Cela fait quatre mois que Joey West est l’assistant de Mario Richer sur le banc des Gothiques d’Amiens. Éloigné de la glace la saison dernière en raison d’une myocardite, l’ancien attaquant s’épanouit pleinement dans ce nouveau rôle et apprend beaucoup au côté de l’entraîneur amiénois.
Lorsqu’ils sont à deux, Mario Richer et Joey West sont comme chien et chat. Les deux Canadiens se charrient, blaguent sur l’un et sur l’autre, le courant entre eux est d’une fluidité assez impressionnante et témoigne d’une relation très particulière. Les deux hommes se connaissent bien, et c’est un duo qui a vite conquis les joueurs. Vu comme « la fougue et le calme » par Bastien Maïa, c’est une complémentarité que l’on observe sur le banc amiénois depuis le début de la saison.
Comme un symbole, Joey West est devenu, après le départ de Claude Devèze pour Brest cet été, l’adjoint de Mario Richer. Il a longtemps fait partie des options au club pour succéder à celui qui était entraîneur de Varese (Italie) ou de Nantes et Briançon. Dans la tête de Mario Richer, il ne fait aucun doute qu’il figurait en tête de liste. « C’était un très bon choix et un choix logique, estime le Québécois. C’était ma première recrue quand je suis arrivé à Amiens (en 2016, ndlr). C’est un gars qui a Amiens et les Gothiques dans le cœur. Il veut que les Gothiques gagnent et il va tout faire pour que l’équipe aille bien ». Joey West, au moment d’évoquer sa collaboration avec Mario Richer, se souvenait de ses premiers moments avec lui : « C’est incroyable quand tu penses qu’on est allé manger dans un restaurant en 2016 quand il m’a recruté pour venir à Amiens. Là, on travaille côte à côte. »
Cette relation de confiance s’est construite sur la durée. Homme fort de Mario Richer lors de son premier mandat (2016-2020), Joey West a ensuite suivi le barbu chez les Ducs d’Angers sur l’exercice 2021-2022. Il avait ensuite précédé de quelques mois le retour de l’entraîneur amiénois dans la capitale picarde lors de la saison 2022-2023. Alors qu’il était tenu de rester éloigné de la glace en raison d’une myocardite décelée en fin d’année 2023, l’ancien attaquant (314 matchs, 153 points) a vécu l’une des périodes les plus difficiles de sa vie. Preuve d’une confiance et d’un respect incommensurable, le Québécois n’a pas lâché son joueur et lui a proposé de participer aux entraînements et d’avoir en charge les unités spéciales. « Il n’était pas obligé de faire ça, et ça m’a permis de garder un but, un objectif pour venir à la patinoire et de m’engager avec l’équipe. Sinon, je restais chez moi à penser à mes problèmes de santé et je stressais parce que l’année dernière, c’était que des visites médicales et attendre, attendre, attendre », se souvient Joey West.
Entraîner, une suite logique pour Joey West
Être entraîneur, du moins adjoint dans un premier temps, c’était déjà dans la tête du Canadien de 33 ans. Contraint de mettre un terme à sa carrière sportive, il a revu ses plans et l’opportunité d’assister Mario Richer s’est présentée. « Il y a deux ans, quand j’ai signé mon contrat de joueur, c’était le plan de suivre une formation pour devenir entraîneur après. C’est juste qu’avec la myocardite, ça s’est accéléré », explique West. Cette période, qui a finalement été celle de la transition, l’a aidé à s’adapter dans un rôle au sein du staff. « Si j’étais passé de joueur à entraîneur directement, ça n’aurait pas été pareil. J’ai beaucoup appris l’année dernière avec Mario, dans sa façon de faire, sur les vidéos. » Cette saison, dans ce nouveau rôle, et même s’il est bien différent de celui de joueur, le double vainqueur de la Coupe de France (2019-2020) semble pleinement épanoui. « J’aime bien faire l’analyse et être sur la glace avec les joueurs. Il y a aussi beaucoup plus de temps de travail, c’est sûr, et ça n’arrête jamais, mais si tu n’es pas passionné par le hockey, c’est difficile (rires). Comme Mario, j’aime venir à la patinoire et faire ce boulot tous les jours. »
Pour Mario Richer, le changement d’adjoint était aussi un changement de style de collaboration, passant de l’expérimenté Claude Devèze à Joey West qui débutait dans le milieu. Mais cela n’a pas vraiment effrayé le technicien. « Joey a beaucoup de choses à apprendre, sauf qu’il apprend sur le tas et rapidement. Il a un bon instructeur avec lui (rires). Il y a beaucoup de choses dont on parle que Joey avait assimilées en tant que joueur. C’est une bonne tête de hockey, c’est un joueur qui comprend bien les systèmes de jeu, qui comprend bien comment l’autre équipe va jouer en avantages et en désavantages numériques. C’est un coach en devenir, c’est à lui de faire ses classes et sa place dans le monde des entraîneurs, c’est un monde qui n’est pas facile. » De son côté, l’ancien numéro 68 des Gothiques d’Amiens estime avoir ‘beaucoup à apprendre avec Mario Richer. « On a eu beaucoup de succès avec Mario ici, à Amiens, puis il a eu beaucoup de succès ailleurs aussi. Il sait ce qu’il faut donner, ce que tu dois apporter pour gagner. »
C’est vraiment un apport de l’avoir dans le staff cette saison
Julien Tessier, joueur de centre des Gothiques d’Amiens
Véritable bras droit de Mario Richer depuis août, Joey West continue donc de côtoyer des joueurs avec qui il a évolué ces dernières saisons. C’est notamment le cas de Bastien Maïa avec qui il a notamment remporté la Coupe de France en 2019. Pour le joueur formé à Rouen, c’est une situation atypique mais face à laquelle il a vite su s’adapter : « C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, à côté du fait qu’il soit devenu entraîneur. C’est un peu bizarre d’avoir un ami en tant que coaching staff. C’est sûr qu’on n’a pas la même relation qu’on a pu avoir par le passé. On est content de l’avoir, il apporte beaucoup de sérénité, il est très pointilleux sur certains aspects du jeu et c’est très important parce qu’il peut nous le transmettre. » Pour Julien Tessier, l’arrivée de Joey West dans le staff amiénois est une aubaine : « C’est vraiment un apport de l’avoir dans le staff cette saison. Quand tu as un entraîneur comme ça, tu as envie de te battre pour lui, aussi parce que tu entretiens une bonne relation avec lui. […] Je suis convaincu que s’il continue dans cette voie-là, il aura une très belle carrière d’entraîneur. »
Ligue Magnus, 26e journée
Mardi 10 décembre, 20 h 15, Coliseum
Amiens (6e, 36 pts) – Angers (2e, 52 pts)
César Willot
Crédit photo : Kevin Devigne et Théo Bégler – Gazettesports.fr