Vainqueurs la veille, les Gothiques d’Amiens ont de nouveau battu les Dragons de Rouen, cette fois au Coliseum. Si solide, la forteresse amiénoise gardée par Taran Kozun aurait pu tenir encore longtemps, tant ce succès était capital pour accrocher un septième match dans la série.
Quel caractère et quelle défense de fer des Gothiques d’Amiens lors de ce sixième match de la série remporté face aux Dragons de Rouen (1-0). Ce n’était pas du tout le même match que la veille au scénario complètement fou. Dans un autre style, il a tout de même procuré beaucoup de bonheur aux Amiénois, joueurs comme supporters, au Coliseum ce lundi soir. Il fallait voir l’explosion de joie du banc des Gothiques lors du retentissement de la sirène à la suite de près de deux minutes en apnée, durant lesquelles Rouen, en cage vide, a tout tenté pour arracher une égalisation tant espérée. L’ensemble de l’effectif s’est dirigé vers un seul homme : Taran Kozun, l’un des artisans de cette victoire pleine de caractère avec 29 arrêts, dont certains étaient spectaculaires.

C’était tout un bloc défensif qui repoussait, parfois de justesse, les offensives à répétition des Rouennais, incapables de faire sauter le verrou amiénois. Lequel était bien cadenassé depuis l’ouverture du score de James Phelan, sur un nouveau gros travail de Julien Tessier, encore décisif, et ce pour la septième fois en six matchs (5 buts, 2 assists). « Défensivement, on a bien fait. Les gars ont bloqué les lancers, c’est un engagement commun et c’est ce qu’on veut, a loué Mario Richer. [Taran] avait déjà fait un bon match hier. Il nous avait tenu au niveau de la fusillade. Il ne donne pas un but sur ce match. C’est l’avantage d’avoir deux bons gardiens. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre. On a une grosse force cette année« , a-t-il insisté.
Et a priori, l’enchaînement des matchs ne semble pas gêner le Canadien qui a gardé les cages amiénoises lors des neuf dernières rencontres. Taran Kozun semble même monter en puissance dans ces play-offs, alors que Clément Fouquerel, indisponible jusqu’au match 5, avait fait son retour dans le groupe et avait pris place sur le banc ce lundi soir. Choix cornélien pour le duo Richer-West pour décider qui des deux gardiens dont ils disposent sera aligné dans deux jours pour le match décisif sur l’île Lacroix.

Une force de caractère impressionnante
Ce sixième match, aux airs de finale, les Gothiques sont allés le chercher au forceps et avec tellement de caractère. Dos au mur à 3-1 dans ces quarts de finale, les Amiénois ont ensuite fait déjouer leurs meilleurs ennemis et les pronostics. D’abord dimanche, à Rouen, avec cette victoire renversante aux tirs au but, puis ce lundi avec ce succès dans un match peu prolifique mais qui témoignait d’une vraie force collective. « On a un bon groupe. Je pense que tout le monde s’aime, tout le monde s’entend bien. Tu le vois sur la glace que les gars jouent l’un pour l’autre, on se sacrifie l’un pour l’autre. C’est sûr qu’on veut continuer à jouer ensemble le plus longtemps possible. […] Le match d’hier était assez spectaculaire. Quand on perdait 6-4, il n’y a pas grand monde qui nous donnait la victoire. On a un groupe spécial, je suis convaincu de ça. Ça se transmet sur la glace, et c’est là qu’il y a de la petite magie qui se passe », raconte James Phelan.
Cette équipe a du caractère, et celui-ci est de plus en plus visible alors que la faille mentale a parfois été pointée du doigt par Mario Richer sur certains matchs lors de la saison régulière. Pourtant, cette série a pris un tournant difficile lorsque les Rouennais se sont imposés à deux reprises au Coliseum pour faire le break (3-1). Mais là encore, les Gothiques n’ont rien lâché, comme en témoignent ces deux succès capitaux en 24 heures. « Cela montre le caractère qu’on a, le mental des joueurs, salue Mario Richer. Physiquement, les entraînements hors glace sont très difficiles. Des fois, durant la saison, je ne dis pas qu’on fait exprès pour perdre des matchs. Mais des fois, on sait qu’on va faire des matchs où on sera dans le dur parce que les entraînements hors et sur la glace sont très difficiles. On fait en sorte de préparer les play-offs. »

Désormais, place au repos avant d’attaquer ce septième et dernier match de ces quarts de finale, mercredi soir sur l’île Lacroix. « Les compteurs commencent à zéro. Il faut être prêt pour ce match-là. La série, ça se joue sur un match. En résumé, on a joué six matchs pour rien », sourit Mario Richer. La formule peut surprendre au vu du scénario entre les deux équipes et du retour d’Amiens à égalité, mais le barbu n’a pas complètement tort, puisque seul le résultat de ce match comptera et décidera de qui rejoindra le dernier carré. Pour les Amiénois, ce serait une première depuis 2020.
César Willot
Crédit photo : Théo Bégler – Gazettesports.fr