BASKET-BALL – Nationale 2 : Sébastien Bozon, un personnage complexe et atypique (seconde partie)

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La suite du portrait de Sébastien Bozon, coach de l’ESCLAMS et reconnu pour son franc parler ainsi que sa passion pour le basket.

… mais surtout un passionné au franc parler

S’il a accepté cette opération maintien, le goût de la défaite lui fait toujours aussi mal. “En tant que coach, ce qui me flingue le plus, ce sont les défaites. On a perdu le dernier match de quatre points, j’ai mal dormi pendant 2 jours par exemple.” Et quand on lui parle de son équipe et de son style de jeu, ce dernier est encore une fois sans langue de bois. “Je ne peux rien faire sur les lacunes individuelles, on ne peut pas transformer des joueurs comme ça. Certains sont peut-être à leur maximum.” 

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Avant de poursuivre : “On devait absolument se réorganiser car l’équipe était déséquilibrée. Ça arrive de faire des erreurs dans le recrutement, moi le premier je me suis déjà planté. On a fait venir deux joueurs et j’ai changé presque tout le monde de poste. D’ailleurs, depuis cette réorganisation et la concurrence, des mecs se sont révélés comme Raguette et Jouvin qui sortent d’un très gros match. Pour le moment, ça ne se concrétise pas en victoire mais ça va finir par payer.” 

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Réputé pour être un entraîneur offensif, il n’est pas forcément d’accord avec cette étiquette. “Quand on arrive dans une équipe que l’on a pas choisie, on doit forcément s’adapter. Chaque coach a sa philosophie et l’on dit que je suis un entraîneur d’attaque mais ce n’est pas totalement vrai. J’aime attaquer mais dans le basket moderne il faut aussi savoir défendre fort. Aujourd’hui, tout le monde joue un peu pareil, courir, défendre, attaquer après ça varie dans le style. L’important, c’est de savoir l’équipe que tu as et les qualités de tes joueurs. Par exemple, quand j’ai Youssouf sur le terrain, on joue différemment que quand c’est un autre joueur. Tu veux toujours mettre ta patte mais tu dois surtout t’adapter aux joueurs.” 

Une équipe qu’il n’a pas choisie mais, il le souligne, il faut plusieurs années pour avoir une équipe totalement à son image. “Pour avoir une équipe qui te ressemble totalement, il faut trois ans, le temps de reconstruire avec les mutés qui sont limités chaque année. Je reste ambitieux mais aussi philosophe et je sais que j’ai laissé passé ma chance. Après, je ne suis jamais resté une seule saison dans un club et je suis totalement ouvert à m’inscrire dans la durée.“ 

Si sa présence à Longueau peut parfois surprendre, Sébastien Bozon se voit donc rester sur le long terme, surtout que le club a des objectifs. “Le club est lui aussi ambitieux et, au-delà de ne plus jouer l’ascenseur, on veut pouvoir jouer les premiers rôles dans les années futures mais d’abord il faudra se maintenir. Pour le moment, je suis concentré sur cette saison, on verra ensuite mais m’inscrire dans la durée me permettra d’avoir les joueurs que je souhaite.” 

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Sébastien Bozon est donc ambitieux, pragmatique mais aussi réaliste sur sa côte de popularité et les portes qui se sont refermées pour lui. “Je n’arrive pas à aller à l’étranger, j’ai pourtant eu des contacts mais comme revenir en NM1 ou en Pro B, je n’y arrive pas. J’aurais aimé aller un jour à l’étranger, on ne sait jamais mais je n’ai plus de rêves. Je n’ai pas forcément le morphotype qui plait et j’ai aussi peut être une trop grande bouche et de franchise mais c’est comme ça. Est ce que les présidents sont frileux de prendre un mec comme moi ? Non, la preuve je trouve du travail. Aujourd’hui, j’ai vraiment mis de côté cette envie de revenir à tout prix dans ce monde professionnel. Je suis très bien ou je suis et si l’opportunité se présente tant mieux sinon ce n’est pas grave.“ S’il n’a plus vraiment de rêves, ne lui parlez surtout pas d’un poste dans les instances, “Ça ne m’intéresse pas du tout. Ce qui me plaît dans le basket, c’est le terrain. “ 

