Les Hoplites d’Amiens ne sont pas étrangers aux sélections en équipe de France. Plusieurs internationaux sont passés par le club. Actuellement, la situation se réitère avec Alex Boursin et Marie Chapon, tous deux porteurs de la tunique rouge et bleue. Rencontre avec ces deux espoirs du floorball.
Alex Boursin a 21 ans, il poursuit un master en stratégie d’entreprise en alternance et pratique le floorball aux Hoplites d’Amiens en N1. De plus, il est « accessoirement joueur en équipe de France cinq contre cinq. » Marie Chapon est encore lycéenne, n’a que 17 ans et est également joueuse pour les Hoplites, en D3, ainsi qu’à Nantes en N1 féminine, et enfin en équipe de France féminine U19. Deux profils différents, mais qui partagent la même passion pour cette discipline. L’un a découvert ce sport grâce à son frère, « qui connaissait quelqu’un du club, qui lui a fait essayer d’abord. Il a fait, je crois, une année sans moi, et puis après mon frère m’a dit, « viens essayer » et puis je suis venu. J’ai accroché tout de suite, très ludique comme sport, très compétitif, avec un bon esprit, donc tout de suite on accroche !« L’autre pratique ce sport depuis déjà de nombreuses années : « J’ai rencontré le floorball à Boves, juste à côté d’Amiens. À l’époque, c’était il y a 10 ans maintenant, j’étais encore en école primaire. Et il se trouve qu’Amiens faisait des sorties pédagogiques avec les jeunes. Le vendredi après-midi, on avait eu un atelier floorball, j’avais plutôt bien apprécié, donc, je m’étais inscrite au club et j’avais continué à jouer la saison qui a suivi. »
Malgré la différence d’âge, les deux sont confrontés à la même problématique : réussir à jongler entre pratique de haut niveau et les études. Marie Chapon est en Abibac (bac franco-allemand, ndlr) avec un volume horaire supérieur à la moyenne. Cela, couplé aux nombreux déplacements, fait que le temps de travail n’est pas facile à trouver : « C’est un peu short (court), surtout que les week-ends, je suis souvent en déplacement. C’est un peu compliqué de combiner les deux. » Mais elle a trouvé une façon d’y arriver : « J’essaie de m’organiser en profitant des longs trajets pour travailler un peu dans le train ou le car. En faisant des plannings, j’arrive à travailler la semaine pour avoir une grosse pause floorball le weekend. » De son côté, Alex Boursin est très clair sur ce qu’il faut : « De l’organisation ! Parfois, c’est vrai que c’est compliqué, notamment à mon boulot, on a des saisons où c’est plus dur que d’autres, il y a plus d’intensité. Je suis en master, donc c’est pareil, ça ne rigole pas […] On fait de notre mieux, je fais de mon mieux, j’arrive à tout allier, mais c’est vrai, c’est dur, il faut juste être bien organisé, et puis on s’en sort, normalement ? (rires)«
Marie Chapon évolue avec la D3 des Hoplites et avec la N1 féminine de Nantes. Forcément, quand on évolue au sein de deux formations différentes, il arrive que les matchs se déroulent aux mêmes dates, ce qui n’est pas encore arrivé cette année. « Je sais que l’année dernière, j’avais privilégié plus la féminine, parce qu’en D3, on avait suffisamment de joueurs. Et qu’avec Nantes, le niveau de jeu est quand même plus élevé. Je prenais plus de plaisir à jouer pour Nantes que pour Amiens. Je fais vraiment en fonction de l’effectif. Par exemple, si Amiens a moins de joueurs sur le week-end, je préférerais jouer avec la D3 pour « dépanner ». Mais je préfère quand même jouer pour Nantes. » En plus de sa carrière de joueuse, elle entraîne au sein du club amiénois : « Je pense que si on me proposait de coacher une équipe un peu plus tard, quand je serais un peu plus vieille, je ne dirais pas non. Là, actuellement, je gère un peu les entraînements U9, donc les tout petits, les sections école de floorball, avec deux autres encadrants, Sylvain et Fabrice, à Amiens le samedi matin. Et c’est vrai que je suis là aussi pendant les compétitions des U11, sur le banc, pour essayer de donner des conseils et voir un peu ce qu’il va, ce qu’il ne va pas. »
Leur expérience avec l’équipe de France
