
Christian, c’est à Amiens que vous avez vraiment débuté votre carrière de journaliste ?
Parfaitement. C’était au Courrier Picard et je venais de terminer l’école de journalisme à Lille après deux années d’études. Les premiers papiers que j’ai écrits, c’était donc pour le Courrier Picard en aout et septembre 1984. C’était alors pour la locale Amiens, et il y avait Francis Lachat, Christophe Verkest qui se passionnait déjà pour le hockey sur glace et Patrick Duval, hélas décédé. Amiens, c’est aussi la ville de ma grand-mère. J’ai aussi vécu ce vendredi cette réunion avec 450 enfants et j’adresse un remerciement aux enseignants, aux élèves, mais aussi à Amiens Métropole. Ces enfants sont venus me voir et ils m’ont dit simplement : « Merci pour la dictée. » Jamais on ne m’avait dit cela. C’était génial. Ce fut donc une journée bien remplie avec beaucoup plus d’émotion que je ne l’espérais. Cela m’a fait plaisir.

Maintenant, pour une ville, est-ce plus intéressant une arrivée ou un départ ?
C’est évidemment différent. Il est évident qu’une arrivée, c’est le point culminant d’une étape. Avec un vainqueur, mais un départ permet d’approcher plus facilement les coureurs. Les champions cyclistes restent très accessibles. À Amiens, le décor est important et il a une sacrée allure. C’est aussi un écrin, et ce départ sera l’occasion de montrer Amiens au monde entier, même si cela s’est fait auparavant avec la cathédrale. Il est évident aussi qu’il y a plus de temps au départ de l’étape.
Franchement, voyez-vous un successeur à Bernard Hinault ?
Côté masculin, nous sommes avec deux générations. Pinot est parti, Alaphilippe revient mais n’est plus le champion qu’il était et reste. Bardet, lui aussi, est en fin de carrière, tandis que chez les femmes, il y en a plusieurs qui peuvent gagner le Tour de France. Oui, je pense franchement qu’une Française peut gagner le Tour de France avant un homme, mais j’espère que je me trompe et je ne veux pas tirer de plans sur la comète ; vous l’avez vu avec le XV de France de rugby et le phénomène Dupont.
Cette année marque un anniversaire : cela fait 50 ans que Bernard Thévenet a gagné le Tour. On suppose que vous allez célébrer cet évènement ?
Bien sûr ; Bernard s’est cassé le pied, mais il se remet bien avec sa famille. C’est un monsieur magnifique et extraordinaire.
Le cyclisme est-il devenu un sport dangereux ?
Sans aucun doute. Les champions vont de plus en plus vite et ils sont faits pour aller vite. Même dans les descentes, les coureurs parviennent à sprinter et à aller encore plus vite. Et puis, il faut se dire qu’on ne pourra jamais rien faire contre les aménagements. Dans le milieu, on dit souvent qu’un bon sprinter se débranche le cerveau.

Quant aux conditions atmosphériques, pourquoi on neutralise des courses ?
Parce que, tout simplement, devant le peloton, vous avez deux motards de la Garde Républicaine qui sont au sol. C’est à ce moment que la course est neutralisée. Ceux qui critiquent ne connaissent rien au cyclisme. Mais cette règle, on ne peut l’appliquer systématiquement.
Pogacar au départ de Paris-Roubaix, quel est votre sentiment ?
C’est formidable et je n’y croyais pas au départ. Comme dans mon enfance, on va retrouver dans Paris-Roubaix les meilleurs coureurs qui brillent du début à la fin de la saison. Le duel à venir Van Der Poel – Pogacar sera phénoménal. Et j’espère qu’il y aura un troisième larron comme Ganna récemment dans Milan-San Remo.
Enfin, Christian, Vous connaissez bien Alain Gest. Savez-vous que son père a été journaliste, mais surtout le créateur du Tour de Picardie ?
Je connais depuis longtemps Alain Gest et je sais pourquoi le Tour de France vient ici, à Amiens. Le Tour est un grand évènement populaire qui donne du plaisir aux gens dans la rue et, de plus, c’est gratuit. Il n’y a pas d’équivalent.
Lionel Herbet
Crédit photo : Théo Bégler & Victor Simonet – Gazettesports.fr