Euroleague ou NBA, un choix vite vu 

“Je suis fan d’Euroleague, pour moi c’est le basket, le vrai. J’aurais rêvé entraîner là-bas mais aujourd’hui c’est mort. Peut être en tant qu’adjoint même si pour moi, ce niveau là, c’est fini. Mais pour trouver des postes comme ça, il faut un énorme réseau que je n’ai pas forcément. Parfois, ce n’est pas la compétence qui fait l’entraîneur mais ses relations. L’authenticité et ma grande bouche ont fait ma force mais m’ont aussi fermé des portes.” Vous l’aurez compris, il aime le basket européen qu’il consomme énormément mais il a surtout un avis clair sur la NBA. “C’est du cirque basket joué par les meilleurs joueurs du monde, je n’aime pas du tout regarder. Je comprends que les mecs aiment y aller car ça fait rêver et financièrement c’est le graal. Mais c’est dommage car on fait croire à des mecs qu’ils peuvent percer en NBA et l’on tue leur carrière. Certains arrivent à rebondir en Europe comme Maledon ou Nikilina par exemple mais d’autres flingue leur carrière.” 

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Il n’y a donc pas photo pour lui entre les deux. Il regrette d’ailleurs cette politique de vouloir à tout prix envoyer les joueurs et ce, dès le plus jeune âge, là-bas. “L’Europe est un vivier énorme de joueurs. D’ailleurs, aujourd’hui, les meilleurs joueurs sont européens. Malheureusement, on fait tout pour que nos jeunes joueurs aillent directement en NBA et les Américains, avec leur projet de création de ligue en Europe, vont nous inonder de joueurs américains qui n’ont clairement pas le niveau et vont bloquer des européens. C’est dommage mais le basket et surtout la NBA, c’est un business avant tout.” Une côté business du sport et de la socièté dans lequel il ne se retrouve pas du tout et ce n’est pas une surprise. “Finalement, c’est un peu comme dans la vie en générale, on fait rêver les gens et l’on pense avant tout à l’argent. Comme dans beaucoup de sports, l’argent tue un peu la passion mais on ne peut pas refuser la NBA, moi le premier. On me propose, j’y vais, il ne faut pas se mentir. Mais je trouve que le niveau est meilleur en termes de basket en Europe.” 

Incapable de rentrer dans les cases que la société imposent, il n’est pas surpris que certaines portes se soient fermées aussi vite qu’elles se sont ouvertes. Mais philosophe et positif, il voit le bon côté des choses. “Ce n’est jamais bon d’aller contre sa nature donc je ne regrette rien. Je suis comme ça et j’assume pleinement que ça plaise ou non. Je n’ai pas de regrets et d’ailleurs, j’ai eu ma chance en Pro B en étant atypique et comme je suis. Si l’on m’a donné ma chance, c’est que l’on m’a fait confiance donc tout est possible.“ 

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Quand on évoque ce que l’on peut lui souhaiter pour la fin de saison, pas de raison de changer sa ligne de conduite, “la seule chose que l’on peut espérer c’est le maintien. Je pense vraiment que l’on va se maintenir mais pour ça, il faudrait que je récupère tout le monde car on a énormément de mecs blessés. Est ce que cela est dû au gymnase, je sais pas mais c’est problématique de jouer dans ces conditions pour ce niveau.“ En effet, l’un de ses cheval de bataille, au delà du maintien, est les conditions d’entrainement de ses joueurs. Il a d’ailleurs réduit drastiquement le nombre de séances à Pellerin pour pouvoir s’entrainer avec du chauffage, la moindre des choses comme il le souligne. 

Vous n’aurez donc pas fini d’entendre râler, crier et encourager ce petit personnage atypique au grand cœur qui tient à souligner l’apport du public. “Avoir du public comme ça, c’est un vrai plus et ça fait vraiment plaisir de voir cet engouement derrière l’équipe. D’ailleurs, que le public n’hésite pas à venir nous voir à la fin des matchs, on fait ce sport aussi pour ces moments de partage.” Pour conclure, il a une liste de souhaits que le Père Noël ne pourra peut être pas combler mais on ne sait jamais : celui qui est parfois fataliste et n’a plus de rêves croit peut-être encore à l’homme en rouge à la barbe blanche. “Aujourd’hui, tout se passe bien, j’ai juste quelques problèmes : les victoires, le gymnase et le soleil un peu quand même car je l’ai pas encore trop vu.“

Aurélien Finet

Crédit Photo : Théo Bégler & Léandre Leber – Gazettesports.fr

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