La sportive amiénoise, alors âgée de 14 ans, voulait découvrir d’autres personnes ainsi que les attentes du niveau supérieur, et « au fur et à mesure des recrutements, quand ils ont commencé à enlever des filles, j’étais prise à chaque fois. J’ai vraiment commencé à travailler, à aller courir, à faire plus de sport, à plus demander de conseils, appliquer les choses. » C’est à ce moment précis qu’elle avoue s’être prise « un peu au jeu de la sélection. » Elle finira par être titulaire chez les U19 à 15 ans. Sa première sélection aux championnats du monde se faisant l’année suivante. A 17 ans, elle vient de retenter un cycle avec succès : « Je suis encore prise une nouvelle fois. »
Son compère Alex Boursin était « agréablement surpris et très excité » lorsqu’il a appris sa sélection. « Ça représente vraiment beaucoup pour moi, c’est pour ça que je m’entraîne depuis tout petit. J’ai été agréablement surpris. […] Ce n’est pas du foot, on reste amateur, ça reste un petit sport, mais il y a quand même une bonne base de licenciés en France, et pour être en équipe de France, il faut faire partie des meilleurs, en tout cas dans ton pays, donc c’est que je le méritais, et c’est que les coachs ont vu quelque chose en moi, simplement. »
Leur plus beau souvenir
Bien évidemment, les deux sportifs ont vécu énormément de choses durant leurs années de pratique. Et Alex Boursin se souvient plus particulièrement d’un moment qu’il désigne comme étant indescriptible, sa première sélection chez les Bleus pour un tournoi. : « C’était un tournoi amical, mais international, où on était regroupés dans le Nord de la France, à Quiévrechain. Ça s’appelait l’Europower. On a regroupé plusieurs équipes internationales, dont la France, et j’ai été sélectionné pour ce tournoi. Je pense que représenter son pays, ce n’est pas anodin, je pense que c’est l’un de mes meilleurs souvenirs, surtout que je sortais d’une opération du cœur, trois semaines avant. »
Quant à Marie Chapon, elle se remémore avec joie la genèse derrière son numéro, le 15 : « Je me souviens d’un tournoi que j’avais fait avec les féminines. J’avais 12 ans, je crois, donc j’étais assez jeune, or le floorball adulte, commence à partir de 16 ans. Avec les filles, on avait réussi à négocier, parce que c’était un match amical, pour que je puisse jouer, malgré mes 12 ans. Je faisais un peu la même taille, donc ça allait (rires). C’était contre Caen et c’est le match où j’ai mis mon premier but en championnat. J‘avais le numéro de Laura, une fille du club, qui portait le 15. J’ai toujours gardé ce numéro-là. »
Leurs objectifs pour l’avenir
Marie Chapon a trois cases à cocher d’ici trois ans : la qualification avec l’équipe de France en septembre 2025, même si « on a en face des équipes qui sont beaucoup plus fortes que nous. » L’Amiénoise aimerait également « aller étudier à l’étranger pour jouer dans un autre club en Allemagne, notamment à Leipzig. Ce serait bien pour m’améliorer, améliorer mon niveau de jeu. » Enfin, son objectif final est « la sélection en équipe senior chez les femmes et non en moins de 19 ans.« Cet objectif est directement lié à son souhait de partir en Allemagne, « ce serait l’occasion de m’améliorer pour pouvoir avoir plus de chances d’être prise chez les femmes ».
Alex Boursin, aimerait dans un premier temps « faire des stages, pour apprendre des meilleurs, dans les pays où on peut aller faire des stages. Ça peut être en Suisse, en Finlande, en République Tchèque ou en Suède, qui sont les quatre pays majeurs. » Il vise également la première qualification en Coupe du Monde pour l’équipe de France, ce qui serait « un gros avancement pour le sport, ça permettrait peut-être de se faire reconnaître, parce que quand on se qualifie, c’est qu’on fait partie des meilleurs, et si on fait partie des meilleurs, le sport sera beaucoup plus reconnu ». Enfin, il ne s’en cache pas, il veut le championnat de France. Il veut « devenir champion de France avec notre équipe, de National 1, et je pense que c’est possible et que cette année, c’est la bonne.«
Le floorball reste une discipline amateure en France et en vivre est extrêmement difficile, même au sein des pays européens où la pratique est plus développée. Pourtant, les deux jeunes pousses amiénoises ne sont pas grisés par cela. Elles profitent à fond et prennent le plus de plaisir possible avec les Hoplites d’Amiens et l’équipe de France. En attendant une arrivée potentielle de ce sport aux Jeux olympiques, nous pourrons peut-être les apercevoir aux Mondiaux ?
Cyprien Baude
Crédit photo : Théo Bégler et Kevin Devigne – Gazettesports.fr | DR
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